Un rapport de l’OMM signale une aggravation à l’échelle planétaire de l’insuffisance des ressources en eau et du stress hydrique

07 octobre 2024

Selon un nouveau rapport dont l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a coordonné l’élaboration, les cours d’eau de la planète ont atteint en 2023 un niveau de sécheresse sans précédent depuis plus de trois décennies, ce qui annonce des perturbations inquiétantes des ressources en eau, alors que la demande ne cesse d’augmenter. 

L’écoulement des cours d’eau et l’apport dans les réservoirs ont été inférieurs à la normale dans de nombreuses régions du monde au cours des cinq dernières années. Selon le rapport sur l’état des ressources en eau dans le monde, cette baisse de régime se répercute sur la quantité d’eau disponible pour les populations, l’agriculture et les écosystèmes, aggravant la pression qui s’exerce sur les réserves de la planète.

Au cours des cinq dernières décennies, les glaciers ont subi la plus grande perte de masse jamais enregistrée. Par ailleurs, cela fait deux années consécutives (2022-2023) que toutes les régions du monde où se trouvent des glaciers font état d’une diminution des glaces.

L’année 2023 ayant été la plus chaude jamais enregistrée, les températures élevées et la faiblesse généralisée des précipitations ont contribué à des sécheresses prolongées. Les crues se sont toutefois aussi multipliées sur la planète: les événements hydrologiques extrêmes ont été favorisés non seulement par des facteurs climatiques naturels, notamment la transition de conditions La Niña à un épisode El Niño à la mi-2023, mais également par le changement climatique d’origine humaine.

Madame Celeste Saulo, Secrétaire générale de l’OMM, exprime son inquiétude: «Dans le contexte du changement climatique, l’eau nous donne un avant-goût des évolutions à venir. Les signaux d’alerte se multiplient: nous assistons à une exacerbation des précipitations, des crues et des sécheresses extrêmes, qui lèvent un lourd tribut sur les vies, les écosystèmes et les économies. La fonte des glaces et des glaciers menace la sécurité hydrique à long terme de plusieurs millions de personnes. Pourtant, nous ne prenons pas les mesures urgentes qui s’imposent.»

«L’élévation de la température a accéléré le cycle hydrologique, qui est aussi devenu plus irrégulier et moins prévisible. Nous sommes confrontés à des situations de plus en plus difficiles, où l’eau est soit trop abondante, soit insuffisante. Une atmosphère plus chaude pouvant contenir plus d’humidité, le réchauffement climatique augmente le risque de fortes précipitations. Parallèlement, l’accélération de l’évaporation et l’asséchement des sols aggravent les sécheresses», souligne-t-elle. 

Pourtant, l’état réel des ressources en eau douce de la planète nous échappe encore dans une large mesure. Nous ne pouvons pas gérer un problème si nous ne mesurons pas son ampleur. Ce rapport vise à promouvoir une amélioration de la surveillance, du partage de données, de collaboration transfrontalière et des mesures prises pour évaluer la situation», précise Celeste Saulo. «Nous devons agir de toute urgence.»

Les rapports sur l’état des ressources en eau dans le monde offrent une vue générale complète et cohérente de la situation. Ils reposent sur les contributions de plusieurs dizaines de Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN), d’autres organismes et d’experts. Leur but est d’informer aussi bien les personnes amenées à prendre des décisions dans les secteurs sensibles aux questions hydriques, que les professionnels œuvrant à prévenir les catastrophes. Cette série de rapports constitue un complément aux rapports phares de l’OMM sur l’état du climat mondial. 

La série de rapports sur l’état des ressources en eau dans le monde, qui a vu le jour il y a trois ans, est la publication la plus complète à ce jour dans le domaine. Elle offre des informations réactualisées sur le volume des lacs et des réservoirs, des données sur l’humidité des sols et des détails sur les glaciers et l’équivalent en eau de la neige.

Elle est destinée à fournir un vaste ensemble de données mondiales relatives aux variables hydrologiques, comprenant des données d’observation et des données modélisées provenant de sources très diverses. Ces rapports s’inscrivent dans la même logique que l’Initiative mondiale «Alertes précoces pour tous». Comme elle, ils visent non seulement à améliorer la qualité des données et les conditions d’accès aux fins de la surveillance et de la prévision des risques liés à l’eau, mais également à mettre en place des systèmes d’alerte précoce pour toute la population de la planète d’ici à 2027.

Actuellement, 3,6 milliards de personnes ont un accès insuffisant à l’eau au moins un mois par an. Selon ONU-Eau, leur nombre devrait dépasser 5 milliards d’ici à 2050, et nous sommes encore loin d’atteindre l’objectif de développement durable n° 6 relatif à l’eau et à l’assainissement.