Les alertes précoces et la surveillance des gaz à effet de serre en tête de l’ordre du jour du Conseil exécutif de l’OMM

10 juin 2024

Une feuille de route détaillée pour lancer des alertes précoces à tous les habitants de la planète en cas de phénomène météorologique dangereux et un plan de mise en œuvre pour une nouvelle initiative de surveillance mondiale des gaz à effet de serre figurent en tête de l’ordre du jour du Conseil exécutif de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Messages clés
  • Les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes exigent de recourir aux sciences et aux services.
  • La feuille de route pour l’Initiative «Alertes précoces pour tous» présente la voie à suivre.
  • Les taux de CO2 enregistrés montrent l’importance de la Veille mondiale des gaz à effet de serre.
  • Il est temps d’agir en faveur de la préservation de la cryosphère.

Lors de la réunion du Conseil exécutif qui se déroulera du 10 au 14 juin, une série d’autres mesures seront examinées, prévoyant notamment d’agir à plus grande échelle pour la cryosphère (glace et neige) face aux changements climatiques rapides; de combler les lacunes du réseau mondial d’observation; et d’améliorer la surveillance du climat et les services climatologiques, ainsi que les programmes de météorologie par satellite et de l’espace. 

«Nous avons connu la période de 12 mois la plus chaude jamais enregistrée et un rapport récent de l’OMM indique clairement que ce réchauffement sans précédent va probablement se poursuivre dans les cinq années à venir. Fait alarmant, un nouveau rapport américain montre que le dioxyde de carbone s’accumule dans l’atmosphère plus rapidement que jamais, enregistrant une montée en flèche à des niveaux inégalés jusque-là au cours d’une existence humaine. Nous allons dans la mauvaise direction», a déclaré Celeste Saulo, qui a été nommée Secrétaire générale de l’OMM au début de l’année 2024. Comme le dit le Secrétaire général des Nations Unies, «nous jouons à la roulette russe avec notre planète».

«Face aux incidences des changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, il devient crucial de bénéficier de Services météorologiques et hydrologiques nationaux solides. Dans le même temps, les avancées rapides des technologies satellitaires, du calcul intensif et de l’intelligence artificielle offrent de nouvelles possibilités passionnantes de mettre à profit la science au service de la société. Nous devons saisir ces possibilités pour relever les défis», a indiqué Celeste Saulo.

«Nous travaillons chaque jour pour appuyer le programme d’adaptation et d’atténuation en faveur du développement durable», a-t-elle déclaré.

A large group of individuals in formal attire stands in several rows in front of a modern glass building, posing for a group photo.
Members of the World Meteorological Organization (WMO) Executive Council gather for the 78th session (EC-78) in Geneva, Switzerland, from 10 to 14 June 2024.
WMO

Initiative «Alertes précoces pour tous»

La feuille de route de l’OMM pour l’Initiative «Alertes précoces pour tous» décrit la vision, les objectifs et les mesures visant à améliorer la mise en place et l’exploitation des systèmes d’alerte précoce multidangers face aux aléas liés au temps, au climat et à l’eau. Elle couvre la période 2024-2027 avec un calendrier et des objectifs détaillés, qui correspondent aux échéances fixées par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

Les systèmes d’alerte précoce ont contribué à diminuer le nombre de décès et à réduire les pertes et préjudices causés par les phénomènes dangereux d’ordre météorologique, hydrologique ou climatique. Ils fournissent un retour sur investissement de un à dix. Néanmoins, de grandes lacunes subsistent, en particulier dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés. Au cours de ces cinquante dernières années, environ 70 % de tous les décès associés à des catastrophes d’origine météorologique et climatique se sont produits dans les 46 pays les plus pauvres.

«La mise en place des alertes précoces pour tous reste un défi difficile à concrétiser et des millions de personnes, en particulier dans les nations en développement, n’ont pas accès à des alertes précoces susceptibles de leur sauver la vie. Des systèmes d’alertes précoces efficaces requièrent un appui politique et stratégique solide de la communauté et des gouvernements internationaux, ainsi que des investissements importants dans l’infrastructure, la technologie et la formation», explique le Président de l’OMM, Abdulla Al Mandous.

«Nous devons tous devenir les champions de l’Initiative «Alertes précoces pour tous» à l’échelle mondiale, en appelant à des investissements et à une volonté politique accrus. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les Alertes précoces pour tous se concrétisent, afin de sauver des vies et de renforcer la résilience dans un contexte de changement climatique», a-t-il déclaré dans un discours d’ouverture.

L’Initiative «Alertes précoces pour tous» est menée conjointement par l’OMM et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR), avec l’appui de l’Union internationale des télécommunications (UIT), de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et d’autres partenaires.

L’OMM est chargée de la détection, de l’observation, de la surveillance, de l’analyse et des prévisions. 

L’objectif consiste à combler les principales lacunes entre les États et territoires Membres de l’OMM, qui ressortent dans les exemples suivants: 

  • Seuls un tiers des États et territoires Membres de l’OMM auraient un système de surveillance et de prévisions multidanger. 
  • On constate des lacunes critiques dans les observations météorologiques en surface et en altitude en Afrique, dans certaines régions du Pacifique et à l’ouest de l’Amérique latine. 
  • Seuls 67 % des Membres de l’OMM déclarent disposer de services d’avis et d’alertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. 
  • Sur les 30 pays sélectionnés au départ pour une assistance coordonnée dans le cadre de l’Initiative «Alertes précoces pour tous», la moitié des Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) fonctionnent avec des capacités élémentaires en matière de surveillance et de prévision et près d’un quart d’entre eux avec des capacités moindres.

La feuille de route prévoit de s’appuyer sur l’ensemble du réseau de l’OMM et d’accroître les capacités de ses SMHN pour protéger les vies et les moyens de subsistance. Les Membres de l’OMM ont déjà avalisé la structure fondamentale des activités prioritaires, avec des attributions définies.

Le Conseil exécutif examinera le plan stratégique de mise en œuvre composé de deux phases clés: la phase catalytique et la phase d’action soutenue. Pendant la phase catalytique, les pays recensent les lacunes et mobilisent les parties prenantes pour accélérer la couverture en systèmes universels d’alertes précoces multidangers au moyen de feuilles de route nationales. S’ensuit la phase d’action soutenue, qui consiste principalement à déployer des efforts communs pour mettre en œuvre les feuilles de route et renforcer les capacités.

Bien que 30 pays ciblés soient considérés comme prioritaires, l’initiative est actuellement étendue à d’autres pays pour répondre à la demande et aux besoins. La feuille de route orientera l’OMM à mesure que l’Organisation transposera ses mesures à plus grande échelle et accélérera son action. 

À ce jour, 22 pays ont organisé leurs ateliers nationaux sur l’Initiative «Alertes précoces pour tous» (EW4All), prouvant ainsi leur engagement à atteindre l’objectif de la couverture universelle en MHEWS avant 2027. Quatorze ateliers supplémentaires sont prévus cette année. 

Un tableau de bord EW4All lancé lors de la COP 28 suivra l’avancement de l’initiative de manière constante et en toute transparence. 

La feuille de route EW4All comporte des dispositions précises sur le renforcement des capacités et de la résilience, fondées sur une approche inclusive et axée sur l’être humain. Elle met l’accent sur la souveraineté des autorités nationales, tout en soulignant le besoin de coordination, d’intégration et d’alignement en vue d’intervenir à une échelle sans précédent. La cohérence, la concordance, la reddition de comptes et la durabilité sont indispensables. Il s’agit de tirer profit de la technologie et de l’innovation comme l’intelligence artificielle pour accélérer les progrès.

A panel of five people is seated at a long table with nameplates, microphones, and documents in front of them during a conference. A screen above displays a live feed of the session.
From left to right: Dr M. Mohapatra, (3rd Vice-President), Mr D. Konate (1st Vice-President), Mr. T Asare (Assistant Secretary-General, WMO), Prof C. Saulo (Secretary-General, WMO), Dr A. A. Al Mandous (President, WMO)
WMO

Veille mondiale des gaz à effet de serre

La Veille mondiale des gaz à effet de serre  vise à appuyer les mesures d’atténuation entreprises par les Membres de l’OMM pour appliquer l’Accord de Paris. Elle a pour objectif de combler des lacunes importantes en matière d’information et de fournir un cadre opérationnel intégré qui regroupe tous les systèmes d’observation par satellite et en surface, ainsi que les capacités de modélisation et d’assimilation des données relatives à la surveillance des gaz à effet de serre.

Dans un premier temps, l’accent sera mis sur les trois gaz à effet de serre d’origine anthropique les plus abondants dans l’atmosphère, à savoir le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux. Il sera tenu compte des influences humaines et naturelles sur les niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le système s’appuiera sur les efforts à long terme de l’OMM en coordination avec les observations et les recherches liées aux gaz à effet de serre.

Un nouveau rapport établi par des chercheurs de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA) et de la Scripps Institution of Oceanography à l’université de Californie, San Diego, met en avant la nécessité d’améliorer la surveillance pour appuyer l’atténuation. 

Les niveaux de dioxyde de carbone (CO2) mesurés par le laboratoire de surveillance mondiale de la NOAA à l’observatoire de référence atmosphérique du Mauna Loa de la NOAA ont atteint un pic saisonnier de près de 427 parties par million (426,90 ppm) en mai, où le CO2 a atteint son niveau le plus élevé dans l’hémisphère Nord. Il s’agit d’une augmentation de 2,9 ppm par rapport à mai 2023 et de la cinquième augmentation la plus élevée de ces cinquante dernières années pour la NOAA. 

Outre l’augmentation de 3,0 ppm en 2023, la période entre 2022 et 2024 a constitué le plus grand bond jamais franchi sur deux ans pendant le pic de mai, selon les données enregistrées par la NOAA.

La Commission des observations, des infrastructures et des systèmes d’information de l’OMM (INFCOM) a approuvé le projet de plan de mise en œuvre de la Veille mondiale des gaz à effet de serre à sa session d’avril. La question sera à présent examinée par le Conseil exécutif.

Le projet de résolution du Conseil exécutif recommande que toute action de surveillance des gaz à effet de serre soit réalisée en «totale transparence», conformément à la politique fondamentale de l’OMM en faveur de l’échange international libre et sans restriction des données sur le système Terre.

Il vise plus précisément à continuer de renforcer la collaboration et la coordination avec les organismes des Nations Unies concernés et d’autres partenaires internationaux prenant part aux activités de surveillance et de modélisation des gaz à effet de serre, à mobiliser les ressources des partenaires et à garantir l’égalité d’accès de tous les Membres aux ressources de l’OMM, y compris les moyens d’assurer la comparabilité mondiale des données de surveillance des GES.

Il souligne la nécessité de collaborer avec les parties prenantes dans le cadre de forums internationaux, tels que la Conférence des Parties à la CCNUCC (COP), pour encourager l’adoption et l’utilisation des données et des produits générés par cette infrastructure.

La résolution envisage d’établir un groupe consultatif commun, coprésidé par l’INFCOM et le Conseil de la recherche de l’OMM, afin de faciliter la mise en œuvre du plan, en faisant intervenir des parties prenantes extérieures au besoin.

Notes aux rédacteurs

Le Conseil exécutif, organe exécutif de l’OMM, exécute les décisions du Congrès. Il coordonne les programmes, gère le budget, examine les résolutions et les recommandations des conseils régionaux et des commissions techniques et se prononce sur la suite à leur donner. En outre, il étudie toute question intéressant la météorologie internationale et les disciplines connexes et fait des recommandations à cet égard.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
  • WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int
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