OMM: avec 36 jours d’existence, le cyclone tropical Freddy est le plus long jamais observé

02 juillet 2024

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a déclaré que le cyclone tropical Freddy avait établi le record mondial de longueur de vie d’un tel système, soit 36 jours. Freddy s’est formé au large des côtes du nord-ouest de l’Australie, a traversé le bassin de l’océan Indien et a frappé l’Afrique australe en février et mars 2023. Il a causé de lourdes pertes humaines et économiques dans les pays les plus touchés.

Messages clés
  • Freddy a traversé le bassin de l’océan Indien en février-mars 2023.
  • Les pertes humaines et économiques les plus lourdes ont été essuyées à Madagascar et dans le sud-est de l’Afrique.
  • Freddy est demeuré 36 jours à l’état de tempête tropicale ou à un stade supérieur, battant ainsi le record de John (1994).
  • Freddy se classe au deuxième rang en termes de distance parcourue.
  • La base de données de l’OMM sur les extrêmes météorologiques et climatiques sera mise à jour en conséquence.
  • La surveillance des extrêmes permet de mieux comprendre les incidences du temps et du climat.

Un comité international d’experts de l’OMM travaillant sous les auspices des archives de l’OMM sur les extrêmes météorologiques et climatiques a procédé à une analyse détaillée et à une vérification de la distance et de la durée du système. Il a établi que la durée de 36 jours du cyclone tropical Freddy à l’état de tempête tropicale ou à un stade supérieur constituait le nouveau record mondial de la plus longue durée de vie d’un cyclone tropical. 

Une réanalyse de la durée du précédent record détenu par le cyclone tropical John dans l’océan Pacifique Nord en 1994 a indiqué que ce dernier s’est manifesté à l’état de tempête tropicale ou à un stade supérieur pendant une durée totale de 714 heures, soit 29,75 jours.

En termes de distance, l’analyse de l’OMM indique que le cyclone Freddy a parcouru 12 785 km ± 10 km (7 945 milles, 6 905 milles marins) à l’état de tempête tropicale ou à un stade supérieur. Il est suivi de près par le cyclone tropical John, qui a couvert une distance de 13 159 km ± 10 km (8 177 milles, 7 105 milles nautiques) à l’état de tempête tropicale ou à un stade supérieur. À titre de comparaison, cette distance représente près de 33 % de la circonférence de la Terre. 

«Freddy était un cyclone tropical hors du commun, non seulement par sa longévité, mais aussi par sa capacité à survivre à de multiples interactions terrestres, ce qui a malheureusement eu de lourdes conséquences pour les populations d’Afrique du Sud-Est», explique Chris Velden, membre du comité et expert en cyclones tropicaux et en satellites de l’Université du Wisconsin, États-Unis. 

«Cette enquête souligne le soin que l’OMM apporte à la certification de toutes les observations météorologiques. Des évaluations minutieuses permettent de s’assurer de la validité de nos relevés mondiaux de tous les phénomènes météorologiques», a déclaré Randall Cerveny, Rapporteur de l’OMM pour les extrêmes météorologiques et climatiques.

L’OMM va mettre à jour ses archives des extrêmes météorologiques et climatiques pour tenir compte de ce nouveau record. Ces archives contiennent notamment les valeurs maximales et minimales de la température et de la hauteur de précipitation à l’échelle du globe, la masse du grêlon le plus lourd, la période sèche la plus longue, les rafales de vent les plus fortes, les éclairs les plus longs et les décès liés aux conditions météorologiques. Elles sont utilisées par les historiens de la météorologie et, de plus en plus, par les décideurs politiques. 

Les phénomènes extrêmes présentés aux archives de l’OMM pour validation sont des «instantanés» de notre climat actuel. Il est possible, et même probable, que des phénomènes encore plus extrêmes se produisent à l’avenir. Lorsque de telles observations sont réalisées, des comités d’évaluation de l’OMM sont constitués afin de décider si elles se rapportent ou non à des extrêmes», a déclaré M. Randall Cerveny.

Le comité d’évaluation de l’OMM était composé d’experts du Centre d’avis de cyclones tropicaux de Melbourne (Bureau météorologique australien), du Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) de La Réunion (Météo-France, France) qui avait prévu le cyclone Freddy, ainsi que de scientifiques d’Espagne, du Canada, de Hong Kong (Chine) et des États-Unis.

Ces résultats ont été publiés dans le Bulletin en ligne de l’American Meteorological Society.

Répercussions majeures

S’étant formé au large de la côte nord-ouest de l’Australie, le cyclone tropical Freddy a traversé le bassin de l’océan Indien jusqu’à toucher terre en plusieurs pays d’Afrique, du 4 février au 14 mars 2023. 

En raison de sa persistance à proximité et au-dessus des terres, Freddy a été particulièrement destructeur à Madagascar, au Malawi et au Mozambique.

Au Malawi, plus de 1 200 personnes ont été déclarées mortes ou portées disparues et plus de 2 100 ont été blessées. Au Mozambique, plus de 1,3 million de personnes ont été touchées dont plus de 180 ont trouvé la mort. À Madagascar, près de 200 000 personnes ont été touchées par le premier et le deuxième passage.

Selon le modèle Tropical Cyclone Explorer de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques, les dégâts causés par FREDDY sont estimés à 481 millions de dollars américains.

Les avis de tempête émis par le Centre météorologique régional spécialisé de l’OMM à La Réunion (Météo-France) et les alertes des services météorologiques et hydrologiques nationaux des pays concernés ont permis aux responsables de la gestion des catastrophes et aux organisations humanitaires de se mobiliser à l’avance, en procédant à des évacuations et en constituant des stocks de ressources alimentaires. Sans ces avertissements, le nombre de victimes aurait été encore plus élevé.

«Le cyclone tropical Freddy est un exemple caractéristique de l’importance de l’initiative des Nations Unies en faveur d’alertes précoces pour tous afin de garantir la protection de chacun au cours des cinq prochaines années. L’OMM s’est engagée à collaborer avec ses partenaires pour atteindre cet objectif et faire face aux risques liés aux phénomènes météorologiques extrêmes et au changement climatique, qui constituent l’un des plus grands défis de notre époque», a déclaré Anne-Claire Fontan, responsable scientifique du Programme de l’OMM concernant les cyclones tropicaux.

Selon la NASA, Freddy a établi le record d’énergie cyclonique accumulée (ACE) la plus élevée de toute l’histoire des tempêtes de l’hémisphère sud, soit l’équivalent d’une saison cyclonique moyenne complète dans l’Atlantique Nord. L’ACE est un indice utilisé pour mesurer la quantité totale d’énergie éolienne associée à un cyclone tropical au cours de sa durée de vie.

Le comité d’évaluation de l’OMM n’a pas pris en compte l’ACE dans son rapport.

A world map displays the paths of Tropical Cyclones John and Freddy with colors indicating wind speeds ranging from 0 to 140 knots. Inset boxes provide detailed views of their respective tracks.
Bulletins de la meilleure trajectoire du cyclone tropical John (1994) et du cyclone tropical Freddy (2023) avec la vitesse du vent en couleur. Les cartes en médaillon montrent le mouvement de rétrogradation qui se produit dans les deux cyclones tropicaux.

Évaluation 

Les cyclones tropicaux Freddy et John ayant connu un affaiblissement épisodique en dessous du statut de tempête tropicale au cours de leur vie, le comité s’est demandé si les valeurs de durée et de distance d’une tempête en dessous du stade de tempête tropicale devaient être prises en compte dans les calculs. 

Aucune détermination de ce type n’a été effectuée pour le cyclone tropical John en 1994. Le comité a décidé de n’accepter que les observations ayant au moins le statut de tempête tropicale dans les décisions de l’OMM relatives aux extrêmes.

Dans cette évaluation des phénomènes extrêmes, le comité a été confronté à plusieurs décisions concernant non seulement les données du cyclone tropical Freddy de 2023, mais aussi les extrêmes déjà enregistrées pour le cyclone tropical John de 1994. Malheureusement, les informations sur les méthodes utilisées pour calculer les chiffres précis (durée et distance) indiqués pour le cyclone tropical John ont été perdues. 

Par conséquent, l’équipe a reconstitué la durée et la distance du cyclone tropical John en se basant sur les données de meilleure trajectoire fournies par le CMRS de l’OMM à Miami (Centre national des ouragans des États-Unis), le Centre commun d’avis de typhons et le CMRS de l’OMM à Tokyo (Service météorologique japonais (JMA)). Les données sur les trajectoires des cyclones tropicaux sont gérées par plusieurs centres météorologiques régionaux spécialisés de l’OMM, chacun étant responsable d’une région différente.

Notes aux rédacteurs

Membres du comité d’évaluation des extrêmes de l’OMM:

  • Craig Earl-Spurr (Australie) 
  • Sébastien Langlade (La Réunion)
  • Daniel Krahenbuhl (États-Unis)
  • Sim D. Aberson(États-Unis)
  • Manola Brunet(Espagne)
  • Johnny Chan (Hong Kong)
  • Chris Fogarty (Canada)
  • Christopher W. Landsea (États-Unis)
  • Blair Trewin (Australie)
  • Christopher Velden (États-Unis)
  • Robert C. Balling (États-Unis)
  • Randall Cerveny (États-Unis)

Le fonctionnement des archives de l’OMM sur les extrêmes et les évaluations passées sont présentés en détail dans un ouvrage de Randy Cerveny intitulé «Judging Extreme Weather: Climate Science in Action» publié par Routledge Publishing. 

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
  • WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int
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