Une grande conférence internationale sur la sécheresse pour renforcer la résilience

30 septembre 2024

Alors que le changement climatique continue d’exacerber les risques de sécheresse au plan mondial, une grande conférence internationale vise à renforcer la résilience face à l’un des aléas les plus meurtriers, qui attire souvent peu d’attention avant qu’il ne soit trop tard.

Messages clés
  • La sécheresse est l’un des aléas climatiques les plus meurtriers
  • Une meilleure intégration des systèmes de gestion des sécheresses est nécessaire
  • Actuellement, la volonté politique est insuffisante, et la conception et la mise en œuvre de stratégies sont lacunaires
  • Renforcer la résilience face aux sécheresses est une mission qui incombe à l’ensemble de la société
  • La lutte contre la sécheresse fait partie intégrante de l’Initiative «Alertes précoces pour tous»

Des experts, des décideurs politiques et des professionnels se réuniront au siège de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) à l’occasion de la Conférence «Drought Resilience +10», ainsi appelée parce qu’elle se tiendra une décennie après la Réunion de haut niveau sur les politiques nationales en matière de sécheresse.

Cette conférence donnera l’occasion aux parties prenantes à l’échelle mondiale de revenir sur une décennie de progrès en matière de préparation, de réponse et d’adaptation aux sécheresses, tout en explorant de nouveaux moyens de transformer les connaissances en solutions pratiques susceptibles d’aider les pays à devenir plus résilients.

«Les sécheresses sont un danger climatique insidieux, qui compromet la sécurité alimentaire et humaine et constitue une cause majeure de déplacements internes dans les pays les plus touchés. Elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur l’environnement et les économies et anéantir les progrès réalisés en matière de développement durable», a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo.

«Nous avons besoin de solutions durables, fondées sur des connaissances scientifiques et des stratégies adaptées qui encouragent les pratiques et les politiques de gestion intégrée des sécheresses. Nous disposons des connaissances et des outils nécessaires, mais nous manquons trop souvent de la volonté politique nécessaire et des investissements financiers requis pour bâtir des sociétés résistantes à la sécheresse», a ajouté Mme Saulo.

Cette conférence sera axée sur l’aggravation des risques liés à la sécheresse en raison du changement climatique et de l’augmentation des vulnérabilités structurelles de nombreuses sociétés. Ses participants envisageront des moyens d’accélérer la transition d’une approche réactive de gestion de crise à une approche plus proactive, tirant parti de services climatologiques tels que les prévisions saisonnières et d’outils d’anticipation, y compris des mécanismes de financement innovants. 

Les participants examineront les progrès réalisés en matière de surveillance et de prévision des sécheresses et débattront, d’une part, des façons de renforcer cette surveillance dans le contexte des alertes précoces pour la sécurité alimentaire et la santé, et, d’autre part, des manières d’intégrer des règles directrices dans l’Initiative internationale «Alertes précoces pour tous». Une large place sera accordée aux études de cas et aux mesures prises au plan local.

Les participants se pencheront également sur les évolutions scientifiques et politiques, notamment les progrès de la technologie satellitaire et des outils d’intelligence artificielle, qui ouvrent de nouvelles perspectives en matière de prévision, de suivi et d’évaluation des impacts.

La sécheresse n’est pas un phénomène nouveau. Elle a été pendant longtemps la conséquence de la variabilité naturelle du climat. Or, le changement climatique intensifie le cycle de l’eau. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), cette situation se traduit par des précipitations plus fortes, sources d’inondations, ainsi que par une aggravation de la sécheresse dans de nombreuses régions.

L’évolution de l’utilisation des terres et de la couverture des sols aggrave ce problème. 

«Des économies saines reposent sur des terres saines. Nous devons reconnaître sans attendre que nos terres et nos systèmes naturels sont nos alliés dans la lutte contre le changement climatique et la sécheresse, et nous devons nous servir d’eux pour gérer les sécheresses de façon intégrée et proactive. La Conférence «Drought Resilience +10» est une occasion précieuse d’échanger des connaissances et de créer une dynamique en vue de la 16e session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CCD), qui se tiendra à Riyad, en Arabie saoudite, du 2 au 13 décembre», a fait remarquer la Secrétaire exécutive adjointe de la CCD, Mme Andrea Meza.

A dry, cracked landscape with a small pool of water in the foreground, and mountains silhouetted against a hazy sunset in the background.
Drought Resilience +10 Conference

État du climat

Entre 1970 et 2019, la sécheresse a causé environ 650 000 décès. Selon l’Atlas de la mortalité et des pertes économiques dues aux phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes, publié par l’OMM, la pauvreté et la mauvaise utilisation des terres peuvent accroître la vulnérabilité à la sécheresse et intensifier les répercussions de cette dernière.

En Afrique, 1 839 catastrophes attribuées à des phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes ont été recensées entre 1970 et 2021. Elles ont coûté la vie à 733 585 personnes et occasionné des pertes économiques à hauteur de 43 milliards de dollars É.-U. Les sécheresses ont été à l’origine de 95 % des décès enregistrés.

Les rapports de l’OMM sur l’état du climat rendent compte des occurrences de sécheresses et de leurs impacts. 
Par exemple, un épisode La Niña prolongé a entraîné cinq saisons consécutives de faibles précipitations dans la Corne de l’Afrique, ce qui a généré une grave crise humanitaire, alimentaire et de déplacements en 2023 en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. 

Avec le passage à El Niño en 2023/24, ce sont les pays d’Afrique australe qui ont ensuite connu une sécheresse critique, en particulier le Zimbabwe, la Zambie et le Malawi.
 

Améliorer la résistance à la sécheresse

Malgré ces difficultés, des progrès ont été réalisés en matière de gestion intégrée des sécheresses.

Le programme de gestion intégrée des sécheresses est une initiative conjointe de l’OMM et du Partenariat mondial pour l’eau. Il réunit plus de 45 partenaires œuvrant à aider les pays et les États en leur fournissant des orientations en matière de choix politiques et de gestion des sécheresses. 

Il existe un certain nombre d’exemples de réussite, qui soulignent l’importance d’instaurer des politiques ambitieuses de gestion des sécheresses et de mettre en place des systèmes d’alerte précoce solides. Ils attirent l’attention sur la nécessité que les gouvernements adoptent des approches prospectives en intégrant la gestion des ressources et des données sur le climat dans leurs stratégies de prévention.

Le nord-est du Brésil, qui est généralement confronté à des sécheresses fréquentes et intenses, offre un excellent exemple des avantages qu’offrent les politiques proactives de gestion des sécheresses. Récemment, les pouvoirs publics s’y sont employés à élaborer un système global de gestion des sécheresses qui intègre des systèmes d’alerte précoce, des pratiques durables de gestion de l’eau et une planification des infrastructures tenant compte des scénarios de changement climatique. La coordination entre les autorités fédérales, étatiques et locales a également été renforcée afin d’apporter rapidement des réponses efficaces.

De même, aux États-Unis, une approche proactive a permis d’atténuer les effets d’une grave pénurie d’eau dans l’État de Washington en 2024. Les réserves d’eau étant tombées en dessous de 75 % de la normale en avril, l’État a publié de façon anticipée une déclaration d’urgence, ce qui a donné la possibilité de débloquer des fonds de secours. Une telle action précoce a permis aux collectivités et aux entités publiques d’accéder à l’avance à un financement des mesures d’aide, ce qui leur a donné le temps de mettre en place des stratégies d’atténuation, et ainsi de trouver d’autres sources d’approvisionnement en eau et de se préparer à une réduction de l’irrigation.
 

Shadow of a person on cracked, dry earth with small plants growing in some cracks.
Drought Resilience +10 Conference

Thèmes de la Conférence

Les débats de la Conférence «Drought Resilience +10» se concentreront sur neuf thèmes. Ces thèmes se rapportent chacun à des aspects clés de la gestion des sécheresses et font apparaître les principaux défis et opportunités s’agissant de renforcer la résilience mondiale face aux sécheresses.

Des études de cas nationales et régionales seront aussi présentées.

Les neuf thèmes sont les suivants:

  • Résistance à la sécheresse et mécanismes mondiaux
  • Gestion des risques de sécheresse: défis locaux, régionaux et nationaux
  • Surveillance des épisodes de sécheresse, évaluation des impacts et prévisions
  • Des politiques à l’action
  • Écosystème
  • Inclusion sociale et justice climatique
  • Financement de la lutte contre la sécheresse
  • Partenariats entre secteur public, secteur privé et société civile
  • Santé

Une séance de clôture de haut niveau portera sur la traduction en actes des enjeux en matière de résilience face à la sécheresse. 

La déclaration finale de la Conférence inclura des recommandations visant à ce que les pays intensifient le renforcement de la résistance aux sécheresses au cours de la prochaine décennie. Elle sera axée sur la mise en œuvre de principes généraux, sur la place de la résistance à la sécheresse dans les plans de préparation des pays, et sur les stratégies d’adaptation. Elle aura également pour objet de mobiliser des ressources pour soutenir les pays vulnérables confrontés à des problèmes liés à la sécheresse.

Les résultats de la Conférence seront une source d’enseignements pour tous ceux qui s’intéressent à la question des sécheresses dans le monde. Ils étayeront aussi les discussions de haut niveau de la 16e session de la Conférence des parties à la CCD, qui se tiendra à Riyad en décembre 2024.

Logos of the World Meteorological Organization, Drought Resilience High-Level Meeting on National Drought Policy, and United Nations Convention to Combat Desertification.
Logos of the World Meteorological Organization, Drought Resilience High-Level Meeting on National Drought Policy, and United Nations Convention to Combat Desertification.

Notes aux rédacteurs

Pour en savoir plus sur la Conférence «Drought Resilience +10»: https://www.droughtmanagement.info/hmndp10/ 

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
  • WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int
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