Méga éclairs: L’OMM valide deux nouveaux records

31 janvier 2022

Genève, 1er février 2022 (OMM) – L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a validé deux nouveaux records mondiaux de méga éclairs dans des zones coutumières de ces phénomènes d’Amérique du Nord et du Sud.

Genève, 1er février 2022 (OMM) – L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a validé deux nouveaux records mondiaux de méga éclairs dans des zones coutumières de ces phénomènes d’Amérique du Nord et du Sud.

S’appuyant sur les technologies satellitaires les plus avancées, le Comité de l’OMM sur les extrêmes météorologiques et climatiques, qui tient le registre officiel des extrêmes à l’échelle du globe, des hémisphères et des régions a homologué les records suivants:

  • Le 29 avril 2020, un éclair a couvert une distance horizontale de 768 ± 8 km (477,2 ± 5 miles) au-dessus du sud des États-Unis, soit la plus grande longueur jamais enregistrée pour un seul éclair. Cela équivaut à la distance entre New York et Columbus Ohio aux États-Unis ou entre Londres et Hambourg.
  • Le 18 juin 2020, au cours d’un orage au-dessus de l’Uruguay et du nord de l’Argentine, on a mesuré un éclair d’une durée de 17,102 ± 0,002 seconde, soit la plus longue durée jamais relevée pour un seul éclair.

Le nouveau record de distance est supérieur de 60 kilomètres au précédent, détenu par un méga éclair de 709 ± 8 km (440,6 ± 5 miles) observé dans le sud du Brésil le 31 octobre 2018. Tant pour l’ancien record que pour le nouveau, la longueur de l’éclair a été mesurée au moyen de la technique de la distance orthodromique maximale.

Attribué à un éclair observé au nord de l’Argentine le 4 mars 2019, le précédent record de durée s’élevait à 16,73 secondes, soit 0,37 seconde de moins que le nouveau record.

Ces conclusions ont été publiées dans le Bulletin of the American Meteorological Society.

«Ce sont là des records extraordinaires pour des éclairs pris isolément. Les extrêmes environnementaux donnent la mesure de la puissance de la nature, ainsi que des progrès scientifiques qui permettent d’en rendre compte. Des valeurs encore plus extrêmes existent probablement et nous pourrons sans doute les observer lorsque les techniques de détection des éclairs seront encore plus pointues», déclare le Professeur Randall Cerveny, Rapporteur de l’OMM pour les extrêmes météorologiques et climatiques.

«La foudre est un risque majeur et de nombreuses victimes sont à déplorer chaque année. Ces nouveaux records mettent en évidence les graves préoccupations de sécurité publique que suscitent les nuages électrisés qui produisent des éclairs pouvant parcourir des distances considérables», rappelle le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

Les nouveaux records ont été enregistrés dans les zones exposées aux systèmes convectifs de méso-échelle dont la dynamique est propice à l’apparition de méga éclairs exceptionnels, à savoir les Grandes Plaines en Amérique du Nord et le bassin de La Plata en Amérique du Sud.

Ron Holle, spécialiste reconnu de la foudre et membre du Comité, précise que «ces éclairs d’une longueur et d’une durée considérables n’étaient pas des phénomènes isolés, mais se sont produits au cours d’orages actifs. Dès que l’on entend le tonnerre, il faut se mettre à l’abri de la foudre.»

«Les seuls endroits sûrs sont les bâtiments en dur de dimension suffisante dotés d’une installation électrique et d’une tuyauterie, et pas une plage ou un arrêt de bus. On est également bien protégé à l’intérieur d’un véhicule entièrement fermé au toit métallique, mais pas sur un quad ou une moto. Si on dispose d’informations fiables indiquant que la foudre se trouve dans un rayon de 10 kilomètres, il faut s’abriter dans un bâtiment ou un véhicule protégé contre la foudre. Comme le montrent ces cas extrêmes, les éclairs peuvent parcourir de longues distances en quelques secondes et font partie de systèmes orageux de grande envergure, de sorte que la vigilance s’impose.»

Les Archives mondiales de données relatives aux extrêmes météorologiques et climatiques relevant de l’OMM conservent les relevés officiels des extrêmes associés à diverses situations météorologiques observées à l’échelle du globe, des hémisphères et des régions. Les extrêmes en matière de température, de pression, de précipitations, de grêle, de vent et d’éclairs ainsi que deux types particuliers de tempêtes, les tornades et les cyclones tropicaux, y sont actuellement répertoriés.

Autres chiffres records liés à la foudre et validés par l’OMM:

  • Impact direct: En 1975, au Zimbabwe, 21 personnes ont été tuées par un seul éclair alors qu’elles s’étaient abritées dans une hutte.
  • Impact indirect: En 1994, 469 personnes ont péri à Dronka, en Égypte, lorsque la foudre a frappé un dépôt de carburant et que le carburant en feu s’est déversé dans la ville.

Technologie spatiale

Les précédentes évaluations qui avaient permis d’établir les records de durée et de longueur des éclairs étaient fondées sur les données des réseaux de cartographie des éclairs basés au sol. De nombreux spécialistes de la foudre ont reconnu que ces réseaux ne pouvaient mesurer les éclairs au-delà de certaines limites. Pour mettre en évidence des méga éclairs dépassant ces extrêmes il faudrait disposer d’une technologie de cartographie des éclairs qui couvre un domaine d’observation plus large.

Les récents progrès réalisés dans la cartographie des éclairs depuis l’espace permettent de mesurer en continu la longueur et la durée des éclairs sur de vastes étendues géospatiales. Parmi ces nouveaux outils figurent les instruments géostationnaires de cartographie de la foudre (GLM) installés à bord des satellites géostationnaires d’exploitation pour l’étude de l’environnement de série R (GOES-16 et 17), ceux-là mêmes qui ont enregistré les nouveaux records, et les instruments équivalents placés en orbite par l’Europe (l’imageur d’éclairs des satellites Meteosat troisième génération (MTG)) et par la Chine (l’imageur de cartographie de la foudre des satellites FY-4).

«La foudre est un phénomène naturel étonnamment insaisissable et complexe compte tenu de l’impact qu’il a sur notre quotidien. On dispose désormais d’excellentes mesures de ses nombreuses facettes, ce qui permet de découvrir de nouveaux aspects surprenants de son comportement. Avec les informations détaillées que l’on possède au sujet de ces éclairs exceptionnels, on peut commencer à comprendre comment ils se forment, ainsi que leurs répercussions disproportionnées. Il y a encore beaucoup de choses qu’on ignore sur ces phénomènes prodigieux, mais c’est un privilège pour moi, en tant que jeune scientifique, de me trouver avec mes collègues à l’avant-garde de ce nouveau domaine de recherche passionnant et de repousser les limites de notre compréhension de ce dont la foudre est capable», déclare l’auteur principal et membre du comité d’évaluation, Michael J. Peterson, du Groupe espace et télédétection (ISR-2) du Laboratoire national de Los Alamos, aux États-Unis.

Les instruments embarqués à bord de satellites fourniront une couverture quasi mondiale de tous les éclairs (tant intra-nuages que nuage-sol).

WMO certifies two megaflash lightning records - Animation

Notes aux rédacteurs

Membres du Comité:
Michael J. Peterson, ISR-2, Laboratoire national de Los Alamos (États-Unis d’Amérique)
Timothy J. Lang, Centre des vols spatiaux Marshall de la NASA (États-Unis d’Amérique)
Timothy Logan, Université A&M du Texas, College Station, Texas (États-Unis d’Amérique)
Cheong Wee Kiong, Service météorologique singapourien (Singapour)
Morne Gijben, Service météorologique sud-africain, Pretoria (Afrique du Sud)
Ron Holle, Holle Meteorology & Photography, Oro Valley, Arizona (États-Unis d’Amérique)
Ivana Kolmasova, Institut de physique atmosphérique, Académie tchèque des sciences et Université Charles, Prague (République tchèque)
Martino Marisaldi, Département de physique et de technologie, Centre Birkeland pour les sciences spatiales, Université de Bergen, Bergen (Norvège)
Joan Montanya, Université polytechnique de Catalogne, Barcelone (Espagne)
Sunil D. Pawar, Institut indien de météorologie tropicale, Pune (Inde)
Daile Zhang, Université du Maryland, College Park, Maryland (États-Unis d’Amérique)
Manola Brunet, Université Rovira i Virgili, Tarragone (Espagne) et Université d’East Anglia, Norwich (Royaume-Uni)
Randall S. Cerveny, Arizona State University, Tempe, Arizona (États-Unis d’Amérique)

Satellite image of record duration of lightning flash

Image satellite d’un éclair d’une durée record de 17,102 secondes, observé au-dessus de l’Uruguay et de l’Argentine le 18 juin 2020. La structure horizontale (segments blancs) et l’étendue maximale
(symboles X jaunes) de ce méga éclair sont superposées.

Satellite image of record extent of lightning flash

Image satellite d’un éclair ayant couvert la distance horizontale record de 768 ± 8 km (477,2 ± 5 miles) au‑dessus du sud des États-Unis le 29 avril 2020. La structure horizontale (segments blancs) et l’étendue maximale (symboles X jaunes) de ce méga éclair sont superposées.

WMO certifies two megaflash lightning records - Animation

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Randall S. Cerveny WMO Weather and Climate Extremes Rapporteur cerveny@asu.edu
  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
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