Le ralentissement économique dû à la COVID ne dispense pas de prendre des mesures pour le climat

27 mars 2020

Les efforts déployés pour lutter contre la pandémie de coronavirus ont entraîné une réduction de l’activité économique et des améliorations localisées de la qualité de l’air. Cependant, il est trop tôt pour en évaluer les conséquences sur les concentrations de gaz à effet de serre, qui sont responsables du changement climatique à long terme. Pour l’instant, les niveaux de dioxyde de carbone dans les principales stations d’observation sont plus élevés cette année que l’année dernière.

Les efforts déployés pour lutter contre la pandémie de coronavirus ont entraîné une réduction de l’activité économique et des améliorations localisées de la qualité de l’air. Cependant, il est trop tôt pour en évaluer les conséquences sur les concentrations de gaz à effet de serre, qui sont responsables du changement climatique à long terme. Pour l’instant, les niveaux de dioxyde de carbone dans les principales stations d’observation sont plus élevés cette année que l’année dernière.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la diminution des émissions due à la crise économique causée par la COVID-19 ne dispense pas d’une action climatique concertée.

«Même si l’on observe des réductions locales de la pollution et une amélioration de la qualité de l’air, il serait irresponsable de minimiser l’ampleur mondiale des défis sanitaires et des pertes humaines en lien avec la pandémie de COVID-19», a annoncé le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas. «Toutefois, le moment est venu de réfléchir aux moyens d’utiliser les plans de relance économique de façon à soutenir une transition à long terme vers des pratiques professionnelles et personnelles plus respectueuses de l’environnement et du climat», a-t-il déclaré.

«L’expérience montre que les émissions baissent pendant les crises économiques puis connaissent une recrudescence rapide. Nous devons infléchir cette trajectoire», a-t-il précisé.

«Le monde doit faire preuve de la même unité et du même engagement en matière d’action climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre que pour contenir la pandémie de coronavirus», a-t-il poursuivi. «Si nous ne parvenons pas à atténuer le changement climatique, les pertes humaines et économiques pourraient être plus importantes dans les prochaines décennies», a‑t-il expliqué.

Selon une analyse réalisée pour Carbon Brief, le confinement et la réduction de l’activité économique ont conduit en quatre semaines à une réduction de 25 % des émissions de CO2 en Chine.

La Veille de l’atmosphère globale (VAG) de l’OMM coordonne au plan mondial des observations à long terme de qualité sur les concentrations de gaz à effet de serre. Par émissions, on entend les quantités de gaz qui sont libérées dans l’atmosphère et par concentrations, celles qui y restent à la faveur des interactions complexes qui se produisent entre l’atmosphère, la biosphère, la lithosphère, la cryosphère et les océans.

Le dioxyde de carbone persiste dans l’atmosphère et les océans pendant des siècles. La planète est donc vouée au changement climatique, indépendamment de toute chute temporaire des émissions due à l’épidémie de coronavirus.

D’après l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), à l’observatoire de Mauna Loa, à Hawaï, les niveaux moyens mensuels de CO2 dans l’atmosphère s’établissaient à 414,11 parties par million (ppm) en février dernier, contre 411,75 ppm en février 2019. Mauna Loa est la plus ancienne station d’observation permanente du monde et elle est de ce fait considérée comme un site de référence du réseau de la VAG. Dans une autre station de référence, à Cape Grim, en Tasmanie, les niveaux moyens de CO2 ont atteint 408,3 ppm en février dernier, contre 405,66 ppm en février 2019, selon l’Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (CSIRO).

Les océans absorbent environ le quart des émissions totales. Un autre quart est absorbé par la biosphère terrestre – y compris les forêts et la végétation, qui jouent le rôle de «puits» de carbone. La biosphère terrestre absorbe naturellement une quantité de CO2 similaire à celle qu’elle libère au cours de l’année dans un cycle saisonnier. En conséquence, les niveaux moyens de CO2 dans le monde augmentent généralement jusqu’en avril/mai.

Cet effet naturel est bien plus puissant que les réductions d’émissions liées au ralentissement économique récent. Il est donc trop tôt pour se prononcer définitivement sur l’incidence de ce ralentissement économique sur les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre. Selon une étude publiée dans Nature Climate Change, la crise financière mondiale de 2008–2009 a été suivie d’une forte poussée des émissions dans les économies émergentes, d’un retour à la croissance des émissions dans les économies développées et d’une augmentation de l’intensité des émissions de combustibles fossiles dans l’économie mondiale.

En 2018, les fractions molaires de gaz à effet de serre moyennées à l’échelle du globe ont atteint de nouveaux pics: 407,8 ± 0,1 ppm pour le dioxyde de carbone (CO2), 1 869 ± 2 parties par milliard (ppb) pour le méthane (CH4) et 331,1 ± 0,1 ppb pour le protoxyde d’azote (N2O). Des données préliminaires indiquent que les concentrations de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter en 2019.

Qualité de l’air

Il ressort des observations que les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) diminuent considérablement avec le confinement en Chine et en Italie. En Italie, les observations de surface du Service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS) de l’Union européenne ont confirmé une baisse hebdomadaire progressive d’environ 10 % au cours des quatre à cinq dernières semaines.

Le dioxyde d’azote, un polluant atmosphérique gazeux qui se forme lors de la combustion d’énergies fossiles à des températures élevées, est nocif pour la santé humaine. Il constitue un précurseur de l’ozone au voisinage de la surface, qui a des effets néfastes sur la santé humaine et les écosystèmes, et également un facteur de forçage climatique à courte durée de vie. Le NO2 reste généralement moins d’une journée dans l’atmosphère avant d’y réagir avec d’autres gaz ou de se déposer. Par conséquent, les effets de la réduction des émissions de NO2 sont visibles assez rapidement.

D’après les données brutes de la station de la VAG de Monte Cimone, qui domine la vallée du Pô, dans le nord de l’Italie, les niveaux de l’ozone de surface ont diminué en mars 2020. Selon le Conseil italien de la recherche et l’Institute of Atmospheric and Climatic Sciences, il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives des effets de cette situation sur les concentrations de gaz à effet de serre.

La concentration des particules a également diminué. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les PM2,5 font partie des polluants atmosphériques qui ont le plus de répercussions sur la santé.

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