Persistance de températures supérieures à la normale, accompagnées de phénomènes météorologiques extrêmes
Genève, 10 septembre 2018 – La probabilité que survienne un épisode El Niño d’ici à la fin de l’année est de 70 %, d’après le dernier bulletin Info-Niño/Niña publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) . Il est encore difficile de prédire son intensité, mais le scénario d’un Niño de forte intensité est peu plausible.
Phénomène naturel caractérisé par des fluctuations de la température de surface de la mer dans le Pacifique équatorial, associées à des variations de la circulation atmosphérique, El Niño/Oscillation australe (ENSO) exerce une grande influence sur les conditions météorologiques dans de nombreuses régions du monde.
Les avancées en termes de compréhension et de modélisation d’ENSO, rendues possibles par de vastes programmes d’observation, ont permis d’améliorer les capacités de surveillance et de prévision et d’aider par conséquent la société à se préparer aux risques – fortes pluies, inondations, sécheresses – inhérents à ce phénomène, qui a aussi une incidence sur la température moyenne.
«Le changement climatique influe sur la dynamique traditionnelle des phénomènes El Niño et La Niña et sur l’impact qu’ils peuvent avoir. L’année 2018 a débuté par un épisode La Niña de faible intensité, mais le refroidissement induit par ce phénomène n’a pas suffi pour atténuer la tendance générale au réchauffement: cette année est en effet en passe de figurer au palmarès des plus chaudes jamais constatées,» a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
«Malgré les conditions ENSO neutres observées ces derniers temps, des températures supérieures à la normale ont persisté un peu partout dans le monde entre mai et juillet, à quoi s’ajoutent des phénomènes météorologiques extrêmes tels que la chaleur record enregistrée en Europe du Nord et les inondations dévastatrices qui ont frappé le Japon, l’Inde et l’Asie du Sud-Est. Nombre de ces phénomènes s’inscrivent dans la logique du réchauffement climatique,» a fait valoir M. Taalas.
«L’OMM ne s’attend pas à un épisode El Niño aussi puissant que celui de 2015/16,» a précisé M. Taalas, «mais il n’en sera pas moins lourd de conséquences. En anticipant ce phénomène, nous contribuerons à sauver de nombreuses vies humaines et à prévenir des pertes économiques considérables.»
Le bulletin Info-Niño/Niña de l’OMM est établi à partir de prévisions numériques complétées par des analyses d’experts du monde entier. Les informations dignes de foi qu’il contient s’adressent aux acteurs clefs en matière de santé et de gestion des catastrophes et des ressources en eau, ainsi qu’aux secteurs sensibles au climat que sont notamment l’agriculture, la pêche et l’énergie. Elles sont mises à profit par les décideurs et les planificateurs au sein des gouvernements et du système des Nations Unies.
Prévision climatique saisonnière d’échelle mondiale
Le bulletin Info-Niño/Niña s’accompagne cette fois-ci – et c’est une première – d’une prévision climatique saisonnière d’échelle mondiale établie pour la période septembre-novembre à l’aide de modèles globaux de prévision exploités par des centres agréés par l’OMM et répartis dans le monde entier.
Les régimes de précipitations prévus ressemblent à ceux que l’on associe en général au phénomène El Niño dans certaines des régions traditionnellement concernées mais pas dans toutes, ce qui est peut-être dû à la faible intensité de l’épisode annoncé.
D’après les prévisions, la balance penche vers des températures de surface supérieures à la normale dans presque toute la région Asie-Pacifique, en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique et sur la majeure partie du littoral de l’Amérique du Sud. Nombre de ces régions – mais pas toutes – affichaient déjà, entre mai et juillet 2018, des anomalies positives de la température. L’écart par rapport à la normale oscillait entre 1 et 3 °C dans une grande partie de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de l’Afrique du Nord, de l’Asie orientale et du Moyen‑Orient.
Font exception dans ce contexte nombre de régions de l’Amérique du Sud situées à l’intérieur des terres, le Groenland, de nombreuses îles du Pacifique Sud et une partie des Caraïbes.
Des précipitations déficitaires sont attendues en Amérique centrale et dans les Caraïbes, dans une partie de l’Asie méridionale, en Asie orientale et dans la région du Pacifique.
Les précipitations devraient être supérieures à la normale par endroits dans le sud de l’Amérique du Nord, de même que dans le sud-est de l’Afrique équatoriale, dans les régions riveraines du golfe du Guinée, dans l’extrême sud-est de l’Europe, dans le sud-ouest de l’Asie et dans des zones restreintes de l’Amérique du Sud situées à l’intérieur des terres.
Il ressort de la prévision établie pour la période septembre-novembre que les anomalies sèches constatées en Asie orientale et dans la région du Pacifique, de même qu’en Amérique centrale et dans les Caraïbes devraient persister. Ailleurs en revanche, d’une manière générale, les anomalies de précipitations constatées entre mai et juillet devraient prendre fin.
Cette prévision mondiale brosse un tableau à grande échelle, et il convient de l’affiner et de l’optimiser pour pouvoir en tirer des projections plus détaillées à l’échelle régionale et nationale. Cette tâche incombe aux centres climatologiques régionaux de l’OMM, aux forums régionaux sur l’évolution probable du climat et aux Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN).
Les SMHN continueront de suivre de près l’évolution de la situation au cours des prochains mois.
Notes aux rédacteurs
El Niño est souvent associé à des conditions chaudes et sèches dans les régions méridionales et orientales des terres intérieures de l’Australie, ainsi qu’en Indonésie, aux Philippines, en Malaisie et dans les îles de la région centrale du Pacifique telles que les Fidji, les Tonga et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Pendant l’hiver boréal, des conditions plus sèches que la normale sont généralement observées dans le sud-est de l’Afrique et dans le nord du Brésil. À l’opposé, une pluviosité supérieure à la normale est généralement enregistrée le long des côtes américaines qui bordent le golfe du Mexique et de la côte occidentale de la région tropicale de l’Amérique du Sud (Colombie, Équateur et Pérou), ainsi que du sud du Brésil au centre de l’Argentine; c’est souvent le cas également dans certaines régions de l’Afrique de l’Est.
El Niño est associé à des hivers plus doux dans le nord-ouest du Canada et en Alaska, en raison de la moindre fréquence des intrusions d’air froid en provenance de l’Arctique, du fait de la présence d’une zone étendue de basses pressions centrée sur le golfe de l’Alaska et le nord de l’océan Pacifique.
Il importe de souligner que ces effets sont les plus classiques (il ne s’agit pas de prévisions particulières) et que les conditions effectivement observées varient selon l’intensité de l’épisode El Niño et le moment où il apparaît. D’autres facteurs (tels que le dipôle de l’océan Indien ou l’oscillation nord-atlantique/ oscillation arctique) peuvent avoir eux aussi des répercussions non négligeables sur le climat saisonnier.
Des prévisions saisonnières d’échelle mondiale, concernant notamment les précipitations et la température en surface, sont établies régulièrement par des centres agréés par l’OMM qui exploitent des modèles couplés océan-atmosphère perfectionnés, lesquels prennent en compte le phénomène ENSO ainsi que d’autres facteurs climatiques. Il existe aujourd’hui 13 centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance relevant de l’OMM, dont les produits sont mis en forme par un centre pilote pour les prévisions d’ensemble multimodèle à longue échéance (https://www.wmolc.org/).
Liens vers les sites Web des SMHN
Pour de plus amples informations sur les centres climatologiques régionaux de l’OMM et pour accéder aux sites Web correspondants
Tous les bulletins Info-Niño/Niña diffusés jusqu’à présent, y compris celui-ci
Émanant des centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance relevant de l’OMM, les prévisions d’ensemble multimodèle à longue échéance portant sur les régimes de précipitations et la configuration des températures de surface à l’échelle du globe pour la période septembre-novembre 2018