Genève, le 19 mars 2021 (OMM) – Alors que le changement climatique, la dégradation de l’environnement et la croissance démographique amplifient les dangers liés à l’eau et les pénuries d’eau, plusieurs organismes lancent une coalition sur l’eau et le climat afin de mieux concerter les politiques correspondantes.
Cette coalition a été présentée lors d’un événement de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 18 mars. Elle vise à rattraper le retard pris à l’égard des objectifs de développement durable liés à l’eau, et en particulier l’objectif 6, sur l’eau potable et l’assainissement pour tous. Son lancement précède de quelques jours la Journée mondiale de l’eau, célébrée le 22 mars.
«Ce n’est pas seulement d’un liquide contenu dans une bouteille dont nous discutons aujourd’hui. Sa présence ou son absence signifie tellement, tellement plus. Il est question de dignité. Il est question d’opportunités. Il s’agit de notre santé et de notre capacité à survivre», a déclaré le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Volkan Bozkir.
Dans son discours d’ouverture, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammad, a appelé les gouvernements à se montrer plus ambitieux au regard de l’action climatique, qui constitue une grande priorité pour atteindre les objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui sont en lien avec l’eau.
«J’appelle les gouvernements à se montrer plus ambitieux en matière d’action climatique. L’augmentation des inondations menace de détruire points d’eau et installations sanitaires et de contaminer les sources. Je réitère l’appel du Secrétaire général à allouer 50 % des financements de l’action climatique aux activités en faveur de l’adaptation», a-t-elle lancé.
Le Président du Conseil économique et social de l’ONU, M. Munir Akram, a souligné que le changement climatique et les modifications associées du cycle hydrologique entraîneront un appauvrissement de la biodiversité.
Quelque 39 % de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable et, d’ici 2050, plus de 50 % de la population devrait être confrontée au stress hydrique. Le changement climatique modifie le régime des précipitations, compromet la disponibilité des ressources en eau et aggrave les dégâts causés par les inondations et les sécheresses dans le monde entier.
«Les catastrophes sont en augmentation constante. Et bon nombre d’entre elles sont liées à l’eau... Les principales répercussions du changement climatique sont de nature hydrologique», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas, dans un message vidéo. «Nous devons nous adapter au changement climatique. Un moyen très efficace de s’adapter au changement climatique consiste à investir dans les services d’alerte précoce et les services météorologiques et hydrologiques» a-t-il précisé.
Fonte des glaciers
La fonte de la couverture glaciaire et des glaciers – surnommés les «châteaux d’eau du monde» – entraîne à court terme une augmentation des risques et menace à long terme la sécurité de l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes.
Au Tadjikistan, on comptait au siècle dernier plus de 14 500 glaciers, couvrant 8 % du territoire national total. Le Président du Tadjikistan, M. Emomaliji Rahmon, a déclaré dans son discours à l’Assemblée générale, à l’occasion du lancement de la Coalition, qu’aujourd’hui, plus d’un millier de glaciers du Tadjikistan avaient complètement fondu et que le volume des glaciers du pays avait diminué de près d’un tiers.
«Cette tendance peut évidemment avoir des conséquences tout à fait dramatiques à moyen et long terme. Par ailleurs, le changement climatique a intensifié la fréquence des phénomènes hydrologiques et météorologiques naturels tels que les coulées de boue, les inondations, les sécheresses, les glissements de terrain et les avalanches. Chaque année, les catastrophes naturelles déstabilisent gravement l’économie et l’environnement du Tadjikistan, et sapent de ce fait les efforts que nous déployons pour parvenir au développement durable. Je voudrais souligner que ces défis sont représentatifs de ceux que rencontrent d’autres pays d’Asie centrale», a-t-il expliqué.
Le Président hongrois, M. János Áder, a insisté sur la nécessité de rapprocher les spécialistes de l’eau et ceux du climat pour favoriser une prise de décision concertée.
MM. Áder et Rahmon font partie des 15 chefs de file du domaine de l’eau et du climat, qui dirigent cette coalition internationale sous la houlette de l’OMM et de dix autres organismes des Nations Unies. La Coalition vise à mettre en place un programme mondial intégré sur l’eau et le climat afin de renforcer l’adaptation et la résilience, et d’accélérer les progrès pour concrétiser les objectifs de développement durable 6 et 13 (climat).
En effet, nous sommes très loin d’atteindre ces deux objectifs.
«Nous devons rapidement intensifier nos actions – dans certains domaines il faut aller jusqu’à quatre fois plus vite – si nous voulons respecter nos engagements envers l’objectif 6», a déclaré M. Gilbert F. Houngbo, Président d’ONU-Eau et du Fonds international de développement agricole et chef de file du domaine de l’eau et du climat.
Les chefs de file du domaine de l’eau et du climat comprennent d’anciens ou d’actuels dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise, des porte-paroles de la société civile et deux représentants de la jeunesse. Ils proviennent de toutes les régions du monde. Ils fourniront des orientations pratiques en matière d’intégration, d’information, de coopération et d’investissement.
«Nous ne pouvons pas discuter de la crise climatique sans parler de la sécurité de l’approvisionnement en eau», a confirmé M. Ernest Gibson, membre du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques, relevant des Nations Unies, et chef de file du domaine de l’eau et du climat.
Combler les lacunes en matière d’information
L’OMM a pris la tête de cette nouvelle coalition, car elle est consciente du fait que le manque d’informations sur les ressources en eau actuellement disponibles, sur leur disponibilité à l’avenir ainsi que sur la demande alimentaire et énergétique constitue un obstacle majeur à la mise en place de solutions efficaces et durables. Les décideurs sont confrontés au même dilemme lorsqu’il s’agit des risques d’inondation et de sécheresse.
Aujourd’hui, 60 % des Membres de l’OMM font état d’une diminution des capacités de surveillance hydrologique et donc des moyens d’aide aux décisions dans les domaines de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie. Plus de 50 % des pays n’ont pas de système de gestion de la qualité pour leurs données hydrologiques. Seuls environ 40 % des pays du monde disposent de systèmes d’alerte précoce efficaces en cas d’inondation ou de sécheresse. Les décideurs politiques du monde entier manquent de données de référence fiables pour prendre des décisions qui ont des conséquences juridiques à l’échelle des bassins fluviaux.
Cette situation menace gravement le programme de développement durable.
La Coalition sur l’eau et le climat est une initiative non contraignante visant à combler le manque d’informations sur les liens entre l’eau, l’alimentation et l’énergie et à s’attaquer aux impacts croissants de l’eau et du climat. Des Services météorologiques et hydrologiques nationaux adéquats, intégrés dans les flux d’information régionaux et mondiaux, sont une condition préalable à son succès.
La Coalition soutient, par un mécanisme d’action concret, la mise en œuvre de la Décennie d’action pour l’eau des Nations Unies par le biais du cadre mondial d’accélération d’ONU-Eau pour l’objectif 6.
La Coalition sur l’eau et le climat vise à:
Affirmer les principes d’une action concertée en faveur de l’eau et du climat dans le contexte d’une nouvelle politique mondiale sur le climat et l’eau, et faire disparaître les cloisonnements traditionnels entre les secteurs de l’eau, de la prévention des catastrophes et du climat pour parvenir à une compréhension et des approches communes;
Rallier des partenaires du monde entier pour mener des activités régionales/multilatérales en faveur de l’adaptation et de la résilience et en partager les bénéfices. Il s’agit notamment d’offrir un accès universel et gratuit aux informations et services permettant de préserver les existences et les moyens de subsistance, de donner à toutes les parties prenantes les capacités de réagir à ces informations, et de favoriser l’investissement dans les solutions les plus efficaces.
Elle véhicule les messages fondamentaux suivants:
- Le développement durable passe par des solutions concertées dans les secteurs de l’eau, du temps et du climat.
- Les données hydrologiques qui permettent de sauver des vies sont un bien public mondial et doivent être librement accessibles.
- La coopération internationale et intersectorielle a des retombées positives et favorise une plus grande résilience.
- Investir dans des solutions efficaces à long terme dans le domaine de l’eau permet de préparer notre planète pour l’avenir.
La Journée mondiale de l’eau 2021 porte sur la valeur, inestimable et plurielle, de l’eau, qui dépasse largement son prix, que ce soit pour notre foyer, notre alimentation, notre culture, notre santé, notre éducation, notre économie ou l’intégrité de notre environnement naturel. Le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau est publié lors de la Journée mondiale de l’eau. Il porte sur le même thème que la campagne et recommande une ligne d’action aux décideurs.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau.
Pour plus d’informations, consultez www.water-climate-coalition.org
ou prenez contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél.port.: +41 (0)79.709.13.97).