Le rapport phare United in Science éclaire le Sommet Action Climat

20 septembre 2019

Les scientifiques démontrent, faits et chiffres à l’appui, que l’écart entre les objectifs et la réalité s’accroît

Les principaux organismes climatologiques mondiaux ont uni leurs forces afin d’établir un rapport historique à destination du Sommet Action Climat organisé par l’ONU. Ils y mettent en relief l'écart flagrant – et croissant – entre les objectifs convenus pour lutter contre le réchauffement de la planète et la réalité.

Science highlights key facts and figures about growing gap between targets and reality

Les scientifiques démontrent, faits et chiffres à l’appui, que l’écart entre les objectifs et la réalité s’accroît

New York, 22 septembre 2019 – Les principaux organismes climatologiques mondiaux ont uni leurs forces afin d’établir un rapport historique (Report available in English here) à destination du Sommet Action Climat organisé par l’ONU. Ils y mettent en relief l'écart flagrant – et croissant – entre les objectifs convenus pour lutter contre le réchauffement de la planète et la réalité.

Ce rapport, intitulé «United in Science», contient des détails sur l'état du climat et présente les tendances en matière d’émissions et de concentrations des principaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il souligne l'urgence d'une transformation socio-économique fondamentale dans des secteurs clés tels que l’utilisation des terres émergées et l'énergie afin d'éviter une augmentation dangereuse des températures mondiales, dont les impacts pourraient être irréversibles. Les outils permettant de faciliter à la fois l'atténuation et l'adaptation y sont également analysés.

«Ce rapport fournit une évaluation unifiée de l'état de notre système terrestre sous l'influence croissante du changement climatique anthropique, de la réponse de l'humanité à ce jour et des modifications profondes qui devraient intervenir dans notre climat selon les projections scientifiques. Les données et conclusions scientifiques figurant dans le rapport sont les toutes dernières informations faisant autorité sur ces sujets», a déclaré le Groupe scientifique consultatif sur le climat au Sommet Action Climat organisé par le Secrétaire général de l'ONU.

«Il met en avant la nécessité urgente d'élaborer des mesures concrètes pour mettre un terme aux pires effets du changement climatique», a-t-il précisé.

Le Groupe scientifique consultatif sur le climat est coprésidé par le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Petteri Taalas, et par Mme Leena Srivastava, ancienne vice‑rectrice de l’École des hautes études relevant de l’Institut de l’énergie et des ressources (TERI). Il se compose d’experts des sciences naturelles et sociales hautement reconnus et respectés, spécialistes de différents aspects du changement climatique, y compris l'atténuation et l'adaptation.

Ce rapport de synthèse, coordonné par l'OMM, vise à présenter de façon accessible des données scientifiques de pointe faisant autorité et pouvant conduire à des mesures concrètes.

Il comprend de brefs résumés des organismes contributeurs (OMM et Veille de l'atmosphère globale relevant de l’OMM, Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Projet mondial sur le carbone (GCP), Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), initiative Future Earth, alliance Earth League et Cadre mondial pour les services climatologiques) auxquels s’ajoutent des rapports plus longs, présentés ensemble lors d'une réunion scientifique de haut niveau, le 22 septembre, puis devant les dirigeants mondiaux participant au Sommet Action Climat, le 23 septembre.

Points saillants du rapport

Climat mondial en 2015–2019
Organisation météorologique mondiale (OMM)

La période quinquennale la plus chaude jamais observée

La température moyenne mondiale de la période 2015–2019 devrait être la plus élevée jamais enregistrée toutes périodes équivalentes confondues. On estime actuellement qu’elle dépasse d’1,1 °C (±0,1 °C) celle de l’époque préindustrielle (1850–1900). Les vagues de chaleur étendues et durables, les incendies record et d’autres phénomènes dévastateurs, tels que les cyclones tropicaux, les inondations et les périodes de sécheresse, ont eu de graves répercussions sur le développement socio-économique et l’environnement.

Diminution continuelle des glaces de mer et masses glaciaires

L'étendue de la banquise arctique en été a diminué à un taux d'environ 12 % par décennie entre 1979 et 2018. Les quatre plus petites étendues de la banquise en hiver ont été observées entre 2015 et 2019. Dans l'ensemble, la quantité de glace que perd annuellement l'inlandsis antarctique a au moins sextuplé entre 1979 et 2017. La perte de masse des glaciers pour 2015–2019 est la plus élevée jamais enregistrée pour une période quinquennale.

Accélération de l’élévation du niveau de la mer et acidification de l’eau de mer

L'élévation du niveau moyen de la mer à l'échelle mondiale s'est accélérée, passant de 3,04 millimètres par an (mm/an) pendant la période 1997–2006 à environ 4,0 mm/an pendant la période 2007–2016. Cette situation est due à l'accélération du réchauffement des océans et de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique occidental. Depuis le début de l'ère industrielle, l'acidité des océans a globalement augmenté de 26 %.

Concentrations record de gaz à effet de serre dans l’atmosphère
Veille de l'atmosphère globale relevant de l’OMM

Les niveaux des principaux gaz à effet de serre persistants, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O), ont atteint de nouveaux pics.

La concentration atmosphérique de CO2 n’avait pas atteint 400 parties par million (ppm) depuis 3 à 5 millions d’années. La température moyenne à la surface du globe était alors de 2 à 3 °C supérieure à la température actuelle. Par conséquent, les inlandsis du Groenland et de l'Antarctique occidental avaient fondu et les glaces de l’Antarctique oriental avaient reculé, faisant monter le niveau de la mer à une hauteur supérieure de 10 à 20 mètres au niveau actuel.

En 2018, la concentration mondiale de CO2 était de 407,8 parties par million (ppm), soit 2,2 ppm de plus qu'en 2017. Les données préliminaires pour 2019 d'un sous-ensemble de sites de surveillance des gaz à effet de serre indiquent que les concentrations de CO2 sont en passe d’atteindre, voire de dépasser, 410 ppm d’ici à la fin de 2019.

En 2017, les concentrations atmosphériques moyennées à l'échelle du globe étaient de 405,6 ±0,1 ppm pour le CO2, de 1 859 ±2 parties par milliard (ppb) pour le CH4  et de 329,9 ±0,1 ppb pour le N2O. Ces valeurs représentent respectivement 146 %, 257 % et 122 % des niveaux préindustriels (avant 1750).

Le taux de croissance moyen du CO2 sur trois décennies consécutives (1985–1995, 1995–2005 et 2005–2015) est passé de 1,42 ppm/an à 1,86 ppm/an puis à 2,06 ppm/an.

Bilan carbone mondial
Projet mondial sur le carbone (GCP)

En 2018, les émissions de dioxyde de carbone ont augmenté de 2 % pour atteindre un niveau record de 37 milliards de tonnes de CO2. Elles ne montrent toujours aucun signe de plafonnement, même si leur croissance est plus lente que celle de l'économie mondiale.

Les tendances économiques et énergétiques actuelles laissent à penser que les émissions seront au moins aussi élevées en 2019 qu'en 2018. Le PIB mondial devrait croître de 3,2 % en 2019, et même si l'économie mondiale se «décarbonisait» au même rythme que ces dix dernières années, les émissions mondiales continueraient d’augmenter.

Malgré la croissance extraordinaire des carburants renouvelables ces dix dernières années, le système énergétique mondial reste dominé par les sources d'énergie fossile. L'augmentation annuelle de la consommation mondiale d'énergie est supérieure à celle des énergies renouvelables, ce qui signifie que la consommation de combustibles fossiles continue de progresser. Il faut arrêter immédiatement cette croissance.

Pour parvenir aux émissions nettes égales à zéro nécessaires pour stabiliser le climat, il faut à la fois intensifier l'utilisation des sources d'énergie sans carbone et réduire rapidement la part des combustibles fossiles dans les sources d’énergie mondiales. Cette double exigence illustre l'ampleur du défi à relever.

Les puits naturels de CO2, comme la végétation et les océans, qui éliminent environ la moitié de l’ensemble des émissions provenant des activités humaines, deviendront moins efficaces, d’où la nécessité de réduire la déforestation et d’étendre les puits naturels de CO2, notamment ceux des forêts et des sols qu’une meilleure gestion et une restauration des habitats peuvent améliorer.

Écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions – Où en sommes-nous et où devons-nous être

Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE)

Le PNUE publiera en novembre la dixième édition du Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, dans lequel il évalue les dernières études scientifiques sur les émissions de gaz à effet de serre actuelles et prévues et les confronte aux niveaux d’émission permettant de suivre une trajectoire au moindre coût compatible avec l’Accord de Paris. L’écart par rapport aux objectifs est donc la différence entre la situation future probable et la situation dans laquelle nous devrions être.

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne devraient pas culminer d'ici à 2030 et encore moins d'ici à 2020, si les politiques climatiques et niveaux d’ambition actuels des contributions déterminées au niveau national (CDN) sont maintenus. Il ressort des conclusions préliminaires du rapport 2019 que les émissions de gaz à effet de serre ont continué d'augmenter en 2018.

En 2030, l’écart serait de 13 gigatonnes d'équivalent CO2 (GtéqCO2) entre les niveaux d'émissions en vertu de la mise en œuvre intégrale des CDN conditionnelles et les niveaux compatibles avec les trajectoires au moindre coût pour atteindre l'objectif des 2 °C. Si l’on ne s’acquitte que des CDN inconditionnelles, l’écart se creuse et représente 15 GtéqCO2. Les écarts avec les objectifs de 1,5 °C et 2 °C sont respectivement de 29 GtéqCO2 et 32 GtéqCO2.

On estime que les présentes CDN réduiront les émissions mondiales en 2030 d’un maximum de 6 GtéqCO2 par rapport à la poursuite des politiques actuelles. Ce niveau d'ambition doit être multiplié par trois environ pour respecter la limite de 2 °C et approximativement par cinq pour respecter celle de 1,5 °C.

Si les CDN inconditionnelles étaient mises en place, et en supposant que l'action climatique se poursuive de manière cohérente tout au long du XXIe siècle, la température moyenne mondiale augmenterait d'ici à 2100 de 2,9 °C à 3,4 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Si les CDN ne sont pas plus ambitieuses dès maintenant ni soutenues par des mesures concrètes, il ne sera plus possible de contenir le réchauffement à 1,5 °C. Si l'écart par rapport aux objectifs n'est pas comblé d'ici à 2030, il ne sera vraisemblablement plus non plus possible de rester bien en dessous de 2 °C.

Il est possible d’exploiter une grande partie des possibilités techniques existantes grâce à la transposition à plus grande échelle et à la reproduction de politiques qui ont fait leurs preuves – telles que le passage aux énergies renouvelables et le reboisement – et qui contribuent aussi aux objectifs clés du développement durable.

Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)

Le GIEC évalue des aspects complémentaires et spécifiques du changement climatique dans trois rapports spéciaux publiés en 2018 et 2019 dans la perspective du sixième Rapport d'évaluation.

D’après le Rapport spécial sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C, il n’est pas physiquement impossible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 ºC mais il faudrait, pour ce faire, modifier de manière inédite tous les aspects de la société. Limiter le réchauffement à 1,5 °C et non à 2 °C présente des avantages évidents. Chaque fraction de degré en plus a son importance.

Limiter le réchauffement à 1,5 ºC peut permettre d’atteindre d’autres objectifs mondiaux: parvenir au développement durable et éradiquer la pauvreté.

Le GIEC souligne, dans son Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées, que les terres émergées sont déjà soumises à la pression croissante des activités humaines, à laquelle s’ajoute le changement climatique. Par ailleurs, ce n’est qu’en réduisant les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, y compris les terres émergées et l’alimentation, que l’on pourra contenir le réchauffement mondial bien en deçà de 2 °C.

Ce rapport montre qu’une meilleure gestion des terres peut contribuer à faire face aux changements climatiques, mais que les terres émergées ne sont qu’un élément de l’équation. Il est essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, y compris l’énergie, pour rester aussi proche que possible d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Le GIEC devrait publier le Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique le 25 septembre 2019.

Perspectives climatologiques

Future Earth et Earth League

Les données scientifiques globales mettent en relief le rôle dominant des êtres humains dans les changements du système Terre dans le contexte d’une nouvelle période géologique, l’Anthropocène.

Les impacts croissants du changement climatique font courir le risque d’atteindre des points de bascule. Il s’agit de seuils qui, s’ils sont franchis, occasionnent des changements profonds, parfois brutaux et irréversibles.

Il est de plus en plus admis que les répercussions du changement climatique vont croissant et qu’elles sont même plus rapides que ne le prévoyaient les évaluations climatiques d’il y a dix ans.

Alors que le changement climatique s’intensifie, les villes sont particulièrement exposées à ses impacts, comme le stress thermique, et elles peuvent jouer un rôle fondamental dans la réduction des émissions au plan local et mondial.

Les stratégies d’atténuation et d’expansion de la gestion des risques adaptative deviennent essentielles. La rapidité du changement climatique et l’ampleur de ses impacts rendent inadéquates les stratégies isolées.

Il ne sera possible de respecter l’Accord de Paris qu’en prenant immédiatement des mesures universelles englobant une décarbonisation profonde associée à des politiques ambitieuses, la protection et le renforcement des puits de carbone et de la biodiversité, et la diminution du CO2 atmosphérique.

Cadre mondial pour les services climatologiques

Les services climatologiques et d’alerte précoce devraient étayer les décisions prises pour favoriser l’adaptation au changement climatique.

NOTES À L’INTENTION DES RÉDACTEURS

Composition du Groupe scientifique consultatif sur le climat

Coprésidents:

M. Petteri Taalas, OMM, et Mme Leena Srivastava, Directrice générale adjointe des affaires scientifiques de l’Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués (IIASA) à compter du 15 novembre 2019

Membres:
M. Navroz K. Dubash (Center for Policy Research, New Delhi, Inde)
Mme Brigitte Knopf (Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change)
Mme Margaret Leinen (Scripps Institution of Oceanography de l’Université de Californie)
Mme Heide Hackmann (Conseil international des sciences)
M. Jian Liu (Programme des Nations Unies pour l'environnement)
Mme Thelma Krug (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)
M. Yacob Mulugetta (University College, Londres)
M. Joeri Rogelj (Imperial College, Londres)
Mme Maisa Rojas Corradi (Université du Chili)
Mme Lisa Schipper (Université d’Oxford)

Ce rapport de synthèse a été établi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), sous l’égide du Groupe scientifique consultatif sur le climat au Sommet Action Climat 2019 des Nations Unies, afin de rassembler les dernières données sur le climat d’un groupe de grands partenaires mondiaux: OMM, Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Projet mondial sur le carbone (GCP), initiative Future Earth, alliance Earth League et Cadre mondial pour les services climatologiques. Le contenu de chacun des chapitres du rapport correspond à des informations publiées par ces organismes.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter: Clare Nullis, Organisation météorologique mondiale, Courriel: cnullis@wmo.int – Tél.: +41 79 709 13 97

Notes aux rédacteurs

Science highlights key facts and figures about growing gap between targets and reality

Les scientifiques démontrent, faits et chiffres à l’appui, que l’écart entre les objectifs et la réalité s’accroît

New York, 22 septembre 2019 – Les principaux organismes climatologiques mondiaux ont uni leurs forces afin d’établir un rapport historique (Report available in English here) à destination du Sommet Action Climat organisé par l’ONU. Ils y mettent en relief l'écart flagrant – et croissant – entre les objectifs convenus pour lutter contre le réchauffement de la planète et la réalité.

Ce rapport, intitulé «United in Science», contient des détails sur l'état du climat et présente les tendances en matière d’émissions et de concentrations des principaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il souligne l'urgence d'une transformation socio-économique fondamentale dans des secteurs clés tels que l’utilisation des terres émergées et l'énergie afin d'éviter une augmentation dangereuse des températures mondiales, dont les impacts pourraient être irréversibles. Les outils permettant de faciliter à la fois l'atténuation et l'adaptation y sont également analysés.

«Ce rapport fournit une évaluation unifiée de l'état de notre système terrestre sous l'influence croissante du changement climatique anthropique, de la réponse de l'humanité à ce jour et des modifications profondes qui devraient intervenir dans notre climat selon les projections scientifiques. Les données et conclusions scientifiques figurant dans le rapport sont les toutes dernières informations faisant autorité sur ces sujets», a déclaré le Groupe scientifique consultatif sur le climat au Sommet Action Climat organisé par le Secrétaire général de l'ONU.

«Il met en avant la nécessité urgente d'élaborer des mesures concrètes pour mettre un terme aux pires effets du changement climatique», a-t-il précisé.

Le Groupe scientifique consultatif sur le climat est coprésidé par le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Petteri Taalas, et par Mme Leena Srivastava, ancienne vice‑rectrice de l’École des hautes études relevant de l’Institut de l’énergie et des ressources (TERI). Il se compose d’experts des sciences naturelles et sociales hautement reconnus et respectés, spécialistes de différents aspects du changement climatique, y compris l'atténuation et l'adaptation.

Ce rapport de synthèse, coordonné par l'OMM, vise à présenter de façon accessible des données scientifiques de pointe faisant autorité et pouvant conduire à des mesures concrètes.

Il comprend de brefs résumés des organismes contributeurs (OMM et Veille de l'atmosphère globale relevant de l’OMM, Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Projet mondial sur le carbone (GCP), Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), initiative Future Earth, alliance Earth League et Cadre mondial pour les services climatologiques) auxquels s’ajoutent des rapports plus longs, présentés ensemble lors d'une réunion scientifique de haut niveau, le 22 septembre, puis devant les dirigeants mondiaux participant au Sommet Action Climat, le 23 septembre.

Points saillants du rapport

Climat mondial en 2015–2019
Organisation météorologique mondiale (OMM)

La période quinquennale la plus chaude jamais observée

La température moyenne mondiale de la période 2015–2019 devrait être la plus élevée jamais enregistrée toutes périodes équivalentes confondues. On estime actuellement qu’elle dépasse d’1,1 °C (±0,1 °C) celle de l’époque préindustrielle (1850–1900). Les vagues de chaleur étendues et durables, les incendies record et d’autres phénomènes dévastateurs, tels que les cyclones tropicaux, les inondations et les périodes de sécheresse, ont eu de graves répercussions sur le développement socio-économique et l’environnement.

Diminution continuelle des glaces de mer et masses glaciaires

L'étendue de la banquise arctique en été a diminué à un taux d'environ 12 % par décennie entre 1979 et 2018. Les quatre plus petites étendues de la banquise en hiver ont été observées entre 2015 et 2019. Dans l'ensemble, la quantité de glace que perd annuellement l'inlandsis antarctique a au moins sextuplé entre 1979 et 2017. La perte de masse des glaciers pour 2015–2019 est la plus élevée jamais enregistrée pour une période quinquennale.

Accélération de l’élévation du niveau de la mer et acidification de l’eau de mer

L'élévation du niveau moyen de la mer à l'échelle mondiale s'est accélérée, passant de 3,04 millimètres par an (mm/an) pendant la période 1997–2006 à environ 4,0 mm/an pendant la période 2007–2016. Cette situation est due à l'accélération du réchauffement des océans et de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique occidental. Depuis le début de l'ère industrielle, l'acidité des océans a globalement augmenté de 26 %.

Concentrations record de gaz à effet de serre dans l’atmosphère
Veille de l'atmosphère globale relevant de l’OMM

Les niveaux des principaux gaz à effet de serre persistants, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O), ont atteint de nouveaux pics.

La concentration atmosphérique de CO2 n’avait pas atteint 400 parties par million (ppm) depuis 3 à 5 millions d’années. La température moyenne à la surface du globe était alors de 2 à 3 °C supérieure à la température actuelle. Par conséquent, les inlandsis du Groenland et de l'Antarctique occidental avaient fondu et les glaces de l’Antarctique oriental avaient reculé, faisant monter le niveau de la mer à une hauteur supérieure de 10 à 20 mètres au niveau actuel.

En 2018, la concentration mondiale de CO2 était de 407,8 parties par million (ppm), soit 2,2 ppm de plus qu'en 2017. Les données préliminaires pour 2019 d'un sous-ensemble de sites de surveillance des gaz à effet de serre indiquent que les concentrations de CO2 sont en passe d’atteindre, voire de dépasser, 410 ppm d’ici à la fin de 2019.

En 2017, les concentrations atmosphériques moyennées à l'échelle du globe étaient de 405,6 ±0,1 ppm pour le CO2, de 1 859 ±2 parties par milliard (ppb) pour le CH4  et de 329,9 ±0,1 ppb pour le N2O. Ces valeurs représentent respectivement 146 %, 257 % et 122 % des niveaux préindustriels (avant 1750).

Le taux de croissance moyen du CO2 sur trois décennies consécutives (1985–1995, 1995–2005 et 2005–2015) est passé de 1,42 ppm/an à 1,86 ppm/an puis à 2,06 ppm/an.

Bilan carbone mondial
Projet mondial sur le carbone (GCP)

En 2018, les émissions de dioxyde de carbone ont augmenté de 2 % pour atteindre un niveau record de 37 milliards de tonnes de CO2. Elles ne montrent toujours aucun signe de plafonnement, même si leur croissance est plus lente que celle de l'économie mondiale.

Les tendances économiques et énergétiques actuelles laissent à penser que les émissions seront au moins aussi élevées en 2019 qu'en 2018. Le PIB mondial devrait croître de 3,2 % en 2019, et même si l'économie mondiale se «décarbonisait» au même rythme que ces dix dernières années, les émissions mondiales continueraient d’augmenter.

Malgré la croissance extraordinaire des carburants renouvelables ces dix dernières années, le système énergétique mondial reste dominé par les sources d'énergie fossile. L'augmentation annuelle de la consommation mondiale d'énergie est supérieure à celle des énergies renouvelables, ce qui signifie que la consommation de combustibles fossiles continue de progresser. Il faut arrêter immédiatement cette croissance.

Pour parvenir aux émissions nettes égales à zéro nécessaires pour stabiliser le climat, il faut à la fois intensifier l'utilisation des sources d'énergie sans carbone et réduire rapidement la part des combustibles fossiles dans les sources d’énergie mondiales. Cette double exigence illustre l'ampleur du défi à relever.

Les puits naturels de CO2, comme la végétation et les océans, qui éliminent environ la moitié de l’ensemble des émissions provenant des activités humaines, deviendront moins efficaces, d’où la nécessité de réduire la déforestation et d’étendre les puits naturels de CO2, notamment ceux des forêts et des sols qu’une meilleure gestion et une restauration des habitats peuvent améliorer.

Écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions – Où en sommes-nous et où devons-nous être

Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE)

Le PNUE publiera en novembre la dixième édition du Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, dans lequel il évalue les dernières études scientifiques sur les émissions de gaz à effet de serre actuelles et prévues et les confronte aux niveaux d’émission permettant de suivre une trajectoire au moindre coût compatible avec l’Accord de Paris. L’écart par rapport aux objectifs est donc la différence entre la situation future probable et la situation dans laquelle nous devrions être.

Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne devraient pas culminer d'ici à 2030 et encore moins d'ici à 2020, si les politiques climatiques et niveaux d’ambition actuels des contributions déterminées au niveau national (CDN) sont maintenus. Il ressort des conclusions préliminaires du rapport 2019 que les émissions de gaz à effet de serre ont continué d'augmenter en 2018.

En 2030, l’écart serait de 13 gigatonnes d'équivalent CO2 (GtéqCO2) entre les niveaux d'émissions en vertu de la mise en œuvre intégrale des CDN conditionnelles et les niveaux compatibles avec les trajectoires au moindre coût pour atteindre l'objectif des 2 °C. Si l’on ne s’acquitte que des CDN inconditionnelles, l’écart se creuse et représente 15 GtéqCO2. Les écarts avec les objectifs de 1,5 °C et 2 °C sont respectivement de 29 GtéqCO2 et 32 GtéqCO2.

On estime que les présentes CDN réduiront les émissions mondiales en 2030 d’un maximum de 6 GtéqCO2 par rapport à la poursuite des politiques actuelles. Ce niveau d'ambition doit être multiplié par trois environ pour respecter la limite de 2 °C et approximativement par cinq pour respecter celle de 1,5 °C.

Si les CDN inconditionnelles étaient mises en place, et en supposant que l'action climatique se poursuive de manière cohérente tout au long du XXIe siècle, la température moyenne mondiale augmenterait d'ici à 2100 de 2,9 °C à 3,4 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Si les CDN ne sont pas plus ambitieuses dès maintenant ni soutenues par des mesures concrètes, il ne sera plus possible de contenir le réchauffement à 1,5 °C. Si l'écart par rapport aux objectifs n'est pas comblé d'ici à 2030, il ne sera vraisemblablement plus non plus possible de rester bien en dessous de 2 °C.

Il est possible d’exploiter une grande partie des possibilités techniques existantes grâce à la transposition à plus grande échelle et à la reproduction de politiques qui ont fait leurs preuves – telles que le passage aux énergies renouvelables et le reboisement – et qui contribuent aussi aux objectifs clés du développement durable.

Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)

Le GIEC évalue des aspects complémentaires et spécifiques du changement climatique dans trois rapports spéciaux publiés en 2018 et 2019 dans la perspective du sixième Rapport d'évaluation.

D’après le Rapport spécial sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C, il n’est pas physiquement impossible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 ºC mais il faudrait, pour ce faire, modifier de manière inédite tous les aspects de la société. Limiter le réchauffement à 1,5 °C et non à 2 °C présente des avantages évidents. Chaque fraction de degré en plus a son importance.

Limiter le réchauffement à 1,5 ºC peut permettre d’atteindre d’autres objectifs mondiaux: parvenir au développement durable et éradiquer la pauvreté.

Le GIEC souligne, dans son Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées, que les terres émergées sont déjà soumises à la pression croissante des activités humaines, à laquelle s’ajoute le changement climatique. Par ailleurs, ce n’est qu’en réduisant les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, y compris les terres émergées et l’alimentation, que l’on pourra contenir le réchauffement mondial bien en deçà de 2 °C.

Ce rapport montre qu’une meilleure gestion des terres peut contribuer à faire face aux changements climatiques, mais que les terres émergées ne sont qu’un élément de l’équation. Il est essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, y compris l’énergie, pour rester aussi proche que possible d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Le GIEC devrait publier le Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique le 25 septembre 2019.

Perspectives climatologiques

Future Earth et Earth League

Les données scientifiques globales mettent en relief le rôle dominant des êtres humains dans les changements du système Terre dans le contexte d’une nouvelle période géologique, l’Anthropocène.

Les impacts croissants du changement climatique font courir le risque d’atteindre des points de bascule. Il s’agit de seuils qui, s’ils sont franchis, occasionnent des changements profonds, parfois brutaux et irréversibles.

Il est de plus en plus admis que les répercussions du changement climatique vont croissant et qu’elles sont même plus rapides que ne le prévoyaient les évaluations climatiques d’il y a dix ans.

Alors que le changement climatique s’intensifie, les villes sont particulièrement exposées à ses impacts, comme le stress thermique, et elles peuvent jouer un rôle fondamental dans la réduction des émissions au plan local et mondial.

Les stratégies d’atténuation et d’expansion de la gestion des risques adaptative deviennent essentielles. La rapidité du changement climatique et l’ampleur de ses impacts rendent inadéquates les stratégies isolées.

Il ne sera possible de respecter l’Accord de Paris qu’en prenant immédiatement des mesures universelles englobant une décarbonisation profonde associée à des politiques ambitieuses, la protection et le renforcement des puits de carbone et de la biodiversité, et la diminution du CO2 atmosphérique.

Cadre mondial pour les services climatologiques

Les services climatologiques et d’alerte précoce devraient étayer les décisions prises pour favoriser l’adaptation au changement climatique.

NOTES À L’INTENTION DES RÉDACTEURS

Composition du Groupe scientifique consultatif sur le climat

Coprésidents:

M. Petteri Taalas, OMM, et Mme Leena Srivastava, Directrice générale adjointe des affaires scientifiques de l’Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués (IIASA) à compter du 15 novembre 2019

Membres:
M. Navroz K. Dubash (Center for Policy Research, New Delhi, Inde)
Mme Brigitte Knopf (Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change)
Mme Margaret Leinen (Scripps Institution of Oceanography de l’Université de Californie)
Mme Heide Hackmann (Conseil international des sciences)
M. Jian Liu (Programme des Nations Unies pour l'environnement)
Mme Thelma Krug (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)
M. Yacob Mulugetta (University College, Londres)
M. Joeri Rogelj (Imperial College, Londres)
Mme Maisa Rojas Corradi (Université du Chili)
Mme Lisa Schipper (Université d’Oxford)

Ce rapport de synthèse a été établi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), sous l’égide du Groupe scientifique consultatif sur le climat au Sommet Action Climat 2019 des Nations Unies, afin de rassembler les dernières données sur le climat d’un groupe de grands partenaires mondiaux: OMM, Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Projet mondial sur le carbone (GCP), initiative Future Earth, alliance Earth League et Cadre mondial pour les services climatologiques. Le contenu de chacun des chapitres du rapport correspond à des informations publiées par ces organismes.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter: Clare Nullis, Organisation météorologique mondiale, Courriel: cnullis@wmo.int – Tél.: +41 79 709 13 97

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