La fonte des glaciers déclenchera une avalanche d’effets en cascade
La toute première Journée mondiale des glaciers, qui aura lieu le 21 mars 2025, donnera l’occasion de tirer la sonnette d’alarme. En effet, l’accélération de la fonte des glaciers risque de déclencher une avalanche de répercussions sur les économies, les écosystèmes et les populations, non seulement dans les régions montagneuses, mais aussi à l’échelle planétaire.
- La première Journée mondiale des glaciers souligne l’importance économique et environnementale des glaciers
- L’assèchement des châteaux d’eau de la planète menace l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes
- Cinq des six dernières années ont été marquées par un recul des glaciers record
- Dans de nombreuses régions, les glaciers ne survivront pas au XXIe siècle
- La fonte des glaciers est actuellement le deuxième facteur d’élévation du niveau de la mer
- Le glacier de South Cascade, dans l’État de Washington (États-Unis d’Amérique), est désigné «glacier de l’année»

Cinq des six dernières années ont été marquées par un recul des glaciers record. La période 2022-2024 a connu la plus forte perte de masse glaciaire jamais enregistrée sur trois ans. Dans de nombreuses régions, ce que l’on appelait autrefois les «glaces éternelles» des glaciers ne survivra pas au XXIe siècle, selon les rapports de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et du Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS).
À l’échelle planétaire, plus de 275 000 glaciers couvrent environ 700 000 km². Avec les calottes glaciaires, ils stockent environ 70 % des ressources mondiales en eau douce. Les régions de haute montagne sont les châteaux d’eau du monde. La raréfaction des glaciers menace donc l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes qui vivent en aval et dépendent de la libération, pendant les périodes les plus chaudes et les plus sèches de l’année, de l’eau stockée au cours des hivers précédents. À court terme, la fonte des glaciers intensifie les aléas naturels tels que les inondations.
L’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2025 Année internationale de la préservation des glaciers et le 21 mars Journée mondiale des glaciers. Elle souhaite sensibiliser le public au rôle vital que jouent les glaciers, la neige et la glace dans le système climatique et le cycle hydrologique, ainsi qu’à leur importance pour les économies locales, nationales et mondiales. L’UNESCO et l’OMM pilotent les activités connexes et coordonnent les efforts déployés à ce sujet dans le monde entier avec l’aide de plus de 200 organisations partenaires et 35 pays.

La préservation des glaciers est une nécessité environnementale et économique
«Le rapport de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2024 a confirmé que, entre 2022 et 2024, nous avons assisté à la plus grande perte de glaciers jamais enregistrée sur trois ans. Sept des dix bilans de masse annuels les plus négatifs ont été enregistrés depuis 2016», a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo.
«La préservation des glaciers n’est pas seulement une nécessité environnementale, économique et sociétale. C’est une question de survie», a-t-elle insisté.
En se fondant sur une compilation d’observations mondiales, le WGMS a estimé que les glaciers (à l’exception des calottes glaciaires continentales du Groenland et de l’Antarctique) ont perdu au total plus de 9 000 milliards de tonnes depuis le début des relevés, en 1975.
«Cette masse équivaut à un énorme bloc de glace de la taille de l’Allemagne et d’une épaisseur de 25 mètres», a expliqué le Directeur du WGMS, M. Michael Zemp.
Au cours de l’année hydrologique 2024, et pour la troisième année consécutive, les 19 régions glaciaires ont enregistré une perte de masse nette. La perte de masse des glaciers a atteint 450 milliards de tonnes pour l’année hydrologique 2024 et se classe au quatrième rang des pertes annuelles les plus élevées jamais constatées. Alors que la perte de masse a été relativement modérée dans des régions comme l’Arctique canadien ou la périphérie du Groenland, les glaciers de Scandinavie, du Svalbard et d’Asie du Nord ont connu leur plus grande perte de masse annuelle jamais observée.

La fonte des glaciers contribue à l’élévation du niveau de la mer
Les nouveaux résultats complètent une étude récente de chercheurs publiée dans la revue Nature au début de 2025 et coordonnée par le WGMS, qui est hébergé à l’Université de Zurich (Suisse).
Selon cette étude, appelée Glacier Mass Balance Intercomparison Exercise (GlaMBIE) (exercice de comparaison du bilan de masse des glaciers), entre 2000 et 2023, les glaciers ont perdu 5 % de leur glace restante. Au niveau régional, la perte va de 2 % dans l’Antarctique et les îles subantarctiques à près de 40 % en Europe centrale.
Au rythme actuel de fonte, de nombreux glaciers de l’ouest du Canada et des États-Unis, de Scandinavie, d’Europe centrale, du Caucase, de Nouvelle-Zélande et des tropiques ne survivront pas au XXIe siècle.
De 2000 à 2023, la perte de masse totale des glaciers s’est élevée à 6 542 milliards de tonnes, soit 273 milliards de tonnes par an, selon l’étude susmentionnée. Ce chiffre correspond à la consommation actuelle de l’ensemble de la population mondiale sur 30 ans, en supposant que chaque personne utilise trois litres d’eau par jour.
Au cours de cette période, la fonte des glaciers a contribué à l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale à hauteur de 18 mm.
«Cela peut sembler peu, mais l’impact est considérable: chaque millimètre d’élévation du niveau de la mer expose 200 000 à 300 000 personnes supplémentaires à des inondations annuelles», a déclaré M. Zemp.
La fonte des glaciers est actuellement le deuxième facteur d’élévation du niveau de la mer au niveau mondial, après le réchauffement de l’océan.
Glacier de l’année 2025
À l’occasion de la première Journée mondiale des glaciers, le WGMS a présenté le premier «glacier de l’année». Il vise ainsi à mettre en lumière la beauté des glaciers du monde entier et à rendre hommage au dévouement des glaciologues qui les observent depuis des décennies, en vue de stimuler la coordination des activités de surveillance à l’échelle internationale. En 2025, le glacier de South Cascade a été choisi comme glacier de l’année.
Le glacier de South Cascade se situe dans la chaîne des Cascades, dans l’État de Washington (États-Unis). Il est surveillé en permanence depuis 1952, ce qui a permis d’obtenir l’un des plus longs enregistrements ininterrompus de bilan de masse glaciologique de l’hémisphère Ouest.
«Le glacier de South Cascade illustre à la fois la beauté des glaciers et l’engagement à long terme de scientifiques et de bénévoles dévoués, qui ont recueilli pendant plus de six décennies des données sur le terrain pour quantifier les changements de masse», a expliqué Mme Caitlyn Florentine, Cochercheuse principale pour le glacier, rattachée au Service géologique des États-Unis (USGS).

Notes aux rédacteurs
Organisation météorologique mondiale (OMM).
L’OMM est l’institution spécialisée du système des Nations Unies qui est responsable de la promotion de la coopération internationale dans le domaine des sciences de l’atmosphère et de la météorologie. Elle surveille les conditions météorologiques, le climat et les ressources en eau, et apporte un soutien à ses Membres pour ce qui est d’établir des prévisions et d’atténuer les effets des catastrophes. Elle s’attache à faire progresser les connaissances scientifiques et à améliorer la sécurité et le bien-être des populations.
Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS).
Depuis plus d’un siècle, le WGMS et les services qui l’ont précédé coordonnent la surveillance des glaciers au niveau international. À l’issue d’appels à données annuels, le WGMS compile les observations des glaciers reposant sur des mesures sur le terrain et sur des données de télédétection grâce à son réseau de glaciologues du monde entier. Au sein du service Copernicus concernant le changement climatique (C3S), exploité par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) avec un financement de l’Union européenne, le WGMS combine ces observations pour obtenir des estimations du changement de masse des glaciers à l’échelle mondiale, à des fins de publication dans les rapports de l’OMM sur l’état du climat mondial, sur l’état du climat en Europe et sur l’état des ressources en eau. Le WGMS est hébergé par le Département de géographie de l’Université de Zurich. Il est financé par l’Office fédéral de météorologie et de climatologie (MétéoSuisse) dans le cadre du Système mondial d’observation du climat (SMOC) suisse.
Pour plus d’informations sur l’Année internationale de la préservation des glaciers et sur les modalités de participation aux initiatives correspondantes, cliquez ici.
Un événement de haut niveau combinant les célébrations de la Journée mondiale des glaciers et de la Journée mondiale de l’eau aura lieu au Siège de l’Organisation des Nations Unies, à New York (États-Unis), le vendredi 21 mars 2025. Il réunira des dirigeants mondiaux, des décideurs politiques, des scientifiques et des membres de la société civile, qui examineront le rôle crucial que jouent les glaciers dans le système climatique et pour la disponibilité de l’eau.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
- Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
- WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int