GENÈVE, le 12 janvier 2023 – La synthèse de six grands jeux de données internationales réalisée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) montre que, sous l’effet de l’augmentation constante des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée, les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial.
En 2022, la température moyenne sur la planète était supérieure d’environ 1,15 °C (1,02 à 1,27 °C) à sa valeur préindustrielle (période comprise entre 1850 et 1900). Il ressort de tous les jeux de données analysés par l’OMM que pour la huitième année consécutive (2015 à 2022), les températures mondiales annuelles ont dépassé d’au moins 1° C les niveaux préindustriels. La période de 2015 à 2022 correspond aux huit années les plus chaudes jamais enregistrées. La probabilité d’un dépassement – temporaire – de la limite de 1,5 °C fixée par l’Accord de Paris augmente avec le temps.
En raison du refroidissement associé à la persistance d’un épisode La Niña qui en est à sa troisième année, 2022 n’a pas été l’année la plus chaude jamais enregistrée, mais «seulement» la cinquième ou la sixième sur cette liste. Néanmoins, ce refroidissement sera de courte durée et n’inversera pas la tendance au réchauffement à long terme causée par la présence dans l’atmosphère de niveaux records de gaz à effet de serre. Le bulletin Info‑Niño/Niña de l’OMM estime à environ 60 % la probabilité que La Niña persiste pendant la période janvier-mars 2023 et qu’elle soit suivie de conditions ENSO neutres (c’est-à-dire ne s’apparentant ni à une anomalie El Niño ni à une anomalie La Niña).
La température moyenne pour la période de dix ans de 2013 à 2022 est supérieure de 1,14 °C [1,02 à 1,27 °C] aux valeurs de référence de l’époque préindustrielle comprise entre 1850 et 1900. Ce chiffre est à comparer avec l’estimation de 1,09 °C pour la période 2011 à 2020, issue du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et signale une poursuite du réchauffement sur le long terme.
Catastrophes climatiques dramatiques
«En 2022, nous avons été confrontés à un certain nombre de catastrophes météorologiques dramatiques dont le bilan humain et économique a été beaucoup trop lourd et qui ont compromis la sécurité et les infrastructures dans les secteurs de la santé, de l’alimentation, de l’énergie et de l’eau. De vastes zones du Pakistan ont été inondées, entraînant d’importantes pertes économiques et humaines. Des vagues de chaleur records ont été observées en Chine, en Europe, ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud. La sécheresse qui perdure dans la Corne de l’Afrique risque de provoquer une catastrophe humanitaire», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas.
Le réchauffement de la planète et les autres tendances à long terme du changement climatique devraient se poursuivre en raison des niveaux records de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère. Selon le rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial pour l’année 2022, des vagues de chaleur extrêmes, des épisodes de sécheresse et des inondations dévastatrices ont touché des millions de personnes et entraîné des pertes économiques se chiffrant en milliards de dollars des États‑Unis. Fin décembre, de violentes tempêtes se sont abattues sur de vastes zones de l’Amérique du Nord. Des vents violents, de fortes chutes de neige et des températures basses ont provoqué des perturbations généralisées à l’est du continent, tandis que l’ouest était touché par de fortes pluies, d’importantes chutes de neige en montagne et des inondations.
«Il est nécessaire d’améliorer la préparation à ce type de phénomènes extrêmes et d’atteindre l’objectif des Nations Unies consistant à faire bénéficier tous les habitants de la planète de systèmes d’alerte précoce d’ici cinq ans», a ajouté M. Taalas. «Aujourd’hui, seule la moitié des 193 États Membres dispose de services d’alerte précoce dignes de ce nom, ce qui aggrave les bilans économique et humain. Il existe en outre de grandes carences dans les observations météorologiques de base en Afrique et dans les États insulaires, ce qui nuit gravement à la qualité des prévisions du temps.»
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Comprendre les chiffres
L’OMM procède à la synthèse de six jeux de données internationales afin de produire l’évaluation la plus fiable possible des températures. Ces mêmes données sont utilisées dans ses rapports annuels sur l’état du climat qui informent la communauté internationale sur les indicateurs climatiques mondiaux.
Compte tenu des différences parfois minimes entre les années, leur classement doit être envisagé sur le long terme. Depuis les années 1980, chaque décennie est plus chaude que la précédente. Cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir.
Les huit années les plus chaudes ont toutes été enregistrées depuis 2015, les années 2016, 2019 et 2020 arrivant en tête du classement. L’année 2016 a été marquée par un épisode El Niño d’une intensité exceptionnelle, qui a contribué à des températures records à l’échelle mondiale.
L’OMM utilise les jeux de données (fondés sur les relevés climatologiques des stations d’observation et des réseaux maritimes mondiaux de navires et de bouées) constitués et mis à jour par l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), le Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA, le Centre Hadley du Service météorologique du Royaume-Uni et la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (jeu de données HadCRUT) et le groupe Berkeley Earth.
Elle a aussi recours aux jeux de données de réanalyse émanant du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) et de son service Copernicus de surveillance du changement climatique, ainsi que du Service météorologique japonais (JMA). Elle peut ainsi combiner des millions de données d’observation météorologique et océanique, y compris satellitaires, en alimentant un modèle météorologique pour obtenir une réanalyse complète de l’atmosphère. L’association des observations et des valeurs modélisées permet d’estimer les températures à tout moment, partout dans le monde, même dans les régions où le réseau d’observation est peu dense, comme au voisinage des pôles.
Selon le jeu de données Berkeley Earth ainsi que les réanalyses ERA5 et JRA-55, 2022 se classe, en regard des valeurs nominales, à la cinquième place des années les plus chaudes. D’après les jeux de données HadCRUT5, NOAAGlobalTemp et NASAGISTEMP, elle obtient la sixième place. Néanmoins, il convient de noter que les différences de température entre les années figurant de la quatrième à la huitième place du classement sont relativement faibles.
Les légères différences entre ces jeux de données correspondent à la marge d’erreur du calcul de la moyenne de la température mondiale.
Les données relatives à la température seront intégrées dans le rapport final de l’OMM sur l’état du climat en 2022, qui sera publié en avril 2023. Ce document inclut des informations sur l’ensemble des grands indicateurs climatiques et sur certaines répercussions du changement climatique. Il s’agit d’une mise à jour du rapport provisoire paru en novembre 2022 à l’occasion de la COP 27.
L’Accord de Paris vise à contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels (période 1850‑1900) tout en continuant d’œuvrer pour la limiter à 1,5 °C. La température moyenne mondiale pour la période de dix ans comprise entre 2013 et 2022 est déjà supérieure d’environ 1,14 °C [1,02 à 1,27 °C] à sa valeur préindustrielle, une augmentation qui se rapproche de la limite inférieure que l’Accord de Paris tente de faire observer.
Le phénomène La Niña correspond au refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans le centre et l’est du Pacifique équatorial, associé à des variations de la circulation atmosphérique tropicale. Ses effets sur le temps et le climat sont en général à l’opposé de ceux de l’anomalie El Niño. La Niña a pour effet de refroidir temporairement les températures à l’échelle mondiale.
La version définitive et actualisée du rapport sur l’état du climat mondial en 2022 sera publiée et présentée officiellement en avril à l’occasion de la Journée de la Terre.
L’Organisation météorologique mondiale est l’organisme des Nations Unies
qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau
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Brigitte Perrin, Responsable de la communication stratégique (courriel: bperrin@wmo.int, tél. port.: +41 (0)79 513 05 12)