Genève, le 27 août 2020 - Selon le dernier bulletin Info-Niño/Niña publié par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), la probabilité de développement d'un épisode La Niña peu marqué entre septembre et novembre 2020 est estimée à 60 %. Cependant, alors que La Niña a tendance à induire un refroidissement à l'échelle mondiale, des températures supérieures à la moyenne devraient prédominer.
Phénomène naturel caractérisé par des fluctuations de la température de surface de la mer dans le Pacifique équatorial associées à des variations de la circulation atmosphérique, le phénomène El Niño/Oscillation australe (ENSO) exerce une grande influence sur les conditions météorologiques et climatiques et est associé à des aléas tels que de fortes pluies, des inondations et des sécheresses. En général, El Niño tend à faire monter la température à l’échelle du globe, alors que La Niña a l’effet contraire.
«Même si un phénomène La Niña se produit, le refroidissement qu'il induira ne suffira pas à contrebalancer l'impact du changement climatique dû aux activités humaines», a annoncé le Secrétaire général de l'OMM, M. Petteri Taalas.
«2020 est en passe de devenir l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées. Nous avons observé de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes allant de feux de forêt et de températures très élevées à des vagues de chaleur marines et des inondations dévastatrices», a-t-il déclaré. «Cette situation résulte en grande partie des gaz à effet de serre plutôt que de facteurs climatiques naturels», a-t-il expliqué.
D’après le bulletin saisonnier sur le climat de l'OMM, qui complète les bulletins Info-Niño/Niña, les températures de surface de la mer pour la période de septembre à novembre 2020 devraient être supérieures à la moyenne pour une grande partie du globe, ce qui aura une influence sur les températures de surface du sol.
Toujours selon le bulletin saisonnier sur le climat, «Les températures des surfaces terrestres ne sont généralement pas inférieures à la moyenne et la probabilité que des températures supérieures à la normale dominent est accrue…Le réchauffement planétaire contribue aussi à faire grimper la température de surface de la mer et la température de l’air».
En tenant compte de La Niña et d'autres phénomènes influençant le climat au plan régional, le bulletin saisonnier sur le climat indique aussi, pour la période de septembre à novembre, des probabilités élevées de précipitations saisonnières inférieures à la normale dans la corne de l'Afrique et en Afrique australe, dans le Pacifique ouest et sud-est, ainsi que dans le centre de l'Amérique du Nord. À l'inverse, il est très probable que les précipitations soient supérieures à la normale dans le sud et le sud-est de l'Asie et dans certaines régions de l'Australie.
Dans l'est du Pacifique tropical, les températures de surface devraient être inférieures à la moyenne et pourraient atteindre des valeurs caractéristiques du phénomène La Niña au dernier trimestre de 2020.
En se basant sur les prévisions des modèles et sur l'avis des experts, la probabilité de développement d’un épisode La Niña entre septembre et novembre 2020 est estimée à 60 %, tandis que celle d’un maintien des conditions neutres est de 40 % et celle d'un épisode El Niño est proche de zéro. Pour la période de décembre 2020 à février 2021, la probabilité d’occurrence d’un épisode La Niña diminue et passe à 55 %.
Le dernier épisode La Niña a eu lieu en 2017/18. Il s'agissait d'un événement de courte durée, d'intensité faible à modérée, qui a commencé à se manifester en novembre 2017 et s'est dissipé en avril 2018.
Notes à l’intention des rédacteurs
Les impacts de La Niña sur le climat mondial ne sont jamais exactement les mêmes: ils dépendent de l'intensité de l'épisode, du moment de l'année où il se déclare et des interactions avec d'autres facteurs climatiques, tant naturels qu'anthropiques.
Les anomalies La Niña sont souvent associées à une pluviométrie élevée dans l’est de l’Australie, en Indonésie, aux Philippines et en Thaïlande. Elles se manifestent d'ordinaire par une augmentation de la pluviométrie en Colombie et dans d'autres régions du nord de l'Amérique du Sud, ainsi qu'en Afrique australe, et par un déficit pluviométrique sur le littoral équatorien, dans le nord-ouest du Pérou, en Uruguay, dans certaines régions de l’Argentine, ainsi qu'en Afrique de l'Est équatoriale (par exemple en Somalie et dans l'est du Kenya).
Elles se traduisent par un courant-jet présentant une ondulation marquée au-dessus des États-Unis d’Amérique et du Canada pendant l’hiver boréal, accompagné de températures plus basses et de vents plus tempétueux que la normale dans le nord, et d’un temps plus clément et moins agité dans le sud.
Veuillez consulter le Service météorologique et hydrologique de votre pays pour de plus amples informations.
Le bulletin saisonnier sur le climat est actuellement en phase préopérationnelle.