Besoins des Services hydrologiques nationaux en matière de renforcement des capacités
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Services hydrologiques
De manière générale, un service hydrologique est une institution dont le champ d’activités principal est la fourniture d’informations sur le cycle de l’eau (ou cycle hydrologique) et sur l’état et l’évolution des ressources en eau d’un pays. Il peut s’agir (OMM-N° 1003, 2006):
- D’un Service hydrologique national (couverture nationale);
- D’une partie d’un Service hydrométéorologique national ou d’un Service météorologique et hydrologique national;
- D’un des principaux Services hydrologiques sectoriels;
- D’un Service hydrologique fédéral avec de nombreux Services hydrologiques régionaux/d’État.
Dans cet article, on traitera surtout des Services hydrologiques nationaux, dans la perspective que la plupart des questions soulevées et examinées s’appliquent tout aussi bien aux autres types de Services.
Rôle des Services hydrologiques nationaux
Les Services hydrologiques nationaux (SHN) ont pour mandat de fournir des renseignements exacts sur l’état et l’évolution des ressources en eau nationales. Ces renseignements sont utilisés, de manière générale, pour l’aménagement, la mise en valeur et la gestion de ces ressources en vue d’assurer le développement économique et social et la qualité de l’environnement.
À l’échelle internationale, on a besoin des données et informations relatives à l’eau pour les activités et programmes internationaux, ainsi que pour les expériences mondiales comportant des interactions entre les terres émergées, les océans et l’atmosphère.
Utilisations spécifiques des informations hydrologiques
La fourniture des informations sur les caractéristiques et l’évolution des ressources en eau d’un pays est requise dans les domaines d’application suivants (Guide des pratiques hydrologiques (OMM-N° 168)):
- L’estimation des ressources en eau du pays (quantité, qualité, répartition spatio-temporelle), les potentialités en matière de développement de ces ressources, la capacité à satisfaire les besoins présents et futurs;
- La planification, la conception et la mise en œuvre de projets liés à l’eau;
- L’estimation de l’impact environnemental, économique et social des pratiques de gestion actuelles ou envisagées des ressources en eau et l’adoption de stratégies et de politiques adaptées;
- L’estimation de l’impact sur les ressources en eau des activités non liées directement à leur exploitation telles que l’urbanisation ou l’exploitation forestière;
- La sécurité des personnes et des biens contre les risques liés à l’eau, en particulier les crues et les sécheresses.
Fonctions et responsabilités d’un Service hydrologique
Afin de satisfaire les besoins relatifs à la fourniture d’informations exactes et fiables sur les ressources en eau, un Service hydrologique doit prendre en charge les fonctions et activités suivantes (Guide des pratiques hydrologiques (OMM-N° 168)):
- Établir les besoins des utilisateurs actuels ou futurs en matière d’informations sur les ressources en eau;
- Établir des normes (exactitude, précision, opportunité, disponibilité, etc.) pour les données nécessaires à la satisfaction des besoins;
- Concevoir et réaliser des réseaux hydrométriques relatifs aux différents types de données nécessaires;
- Développer des méthodes de transposition des informations depuis les sites observés vers d’autres sites à l’intérieur de la région pour laquelle le réseau est représentatif;
- Collecter les données et contrôler la qualité du relevé des données par inspection des équipements et des pratiques de terrain;
- Traiter et archiver les données et contrôler la qualité et la sécurité des données archivées;
- Assurer l’accessibilité des données aux utilisateurs pour les périodes, les lieux et selon les spécifications demandées, notamment:
- Diffusion des prévisions hydrologiques et des avis;
- Publication d’annuaires de données de base;
- Publication de rapports sur les ressources en eau faisant une synthèse des données analysées (ceci peut se traduire par la publication d’atlas hydrologiques ou la réalisation de bases de données accessibles par les systèmes d’information géographiques);
- Information sur les fréquences de crues pour la conception des projets;
- Informer les utilisateurs potentiels sur les informations disponibles et les aider à en faire le meilleur usage;
- Développer de nouvelles techniques et procéder à des recherches sur les processus hydrologiques ou qui leur sont liés afin de faciliter l’interprétation et la compréhension des données par les utilisateurs;
- Développer la formation continue du personnel et les autres activités relevant du maintien de la qualité, telles que la réalisation de manuels d’utilisation ou rapports d’évaluation sur de nouveaux équipements de mesure;
- Assurer la coordination avec les autres agences qui collectent des données relatives aux ressources en eau ou d’autres données utiles, telles que les données hydrologiques, l’utilisation de l’eau, la topographie, l’utilisation des terres ou le climat;
- Représenter les intérêts nationaux au sein d’organismes internationaux concernés par les questions relatives à l’eau.
Un organigramme des fonctions d’un Service hydrologique apparaît ci-dessous:
Renforcement des capacités
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Les trois éléments fondamentaux du renforcement des capacités sont le renforcement ou le développement des institutions, de leurs systèmes de gestion et de leurs ressources humaines (Déclaration de Delft, Delft, 1991).
Selon Action 21 (chapitre 18) de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, le renforcement des capacités en matière d’évaluation des ressources en eau comprend quatre composantes fondamentales indissociables:
- Création de l’environnement voulu avec les cadres politiques et juridiques appropriés;
- Renforcement et développement des institutions, avec la participation des communautés locales;
- Mise en valeur des ressources humaines, y compris le renforcement des systèmes de gestion et des intérêts des usagers de l’eau;
- Accroissement de la sensibilisation et éducation à tous les niveaux.
Afin d’être en mesure de remplir son mandat, de s’acquitter de ses fonctions et de fournir les services attendus, un SHN doit renforcer ses capacités institutionnelles, opérationnelles et en ressources humaines.
Renforcement des capacités institutionnelles
Cadre juridique, administratif et gestionnel
Afin de renforcer les capacités institutionnelles, il faut d’abord disposer d’un environnement propice, avec un cadre juridique et administratif qui confère au SHN un mandat clair et les fonctions inhérentes à une agence ou à l’une des agences responsables de la collecte et de la diffusion des données hydrologiques. De plus, un SHN a besoin de disposer d’un système de gestion qui couvre tous les niveaux: stratégique, tactique et opérationnel.
Gestion de la qualité
Outre le cadre de travail pour l’administration et la gestion quotidiennes, le contexte actuel exige d’un SHN qu’il incorpore la gestion de qualité dans son système gestionnel.
Cadre de référence de l’OMM pour la gestion de la qualité
La nécessité croissante de satisfaire les besoins des clients en matière de fourniture de services et produits hydrologiques requiert l’intégration d’un système de gestion de la qualité dans la structure opérationnelle d’un SHN. L’actuel cadre de référence de l’OMM pour la gestion de la qualité (QMF) dans le domaine de l’hydrologie, quoique utile, n’est pas en mesure de combler les attentes des SHN en matière de gestion de la qualité. Pour aider les Services dans ce domaine, il n’existe à l’heure actuelle qu’une série de textes d’orientation technique (règlements, manuels, guides, directives). Ces documents mettent surtout l’accent sur les aspects techniques des systèmes d’observation et des mesures. Le document le plus récent concernant la gestion de la qualité est la publication intitulée Guidelines on the Role, Operation and Management of National Hydrological Services (Directives relatives au rôle, au fonctionnement et à la gestion des Services hydrologiques nationaux) (WMO-No. 1003 (2006)), qui s’est révélée utile pour les SHN. Mais le QMF dans le domaine de l’hydrologie n’est pas en mesure de satisfaire les besoins des Services en matière de système de gestion de la qualité.
Système de gestion de la qualité
Un système de gestion de la qualité (SGQ) ne touche pas seulement aux aspects techniques du fonctionnement d’un SHN; il doit procéder d’une approche globale. On peut le définir comme l’ensemble de l’organisation, des procédures, des processus et des moyens nécessaires pour mettre en œuvre une politique de gestion de la qualité. Celui-ci vise à optimiser les activités d’un Service en vue de satisfaire les exigences et besoins des clients. L’introduction d’un SGQ, fondé, par exemple, sur les principes de la norme ISO 9001—version 2000 sur les systèmes de management de la qualité, assure le contrôle qualité, l’assurance qualité et l’amélioration de la qualité au sein d’un SHN. Les principes de cette norme sont les suivants: l’écoute client, le leadership, l’implication du personnel, l’approche processus, le management par approche système, l’amélioration continue, l’approche factuelle pour la prise de décisions et les relations mutuellement bénéfiques avec les fournisseurs.
Afin de mettre en place un SGQ, basé sur les principes de la norme ISO 9000—version 2000, un SHN doit appliquer au moins six procédures documentées, à savoir le contrôle des documents, le contrôle des dossiers, la vérification interne, le contrôle des produits non conformes, les mesures correctives et les mesures préventives.
Soulignons qu’il existe d’autres systèmes de gestion de la qualité, notamment le Malcolm Baldridge National Quality Programme, le Six Sigma Programme et le modèle de la Fondation européenne pour la gestion de la qualité.
Besoins en infrastructures
Avec la dégradation et l’usure des réseaux, les SHN se doivent de renouveler ou de maintenir en état l’infrastructure nécessaire pour s’acquitter des fonctions de base relatives à la collecte des données hydrologiques. Cette infrastructure comprend un réseau limnimétrique pour le recueil des données et un réseau de stations de transmission des données en temps réel par télémétrie ou satellite. Elle peut être complétée par l’acquisition d’instruments récents et efficaces sur le plan des coûts et de la précision, comme les plongeurs, les enregistreurs de données, les capteurs radar pour mesurer les niveaux d’eau et les profileurs de courant à effet
Doppler (ADCP) pour mesurer le débit. La téléphonie mobile constitue aussi un moyen rentable de communiquer les données en temps réel ou quasi réel.
Le passage des simples instruments de levée et de nivellement aux stations de mesure totale et systèmes de positionnement global (GPS) facilite grandement la collecte des données physiographiques en augmentant l’efficacité et en réduisant les effectifs et le temps nécessaires.
Dans le domaine des mesures de la qualité de l’eau et de la sédimentation, les besoins des SHN vont des échantillonneurs et laboratoires portables pour les travaux in situ à un laboratoire fixe pour les analyses plus complexes.
Les Services doivent également être dotés d’installations de soutien: ateliers de réparation des instruments et équipements de terrain, bibliothèques bien fournies renfermant les ouvrages de référence pertinents et des revues récentes permettant de se tenir au courant des techniques et pratiques les plus évoluées. Un bon service Internet haute vitesse à bande large avec messagerie électronique est également indispensable.
Traitement et diffusion des données
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Le traitement et la diffusion des données comptent parmi les activités centrales des SHN. Pour être efficaces dans ce secteur, ceux-ci doivent acquérir des systèmes de traitement, d’archivage et de gestion des données hydrologiques en mesure de faire face au volume croissant de données recueillies, ou améliorer leurs installations existantes. Face au danger constant que représentent les virus, les SHN doivent accorder une plus grande attention à la sécurité et à la protection des données en allant au-delà des sauvegardes courantes. Les ordinateurs les plus récents sont dotés d’un système à disques durs multiples qui reproduisent en miroir les informations présentes sur le disque dur actif, améliorant ainsi la sécurité. De nombreux logiciels de gestion des données hydrologiques offrent des capacités de publication qui renforcent la diffusion de l’information; les autres technologies dont les SHN devraient tirer avantage sont la production de CD, la messagerie électronique et, selon les politiques nationales, la diffusion par Internet.
Renforcement des capacités opérationnelles
La limite entre les capacités opérationnelles et institutionnelles est mince et non clairement définie et le chevauchement est fréquent. La différence essentielle est que l’on peut considérer les capacités institutionnelles comme une «capacité installée» permettant à un SHN de remplir son mandat et de fournir les services attendus, alors que les capacités opérationnelles donnent les moyens d’utiliser la «capacité installée» pour procurer ces services.
Les capacités opérationnelles englobent donc la fourniture d’une logistique, comme les véhicules pour le travail sur le terrain, avec un budget adéquat pour les frais d’exploitation et autres. Ce budget peut être établi à partir de fonds gouvernementaux et de la création de conditions propices au recouvrement des coûts et à la génération de revenus internes provenant de la fourniture des services, en vue d’établir un mécanisme de financement autonome pour les frais d’exploitation.
L’aptitude à générer de manière durable des revenus est principalement liée à la prestation de services hydrométriques sur commande, par exemple l’établissement et la classification de stations, la surveillance des stations de collecte des données et de détection des polluants et contaminants, les analyses hydrologiques pour des projets, la prévision des débits, des crues et des sécheresses, l’élaboration de produits hydrologiques et la réalisation d’études d’impact sur l’environnement axées sur l’eau. La vente de données n’est ni viable ni durable. Afin d’être en mesure d’élaborer des produits hydrologiques utiles, un SHN doit développer de fortes capacités de modélisation en faisant l’acquisition de logiciels d’applications hydrologiques et en maîtrisant leur utilisation ainsi qu’en ayant recours à des outils, routines et procédures de systèmes d’information géographique (SIG).
Outre la fourniture de produits et services, les SHN sont tenus de renforcer leurs capacités à ajouter de la valeur aux données et informations recueillies en se servant de leur expertise pour formuler des recommandations en vue de faire face à certaines conditions et certains enjeux, dans le cadre de systèmes et outils d’avis et d’aide à la décision destinés aux clients et utilisateurs finals. Les domaines qui pourraient surtout bénéficier de ces systèmes sont l’adaptation aux répercussions des changements climatiques sur les ressources en eau, la gestion de l’environnement, la gestion des crues et des sécheresses, la prévention et la gestion des catastrophes d’origine hydrique et l’abondance et la répartition des ressources en eau à différents emplacements.
Il importe d’organiser des campagnes de publicité, de sensibilisation et d’information pour les services, produits et systèmes/outils d’aide à la décision qu’un SHN peut offrir aux utilisateurs finals. Le recours au réseau Internet et au Web est devenu un autre moyen utile de diffuser l’information. L’élaboration des produits et services doit tenir compte des besoins des utilisateurs finals, définis grâce aux contacts entretenus avec eux.
Renforcement des capacités en ressources humaines
Il est crucial de disposer de ressources humaines suffisantes dotées des qualifications adéquates à tous les niveaux: stratégique, tactique et opérationnel.
Les ressources humaines dont disposent normalement les SHN sont les suivantes:
- Techniciens auxiliaires, généralement avec des études de niveau secondaire et une formation technique réduite;
- Techniciens supérieurs, généralement avec des études de niveau secondaire et une formation technique spécialisée sans diplôme d’études supérieures;
- Spécialistes, avec un diplôme d’études supérieures en hydrologie ou en génie civil, génie agricole, physique, mathématiques, science informatique, statistiques, géologie, géographie, biologie ou chimie et formation spécialisée dans un ou plusieurs des sous-domaines de l’hydrologie ou de l’évaluation des ressources en eau.
Dans le cas des spécialistes, deux grandes orientations sont possibles en hydrologie: sciences de la terre ou génie. Un SHN équilibré se doit de détenir de l’expertise dans ces deux orientations.
En plus des techniciens et spécialistes, un SHN a besoin de personnel ayant des compétences en gestion au niveau stratégique, tactique et opérationnel et d’effectifs d’appui en administration, personnel, comptabilité et informatique. Afin de satisfaire les demandes des clients et les exigences croissantes relatives à la gestion de la qualité dans les organismes fournisseurs de services, il est nécessaire de développer l’expertise nécessaire pour introduire et mettre en œuvre un système de gestion de la qualité.
Les facteurs clefs de réussite en matière de mise en œuvre d’un système de gestion de la qualité au sein d’un SHN, avec le concours de tout le personnel du service, sont les suivants:
- Engagement total de la direction. Cela requiert une affectation adéquate des ressources et la participation de la direction à la mise en œuvre du système;
- Ralliement, engagement et compréhension de tout le personnel. Cela comprend la préparation nécessaire pour assumer de nouvelles responsabilités, comme des contrôles quotidiens de cohérence et d’autres processus de contrôle de qualité;
- Formation adéquate à la fois de la direction et du personnel.
La mise en valeur des ressources humaines doit être orientée par la vision, la mission et les objectifs du service, être budgétisée adéquatement et mise en œuvre en tant qu’activité régulière. Elle doit par conséquent viser à évaluer correctement les différents niveaux de fonction, ainsi qu’à remplacer ou renouveler les effectifs perdus suite à des départs à la retraite, des promotions à des postes administratifs ou de gestion d’échelon supérieur, des démissions et des départs naturels. On doit appliquer une stratégie de mise en valeur des ressources humaines fondée sur l’évaluation des besoins en effectifs du SHN et des besoins de formation des employés et sur l’enseignement et la formation continue destinés à la direction et au personnel. Afin de mettre en place un système global de perfectionnement des ressources humaines, le programme d’enseignement et de formation continue doit être complété par l’attribution appropriée des niveaux de responsabilité au sein du Service pour que le personnel acquière l’expérience et la confiance voulues.
La formation continue doit tirer avantage de tous les modes de formation possibles: formation en cours d’emploi, études supérieures au sein d’établissements d’enseignement, cycles d’études, stages de formation et conférences, et formation continue et perfectionnement professionnel.
Formation en cours d’emploi
La formation en cours d’emploi ou formation interne est surtout destinée aux techniciens auxiliaires et aux techniciens supérieurs et spécialistes nouvellement recrutés.
Outre l’acquisition de connaissances techniques, elle offre au personnel la possibilité de connaître l’orientation du Service. Comme son nom l’indique, la formation en cours d’emploi permet aux effectifs de continuer d’assurer leur fonction tout en bénéficiant d’un enseignement théorique et pratique. Les résultats sont plus probants lorsque l’on a recours à des documents écrits et des manuels. L’OMM devrait envisager de collaborer avec les SHN en vue d’élaborer ce matériel didactique, notamment pour la normalisation de la formation des techniciens. La formation interne devrait aussi comprendre des cours de recyclage pour le personnel à tous les échelons. Dans la mesure du possible, on devrait profiter des possibilités de détachement et de stage dans un autre établissement, afin d’élargir les perspectives du personnel touché. Une rotation des affectations au sein du Service peut aussi donner des résultats semblables.
Études supérieures dans des établissements d’enseignement
Les études supérieures en hydrologie et disciplines connexes s’étalent généralement sur une période allant de six à 24 mois et concernent le personnel ayant déjà un diplôme de niveau supérieur. Ces cours, qui sont dispensés dans des universités et des établissements spécialisés, peuvent permettre d’obtenir un diplôme de deuxième ou troisième cycle; peu d’établissements offrent un programme complet d’enseignement en hydrologie au premier cycle. Le personnel peut ainsi acquérir des compétences reconnues en hydrologie ou technique des ressources en eau. Avec la hausse des besoins en matière d’activité de recherche au sein des SHN, on devrait encourager les efforts visant à aider les employés qui présentent les dispositions nécessaires à obtenir un doctorat afin de diriger les recherches au sein de leur service. Certains établissements offrent des cours spécialisés destinés aux techniciens supérieurs. Les Centres régionaux de formation professionnelle de l’OMM sont particulièrement utiles et devraient être renforcés et implantés dans un plus grand nombre de régions.
Cycles d’études, stages de formation et conférences
Les cycles d’études, stages de formation et conférences sont des manifestations de courte durée qui sont bien adaptées aux besoins des techniciens supérieurs et des spécialistes. Ils offrent la possibilité d’acquérir des compétences dans un aspect de l’hydrologie, de se familiariser avec de nouvelles méthodologies et d’échanger des idées avec d’autres spécialistes et de les enrichir mutuellement. Ces activités peuvent être organisées par des organisations, sociétés ou associations professionnelles locales et par des organismes régionaux ou internationaux comme l’OMM, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Elles offrent les conditions idéales pour se tenir au courant de l’évolution du secteur.
Formation continue et perfectionnement professionnel
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Afin de demeurer à jour et efficace au sein du Service, chaque membre du personnel d’un SHN doit garder à l’esprit la formation continue et le perfectionnement professionnel. Pour la plupart des hauts fonctionnaires, c’est le moyen d’obtenir une formation reconnue en gestion et en administration. Cette formation en gestion est dispensée par des collèges nationaux spécialisés dans la fonction publique ou dans le cadre d’études à temps partiel dans une université ou un établissement d’enseignement en gestion. On peut aussi s’inscrire à des programmes de télé-enseignement et d’enseignement en ligne, non seulement en gestion mais également en hydrologie et en ressources en eau. La formation continue offre l’avantage d’accroître la profondeur et la portée des compétences du personnel; elle doit donc être suivie de manière consciencieuse et appliquée. Afin de contribuer à l’élargissement de ses connaissances en hydrologie et en ressources en eau, les spécialistes devraient envisager d’entreprendre des études en recherche à temps partiel menant à un doctorat ou de participer à des programmes du type alterné qui sont de plus en plus nombreux. La combinaison d’une expérience pratique dans l’industrie et d’études théoriques en recherche peut être une approche très intéressante pour l’étude et la pratique de l’hydrologie et de la mise en valeur des ressources en eau.
Pour atteindre ses objectifs, un SHN doit développer ses ressources humaines et capacités à fournir services, produits et systèmes/outils d’aide à la décision à ses clients, à ses utilisateurs finals et à la population en général. L’acquisition de logiciels d’application et d’outils de modélisation permet aussi aux SHN de satisfaire les attentes de la société.
Outre les logiciels d’application et les outils de modélisation, il faut mettre sur pied un groupe de modélisateurs et de concepteurs de produits pour soutenir cette activité, avec l’appui d’un mécanisme intégré de transfert d’expertise et de techniques à d’autres collègues.
Un bon point de départ est de faire appel au mécanisme de transfert de technologie de l’OMM: le Système hydrologique opérationnel à fins multiples (SHOFM). Celui-ci facilite le transfert de technologie entre les SHN en mettant l’accent sur le partage de technologies mises au point par les Services qui ne sont normalement pas disponibles sur le marché. Les composantes du SHOFM comprennent notamment des descriptions de manuels techniques et de programmes informatiques qui ont été testés et utilisés par un SHN en tant que contributions au Système. Le Service peut ensuite compléter le SHOFM par des logiciels d’application vendus dans le commerce.
Les SHN doivent aussi faire appel aux nouvelles technologies afin d’améliorer les résultats des modèles et des prévisions. Par exemple, parmi les technologies de pointe en modélisation et prévision hydrologiques, soulignons la prévision numérique du temps et l’estimation des précipitations par radar et satellite.
Ces apports, alliés aux grands progrès accomplis au niveau de la modélisation spatiale, comme les modèles numériques des hauteurs et les outils SIG, offrent la possibilité d’accroître sensiblement l’exactitude des modèles hydrologiques. Ces techniques de modélisation amé-
liorées devraient permettre d’obtenir de meilleurs produits, messages avis et systèmes/outils d’aide à la décision, notamment les prévisions et avis de crue, les cartes de plaines inondables et d’inondations et les prévisions de débit pour la gestion des réservoirs.
Malheureusement, l’expertise des SHN dans l’utilisation de ces outils de modélisation et de prévision est très limitée. Ceux-ci ont donc besoin de renforcer leurs capacités à employer les ressources offertes par les Services météorologiques nationaux.
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Cartographie hydrologique |
Conclusion
Les besoins des Services hydrologiques nationaux en matière de renforcement des capacités couvrent trois grands domaines. Les capacités institutionnelles comprennent l’établissement de cadres juridiques et administratifs et d’un système de gestion, la mise en œuvre d’un système de gestion de la qualité, l’élaboration et la mise en place d’une infrastructure pour la collecte et la transmission des données et le développement de capacités de traitement et de diffusion des données.
Le renforcement des capacités opérationnelles se rapporte à la logistique nécessaire pour le travail sur le terrain et aux budgets pour les frais d’exploitation, ainsi qu’aux conditions propices à la génération de revenus par le biais d’un système de recouvrement des coûts et, éventuellement, d’un mécanisme de financement autonome pour les frais d’exploitation. Il englobe aussi l’élaboration de systèmes pour la fourniture de services, produits et outils d’aide à la décision aux utilisateurs finals et clients, ainsi que d’un mécanisme de diffusion efficace destiné à satisfaire les besoins des clients.
Le renforcement des capacités en ressources humaines est fonction de la vision, du mandat et des objectifs d’un SHN et doit constituer un processus continu visant à renouveler les ressources humaines de manière à ce que le Service puisse faire face aux grands enjeux sur le plan interne et externe. Ces capacités comprennent le perfectionnement technique, professionnel et gestionnel, compte tenu des besoins spécifiques de chaque catégorie de personnel et des besoins du Service en matière de ressources humaines afin que celui-ci puisse assurer sa durabilité. Il faut apporter une attention spéciale à la mise en œuvre d’un système de gestion de la qualité.
Pour la mise en valeur totale des ressources humaines, le programme d’enseignement et de formation continue doit être complété par l’attribution de niveaux de responsabilité appropriés après la formation afin de permettre au personnel d’acquérir l’expérience et la confiance voulues. Les modes de formation pour toutes les catégories de personnel comprennent la formation en cours d’emploi, les études supérieures dans des établissements d’enseignement, les cycles d’études, stages de formation et conférences, et la formation continue, le perfectionnement professionnel et l’auto-amélioration.
Les SHN devraient viser à mettre en valeur leurs ressources humaines de manière à fournir les services, produits et systèmes/outils d’aide à la décision voulus aux clients et utilisateurs finals. Le personnel a besoin de suivre des formations spécialisées afin d’améliorer les techniques de modélisation et d’être notamment en mesure d’utiliser les résultats et les produits de technologies de pointe, comme la prévision numérique du temps et les estimations des précipitations par radar et satellite, dans les modèles et prévisions hydrologiques. Il convient aussi de renforcer les capacités de recherche.
En conclusion, tous les aspects du renforcement des capacités doivent contribuer à aider les SHN à assurer de manière plus efficace leurs fonctions de base relativement à l’acquisition, au traitement et à la diffusion des données ainsi qu’à l’élaboration de produits à valeur ajoutée et de systèmes et outils d’aide à la décision.
Bibliographie
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Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED), 1992: Action 21, Chapitre 18—Protection des ressources en eau douce et de leur qualité, Rio de Janeiro.
OMM, 1994: Guide des pratiques hydrologiques (5e édition), OMM-N° 168, Genève.
WMO, 2006: Guidelines on the role, operation and management of National Hydrological Services. WMO-No. 1003, Genève.
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