L’OMM publie son bulletin sur les poussières atmosphériques au moment où un nuage de poussière d’une superficie record s’étend sur les Caraïbes

29 juin 2020

L’OMM a publié son bulletin annuel sur les poussières atmosphériques qui traite de l’incidence et des dangers des tempêtes de sable et de poussière, lesquels ont été mis en évidence par le gigantesque panache saharien qui a recouvert une grande partie des Caraïbes.

L’OMM a publié son bulletin annuel sur les poussières atmosphériques qui traite de l’incidence et des dangers des tempêtes de sable et de poussière, lesquels ont été mis en évidence par le gigantesque panache saharien qui a recouvert une grande partie des Caraïbes.

Ce panache de poussière provenant d’Afrique du Nord est arrivé dans les Caraïbes orientales le 17 juin. Il a depuis lors recouvert une large partie des grandes Antilles depuis le sud-est de la région, au large de la côte nord de l’Amérique du Sud, jusqu’à la péninsule du Yucatan (Mexique), au nord et à l’ouest.

La tempête de poussière a assombri le ciel, contaminé l’eau de pluie et fortement réduit la visibilité. Elle constitue également un risque important pour la santé. La poussière africaine est transportée chaque année à travers l’Atlantique. Mais cette année, le phénomène est particulièrement intense et étendu.

«Les tempêtes de sable et de poussière constituent de graves dangers qui peuvent avoir une incidence sur le temps, le climat, l’environnement, la santé, l’économie, les transports et l’agriculture dans de nombreuses régions du monde», a déclaré Mme Oksana Tarasova, cheffe de la Division de la recherche sur l’environnement atmosphérique de l’OMM. «La tempête de poussière qui sévit actuellement et affecte la vie quotidienne de la population dans les Caraïbes montre toute l’importance que revêtent les services de prévision et d’alerte».

La Martinique, la Guadeloupe et Porto Rico ont classé le niveau de la qualité de l’air dans la catégorie «dangereux» avec des valeurs record pour le PM10 – une matière particulaire qui peut pénétrer dans les poumons et causer des problèmes respiratoires et des maladies. La Martinique et la Guadeloupe ont signalé des concentrations de PM10 supérieures à 400 microgrammes par mètre cube (µg/m3). Porto Rico a enregistré des concentrations de PM10 supérieures à 500 µg/m3, soit les valeurs les plus élevées jamais observées au cours des 20 dernières années.

Les mesures de l’épaisseur optique des aérosols (AOT) en Martinique, en Guadeloupe, à Porto Rico et à la Barbade ont atteint des niveaux record. L’Université de Porto Rico a enregistré les coefficients de diffusion des aérosols les plus élevés jamais relevés depuis le début des mesures, selon le professeur Olga L. Mayol-Bracero du Département des sciences de l’environnement de l’Université de Porto Rico, et Mme Andrea Sealy, météorologue à l’Institut de météorologie et d’hydrologie des Caraïbes et présidente du Groupe directeur régional panaméricain du Système d’annonce et d’évaluation des tempêtes de sable et de poussière (SDS-WAS) de l’OMM.

«Il s’agit d’un nuage de poussière d’une étendue véritablement record» ont-elles déclaré.

Les tempêtes de sable et de poussière sont des risques météorologiques courants dans les régions arides et semi-arides. Elles sont généralement causées par des orages – ou de forts gradients de pression associés à des dépressions – qui augmentent la vitesse du vent sur une large zone. Ces vents violents soulèvent dans l’atmosphère de grandes quantités de sable et de poussière qui peuvent parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres.

On estime que quelque 2 milliards de tonnes de poussière sont rejetées dans l’atmosphère chaque année. Il s’agit essentiellement d’un processus naturel, mais une part non négligeable du phénomène résulte d’une mauvaise gestion de l’eau et des terres.

Le Système d’annonce et d’évaluation des tempêtes de sable et de poussière de l’OMM vise à fournir des services de prévision et d’alerte opérationnels pour diverses régions du monde dans le cadre d’une approche coordonnée à l’échelle planétaire, afin de réduire les incidences de ce phénomène sur l’environnement, la santé et l’économie.

Il regroupe des centres régionaux qui fournissent des prévisions pour l’Asie, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Europe et les Amériques.

Afin de diffuser régulièrement des informations scientifiques, l’OMM publie chaque année un bulletin sur les poussières atmosphériques.

Son dernier bulletin indique que la distribution spatiale de la concentration de poussière minérale à la surface du globe en 2019 est, d’un point de vue général, similaire à celle de 2018.

The annual mean surface concentration of mineral dust in 2019
Figure 1. Concentration annuelle moyenne en surface de poussière minérale en 2019

On observe très distinctement, dans l’hémisphère Nord, la ceinture composée des principales sources de poussière, dont l’Afrique du Nord et l’Afrique centrale, la péninsule arabique, le nord de l’Inde, l’Asie centrale et les déserts du nord-ouest et du nord de la Chine.

Selon les estimations, c’est dans certaines régions du Tchad en Afrique centrale que les concentrations de poussière maximales (~900-1100 µg/m3) ont été observées. Des valeurs élevées ont aussi été relevées dans certaines régions de la péninsule arabique, en Asie centrale, sur le plateau iranien et dans le nord-ouest de la Chine (concentrations de masse oscillant entre 300 et 600 μg/m3 environ).

Dans l’hémisphère Sud, les concentrations de poussière ont atteint leur niveau le plus élevé (~200 µg/m3) dans certaines parties de l’Australie centrale et sur la côte ouest de l’Afrique du Sud.

À partir de là, la poussière a été transportée vers les régions avoisinantes, notamment le nord de l’océan Atlantique tropical entre l’Afrique de l’Ouest et les Caraïbes, l’Amérique du Sud, la mer Méditerranée, la mer d’Oman, le golfe du Bengale, le centre-est de la Chine, la péninsule coréenne et le Japon, ce qui démontre l’impact important que peut avoir ce phénomène sur de nombreuses régions du monde.

Dans la plupart des régions touchées par un panache de poussière, la concentration de poussière en surface observée en 2019 était supérieure à la moyenne climatologique, sauf dans certaines parties de l’Afrique du Nord, notamment la Mauritanie, le Mali, l’Algérie, l’ouest de la Libye, le Soudan, le Niger, le Nigeria et le Tchad; en Asie centrale; dans le centre de l’Arabie; en Iraq; dans le centre-nord de la Chine; et dans le centre-ouest de l’Australie (figure 2).

Parmi les «points chauds» correspondant aux régions où les concentrations de poussière ont été les plus élevées figurent l’Égypte, le nord-est de la Libye, la mer Rouge, le sud de l’Arabie et le nord-ouest de la Chine.

The anomaly of the annual mean surface concentration of dust in 2019
Figure 2. Anomalie de la concentration annuelle moyenne de poussière en surface en 2019 par rapport à la moyenne pour la période 1981–2010
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