La Niña est bien là

29 octobre 2020

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), un épisode La Niña s’est développé et devrait perdurer jusqu’à l’année prochaine, influant sur les températures, les précipitations et la configuration des tempêtes dans de nombreuses régions du monde.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), un épisode La Niña s’est développé et devrait perdurer jusqu’à l’année prochaine, influant sur les températures, les précipitations et la configuration des tempêtes dans de nombreuses régions du monde.

L’annonce à l’échelle mondiale d’un épisode La Niña permet aux gouvernements de prendre les mesures de planification nécessaires dans les secteurs sensibles au climat comme l’agriculture, la santé, les ressources en eau et la gestion des catastrophes. L’OMM renforce actuellement le soutien qu’elle apporte et les conseils qu’elle prodigue aux organismes humanitaires internationaux pour tenter de réduire l’impact du phénomène sur les populations les plus vulnérables, à l’heure où les moyens d’action sont mis à rude épreuve en raison de la pandémie de COVID-19.

L’épisode La Niña de cette année devrait être d’intensité modérée à forte. Le dernier épisode de forte intensité remonte à 2010/11, et a été suivi d’un épisode modéré en 2011/12.

Le phénomène La Niña correspond au refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans le centre et l’est du Pacifique équatorial, associé à des variations de la circulation atmosphérique tropicale, autrement dit des vents, de la pression et des précipitations. Ses effets sur le temps et le climat sont en général l’opposé de ceux de l’anomalie El Niño, qui est la phase chaude du phénomène El Niño-oscillation australe (ENSO).

«Les phénomènes El Niño et La Niña sont des facteurs naturels déterminants du système climatique de la Terre. Mais tous les phénomènes climatiques d’origine naturelle s’inscrivent désormais dans un contexte de changement climatique d’origine anthropique qui accentue les conditions météorologiques extrêmes et affecte le cycle de l’eau», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas.

«La Niña a généralement pour effet de refroidir la température à l’échelle mondiale, mais ce refroidissement est plus que compensé par la chaleur piégée dans notre atmosphère par les gaz à effet de serre. Par conséquent, 2020 est toujours en passe de devenir l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées et 2016–2020 devrait être la période de cinq ans la plus chaude de l’histoire», a déclaré M. Taalas. «Les années à Niña sont aujourd’hui même plus chaudes que les années à fort Niño que l’on a connues».

Dans son bulletin Info-Niño/Niña, l’OMM estime qu’il est très probable (90 %) que les températures de surface du Pacifique tropical continuent de correspondre à une anomalie La Niña jusqu’à la fin de 2020, voire jusqu’au premier trimestre de 2021 (55 %). Cela fait suite à plus d’un an de valeurs neutres par rapport au phénomène ENSO (c’est-à-dire ne s’apparentant ni à une anomalie El Niño ni à une anomalie La Niña). Le bulletin est établi sur la base des prévisions émanant des centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance et de l’analyse des experts.

Il faut garder à l’esprit que les phénomènes El Niño et La Niña ne sont pas les seuls facteurs qui déterminent les régimes climatiques à l’échelle du globe et des régions. Il n’y a pas deux épisodes La Niña ou El Niño identiques, et leurs effets sur les climats régionaux peuvent varier en fonction de la période de l’année et d’autres facteurs. C’est pourquoi les décideurs devraient toujours être au fait des dernières prévisions saisonnières pour disposer des informations les plus récentes.

C’est la raison pour laquelle l’OMM élargit aujourd’hui la palette existante d’informations saisonnières fournies dans le cadre des forums nationaux et régionaux sur l’évolution probable du climat et a augmenté la fréquence de parution du bulletin saisonnier sur le climat, qui passe de trimestrielle à mensuelle. Outre El Niño et La Niña, le bulletin prend en considération l’influence d’autres facteurs climatiques, tels que l’oscillation nord‑atlantique et le dipôle de l’océan Indien, afin d’évaluer les effets qu’ils peuvent avoir sur la température de surface et le régime des précipitations au niveau régional et étayer ainsi pour une grande part les discussions sur les prévisions saisonnières avec les organisations du système des Nations Unies et d’autres partenaires.

WMO Global Seasonal Climate Update – Precipitation and Temperature plots for Nov – Jan 2021

Global Seasonal Climate Update 29.10.2020

Planification des interventions humanitaires

Suite aux effets dévastateurs de l’épisode El Niño de 2015/16, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’OMM et les organisations humanitaires se sont réunies pour mettre en place ce que l’on appelle la cellule ENSO afin de s’assurer que les organisations du système des Nations Unies et les partenaires dans le domaine humanitaire reçoivent les conseils pratiques dont ils ont besoin. Cette cellule fournit actuellement des conseils axés sur les impacts aux organismes des Nations Unies et aux décideurs dans le domaine humanitaire. Les informations saisonnières sur le climat provenant de l’OMM et d’autres centres d’expertise sont intégrées dans une évaluation plus globale de la situation humanitaire afin d’identifier les domaines considérés comme étant les plus à risque. La sécurité alimentaire, la capacité d’adaptation et un certain nombre d’autres facteurs sont combinés afin d’avoir une vision plus holistique de la vulnérabilité proprement dite.

Des travaux sont en cours pour étendre cet appui au système humanitaire. Il s’agit de mettre en place un mécanisme de coordination spécial destiné à mettre l’expertise de la communauté météorologique directement au service des décideurs afin de sauver des vies et préserver les moyens de subsistance. Cela permettra de disposer de prévisions à différentes échelles de temps pour la gestion des catastrophes, comme ce fut le cas lors des récentes inondations au Soudan, lorsque l’OMM a fourni des informations hydrométéorologiques au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

La Niña 2020 en résumé

Les prévisions saisonnières les plus récentes indiquent que la région de la corne de l’Afrique (précipitations inférieures à la normale), l’Asie centrale (précipitations inférieures à la normale) et l’Asie du Sud-Est, certaines îles du Pacifique et la partie septentrionale de l’Amérique du Sud (précipitations supérieures à la normale) connaîtront certaines des anomalies de précipitations les plus importantes associées à l’épisode La Niña de 2020.

Afrique

L’épisode La Niña de 2020 coïncide avec une saison de pluies et de semailles importante dans une grande partie de l’Afrique de l’Est, qui devrait connaître des conditions plus sèches que la normale. Ajoutée aux effets de l’invasion de criquets pèlerins, cette situation est préoccupante et pourrait accroître l’insécurité alimentaire dans la région.

La Niña peut donner lieu à une augmentation des précipitations en Afrique australe, comme l’indiquent certains modèles de prévision saisonnière récents. Toutefois, il existe de légères différences entre ces modèles et il conviendra donc de suivre les prévisions actualisées au cours des prochains mois. La Niña peut également avoir une incidence sur la saison des cyclones dans le sud-ouest de l’océan Indien, en réduisant leur intensité. Les experts de l’OMM et les partenaires dans le domaine humanitaire se réuniront en novembre pour procéder à une analyse approfondie de la saison à venir.

Asie centrale

En Asie centrale, les épisodes La Niña s’accompagnent en général d’une diminution des précipitations de janvier à mai. Cela dit, les dernières prévisions saisonnières mettent en évidence une probabilité accrue qu’une région allant du Levant à l’Asie centrale connaisse une pluviométrie inférieure à la normale avant même cette période.

Asie du Sud-Est et Pacifique

Les épisodes La Niña sont souvent associés à une pluviométrie élevée dans une grande partie de l’Asie du Sud-Est et en Australie, et les dernières prévisions saisonnières correspondent à ces caractéristiques de La Niña.

Pour les îles du Pacifique, les effets de La Niña varieront d’un pays à l’autre. Il est probable que les îles du Pacifique central et oriental seront plus susceptibles d’enregistrer des précipitations inférieures à la normale, tandis que celles du Pacifique Sud-Ouest connaîtront plutôt des précipitations supérieures à la normale.

Asie du Sud

Lors des précédentes manifestations de La Niña, l’Asie du Sud a connu des anomalies différentes selon les régions: des conditions plus sèches que la normale dans l’extrême sud, plus humides dans la plupart des régions centrales de juin à septembre, et à nouveau plus sèches dans l’extrême nord/nord-ouest.

Les prévisions saisonnières les plus récentes donnent un tableau contrasté similaire, avec des conditions sèches attendues au cours des prochains mois dans le nord de la région et des conditions proches de la normale partout ailleurs. Dans l’extrême sud de la région, le dernier bulletin saisonnier sur le climat indique une probabilité de précipitations supérieures à la normale, alors que le bulletin de septembre indiquait que les précipitations pourraient être inférieures à la normale. La situation continuera à faire l’objet d’un suivi.

Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes

En Amérique du Nord, La Niña se caractérise par des précipitations supérieures à la normale dans la partie septentrionale de la région et inférieures à la normale dans la partie méridionale. Les derniers résultats des modèles de prévision confirment cette analyse des impacts observés jusqu’ici.

Dans les Caraïbes, les épisodes La Niña peuvent contribuer à augmenter l’intensité de la saison des ouragans. La saison 2020 a été l’une des plus actives enregistrée à ce jour.

Amérique du Sud

En Amérique du Sud, La Niña peut donner lieu à des précipitations supérieures à la normale sur de grandes parties du nord de la région, tandis que plus au sud, des précipitations inférieures à la normale peuvent être observées sur les côtes orientales et occidentales. L’épisode La Niña de 2020 présente des caractéristiques très similaires, avec des précipitations qui seront probablement supérieures à la normale dans la partie nord de la région et inférieures à la normale dans la majeure partie du cône Sud.

Autres références

Le présent communiqué de presse repose sur des informations faisant autorité, qui émanent des Membres de l’OMM, des centres climatologiques régionaux, des forums régionaux sur l’évolution probable du climat et du bulletin saisonnier sur le climat, et sont basées sur un ensemble de modèles des centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance relevant de l’OMM. Pour des informations plus détaillées, veuillez consulter les sites Web des Services météorologiques et hydrologiques nationaux respectifs. Vous trouverez ci-dessous des liens vers les forums régionaux sur l’évolution probable du climat, le bulletin saisonnier sur le climat et d’autres sources faisant autorité.

Informations supplémentaires

https://www.wmolc.org/seasonPmmeUI/plot_PMME#

https://ftp.cpc.ncep.noaa.gov/mingyue/GSCUWMO/Forecasts/

https://public.wmo.int/en/our-mandate/climate/regional-climate-outlook-products

The International Centre for the Investigation of El Niño (CIIFEN)

Institut international de recherche sur le climat et la société https://iri.columbia.edu/our-expertise/climate/enso/

Centre climatologique régional des Caraïbes

https://www.climate.gov/enso

https://www.cpc.ncep.noaa.gov/products/analysis_monitoring/

http://www.bom.gov.au/climate/enso/