Journée météorologique mondiale: l'océan, le temps et le climat à l’honneur

19 mars 2021

L'océan est le moteur du temps et du climat. Il soutient l'économie mondiale et garantit la sécurité alimentaire. Le changement climatique bouleverse l'océan et accroît les risques auxquels sont exposées des centaines de millions de personnes.

Genève, le 22 mars (OMM) – L'océan est le moteur du temps et du climat. Il soutient l'économie mondiale et garantit la sécurité alimentaire. Le changement climatique bouleverse l'océan et accroît les risques auxquels sont exposées des centaines de millions de personnes.

Il a donc été décidé que cette année, la Journée météorologique mondiale, célébrée le 23 mars, aurait pour thème «L'océan, le temps et le climat». En effet, il est plus que jamais essentiel de valoriser les observations, la recherche et les services en lien avec l’océan, qui couvre 70 % de la surface de la Terre et dont la vulnérabilité comme la dangerosité vont croissant.

L'océan est à la fois le thermostat de la Terre et sa courroie de transmission. Il absorbe et transforme une partie importante du rayonnement solaire qui atteint la surface de la Terre et il apporte chaleur et vapeur d'eau à l'atmosphère. D'énormes courants océaniques horizontaux et verticaux se forment et font circuler cette chaleur autour de la planète, souvent sur des milliers de kilomètres, configurant ainsi le temps et le climat de la Terre à l'échelle locale et mondiale.

Certains phénomènes, comme El Niño-oscillation australe, sont le fruit d'un couplage entre l'atmosphère et l'océan et influent sur les températures et les régimes de précipitations et de tempêtes dans de nombreuses régions. En général, El Niño tend à faire monter la température à l’échelle du globe, alors que La Niña a l’effet contraire.

Cependant, l'équilibre naturel de l'océan et de l'atmosphère est de plus en plus perturbé par les répercussions des activités humaines.

L'océan absorbe plus de 90 % de la chaleur excédentaire piégée par les gaz à effet de serre, nous protégeant ainsi d'une augmentation encore plus importante des températures sous l'effet du changement climatique. Néanmoins, il paie un lourd tribut: sa température augmente et sa chimie se modifie, ce qui perturbe déjà les écosystèmes marins et les populations qui en dépendent.

«Le contenu thermique de l'océan atteint des valeurs record en raison des émissions de gaz à effet de serre, et l'acidification des océans ne cesse d'augmenter. Cette situation aura des conséquences pendant des centaines d'années, car l'océan a une longue mémoire», a déclaré le Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Petteri Taalas.

«La banquise fond, ce qui a de profondes répercussions sur le reste du globe: les régimes climatiques changent et le niveau de la mer monte de plus en plus vite. En 2020, le minimum annuel de la banquise arctique a été parmi les plus bas jamais constatés, ce qui a exposé les populations polaires à des inondations côtières anormales et les navigateurs et les pêcheurs à des dangers liés aux glaces de mer», a-t-il ajouté.

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«Toujours en 2020, le réchauffement océanique a aussi contribué à la saison record des ouragans dans l'Atlantique et à la survenue de cyclones tropicaux intenses dans l'océan Indien et le Pacifique Sud. Alors qu'environ 40 % de la population mondiale vit à moins de 100 km des côtes, il est urgent de protéger les collectivités des risques côtiers, tels que les vagues, les ondes de tempête et l'élévation du niveau de la mer, en améliorant les systèmes d'alerte précoce multidangers et les prévisions axées sur les impacts», a-t-il expliqué.

Les indicateurs climatiques en lien avec l'océan, et les répercussions du climat sur l'océan, sont détaillés dans le rapport annuel de l'OMM sur l'état du climat mondial en 2020, qui sera publié dans la perspective de la Journée de la Terre, le 22 avril prochain.

Le thème de la Journée météorologique mondiale de cette année fait écho au lancement de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), une initiative pilotée par la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO. L'OMM s'engage en faveur des objectifs de la Décennie pour un océan sûr, prévisible et accessible.

Chaque 23 mars, la Journée météorologique mondiale est l'occasion de célébrer l'entrée en vigueur, en 1950, de la Convention portant création de l’OMM. Elle met en avant les Services météorologiques et hydrologiques nationaux, qui contribuent, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, à protéger les vies et les biens non seulement sur terre, mais aussi en mer.

Services météorologiques destinés aux activités maritimes et côtières

L'«économie bleue», évaluée entre 3 000 et 6 000 milliards de dollars É.-U. par an, représente plus des trois quarts du commerce mondial et fournit des moyens de subsistance à plus de 6 milliards de personnes.

Pourtant, chaque année, des conditions météorologiques extrêmes, telles que vents violents, grandes vagues, brouillard, orages, glaces de mer et embruns verglaçants, causent des pertes matérielles se chiffrant en millions de dollars É.-U. ainsi que des centaines de décès en mer.

Ces dernières décennies, la précision et la rapidité des prévisions météorologiques normalisées se sont améliorées. La communauté de l'OMM s'efforce de perfectionner les prévisions axées sur les impacts, c'est-à-dire des prévisions qui renseignent non seulement sur ce que le temps sera, mais aussi sur ce qu'il fera.

Toutefois, les contraintes technologiques limitent souvent la transmission des prévisions aux navires. Il est essentiel d'améliorer les services d'aide à la décision pour permettre aux marins de réduire les coûts et les trajets au minimum, tout en maximisant la sécurité et en évitant les conditions météorologiques maritimes dangereuses.

L'OMM collabore avec des partenaires comme l'Organisation maritime internationale et l'Organisation hydrographique internationale dans le contexte de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS), qui a été adoptée deux ans après le naufrage du Titanic, en 1912.

Les services de météorologie maritime et d’océanographie ne sont pas utilisés uniquement pour assurer la sécurité des vies en mer. Ils soutiennent également les opérations de recherche et de sauvetage et les interventions en cas d'urgence environnementale, par exemple lors de marées noires ou de déversements de produits chimiques.

L'augmentation potentielle du trafic maritime du fait de la fonte de la banquise due au réchauffement suscite de plus en plus d’inquiétudes. Contrairement aux phénomènes météorologiques extrêmes relativement éphémères, les glaces de mer constituent une menace constante et souvent invisible. Moins de glaces ne signifie pas moins de danger. Un accident majeur dans les eaux arctiques aurait des conséquences dévastatrices pour l'environnement. L'OMM s'efforce donc d'améliorer les prévisions et les alertes relatives aux conditions météorologiques et à l'état des glaces dans les régions polaires.

Les services de prévision destinés aux côtes revêtent également une importance cruciale en raison de l'augmentation continue des populations côtières, auxquelles s'ajoutent les populations touristiques de passage. Les responsables des ports et des installations portuaires, qui sont au cœur du transport des personnes et des marchandises, nécessitent des prévisions fiables pour assurer la sécurité des opérations et maintenir le développement économique.

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Le long des zones côtières de faible altitude, en particulier dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, les populations vulnérables ont besoin de recevoir les meilleures alertes précoces possibles pour tout un ensemble d'éléments, notamment les vagues, les ondes de tempête, la houle, les marées, le niveau des cours d'eau et même les tsunamis. L'OMM s'efforce de renforcer les alertes précoces pour tous les risques associés, en particulier dans les pays vulnérables, par le biais de son initiative sur la prévision des inondations côtières.

Observations océaniques

Les progrès technologiques révolutionnent notre capacité à surveiller systématiquement l'océan et à comprendre son influence sur le temps et le climat.

La plupart des informations qui sous-tendent les prévisions sur le temps, le climat et l'océan proviennent de systèmes d'observations satellitaires et in situ à l'échelle d’un bassin océanique qui sont coordonnés à l'échelle mondiale. Il s'agit notamment de mieux observer et prévoir les vagues, les courants, le niveau de la mer, la qualité de l'eau et l'abondance des ressources marines vivantes.

Néanmoins, de grandes lacunes géographiques et de recherche subsistent dans le Système mondial d'observation de l'océan, qui peine à répondre à la demande croissante de prévisions et de services. Il est nécessaire de soutenir les nouvelles technologies et le développement d'instruments d'observation autonomes, mais aussi de veiller à ce que tous les utilisateurs reçoivent des données et informations accessibles en temps voulu.

La pandémie de COVID-19, qui entre maintenant dans sa deuxième année, exacerbe les pressions exercées sur les systèmes d'observation.

En mars 2020, les gouvernements et les instituts océanographiques ont fait revenir presque tous les navires de recherche dans leurs ports d'attache. De plus, les observations océaniques et météorologiques essentielles fournies par les navires commerciaux ont diminué. Différents systèmes tels que les bouées océaniques n'ont pu être entretenus, ce qui a conduit dans certains cas à leur défaillance prématurée.

À l’évidence, il est urgent de concevoir et de financer le développement du système mondial d'observation de l'océan de manière à répondre aux besoins de ses utilisateurs.

L'océanographie au service du développement durable

L’océan a absorbé plus de 90 % de l’excédent de chaleur accumulé dans le système climatique. D'après le Rapport spécial sur l'océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique, publié par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), d'ici à 2100, l'océan aura absorbé deux à quatre fois plus de chaleur qu'au cours des 50 dernières années si le réchauffement de la planète est limité à 2 °C, et jusqu'à quatre à sept fois plus si les émissions sont supérieures.

À cause de la hausse des températures océaniques, le brassage entre les couches d'eau est limité, tout comme l'apport en oxygène et en nutriments favorisant la vie marine. L'océan a absorbé entre 20 et 30 % des émissions de dioxyde de carbone d’origine anthropique au cours des 40 dernières années, ce qui a provoqué son acidification.

Il est prouvé que le réchauffement des océans et la diminution de l'oxygène auront des répercussions importantes sur les écosystèmes, les sociétés et les économies. Le réchauffement océanique et les modifications de la chimie des océans perturbent déjà la chaîne alimentaire océanique.

Le niveau de la mer a augmenté d'environ 15 cm au cours du XXsiècle. L'élévation du niveau de la mer est due à la fonte des glaciers, à l'expansion des eaux de mer plus chaudes et à l'augmentation des apports d'eau provenant des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique.

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Le niveau de la mer continuera de s’élever dans les siècles à venir. Selon les projections du GIEC, le niveau de la mer pourrait monter d'environ 30 cm à 60 cm d'ici à 2100, même si l’on réduit fortement les émissions de gaz à effet de serre et que l’on maintient l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C. Pire encore, si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent sans discontinuer, le niveau de la mer montera de 60 à 110 cm.

L’élévation du niveau de la mer n’est pas uniforme et varie d’une région à l’autre. Divers processus qui ne sont pas liés à l’évolution récente du climat peuvent accroître l'élévation du niveau de la mer à l'échelle régionale. Ils font actuellement l'objet de recherches dans le cadre du Programme mondial de recherche sur le climat, parrainé par l'OMM.

L'élévation du niveau de la mer et l'intensification des tempêtes se traduiront par une augmentation de la fréquence des variations extrêmes du niveau des océans, lesquelles se produisent pendant les marées de tempête. Les risques seront donc accrus pour de nombreuses petites îles et villes côtières de faible altitude.

Alors que l'océan continue de se réchauffer et le niveau de la mer de s'élever, les observations, les recherches et les services opérationnels seront de plus en plus nécessaires. L'OMM s'est engagée à collaborer avec un large éventail de partenaires pour accélérer l’adoption, au plan international, de mesures visant à renforcer la résilience et l'adaptation au changement climatique, et à soutenir le développement durable pour les générations futures.

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél. port.: +41 (0)79.709.13.97).

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau.

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