Charm el-Cheikh (Égypte), le 14 novembre 2022 – Les pertes économiques dues à la sécheresse, aux inondations et aux glissements de terrain ont explosé en Asie. D’après un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), rien qu’en 2021, les aléas météorologiques et hydrologiques ont touché près de 50 millions de personnes et causé des dégâts à hauteur de 35,6 milliards de dollars des États-Unis (dollars É.-U.) au total.
Le rapport sur l’état du climat en Asie en 2021 met en évidence la façon dont les effets du changement climatique provoquent des pertes humaines, financières et environnementales de plus en plus lourdes, aggravent l’insécurité alimentaire et la pauvreté et freinent le développement durable.
Ce rapport présente également des perspectives inquiétantes en matière de stress hydrique. Les hautes montagnes asiatiques, y compris l’Himalaya et le plateau tibétain, contiennent le plus grand volume de glace en dehors de la région polaire, avec une couverture glaciaire d’environ 100 000 km2. En raison des conditions exceptionnellement chaudes et sèches de 2021, le taux de fonte des glaciers s’est élevé et de nombreux glaciers ont subi des pertes de masse considérables. Ces «châteaux d’eau» du monde sont indispensables pour approvisionner en eau douce la partie la plus densément peuplée de la planète. Le recul des glaciers a donc des implications majeures pour les générations futures.
Bilan de masse cumulé (en mètres d’équivalent en eau (m w.e.) de cinq glaciers de référence des hautes montagnes d’Asie, et fonte moyenne des glaciers de référence mondiaux.
Les phénomènes extrêmes liés à l’eau constituent les catastrophes les plus importantes en Asie.
«Les indicateurs climatiques et les phénomènes extrêmes présentés dans ce rapport, ainsi que les prévisions d’augmentation des précipitations sur une grande partie de l’Asie, montrent à quel point il est vital de renforcer les systèmes d’alerte précoce», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas. «Le programme en faveur d’alertes précoces pour tous lancé par les Nations Unies contribuera à protéger les populations de phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses – et il y a de grandes lacunes à combler en Asie», a-t-il poursuivi.
Ce rapport, qui a été élaboré conjointement avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) des Nations Unies, a été présenté à Charm el-Cheikh, en Égypte, lors des négociations des Nations Unies sur le changement climatique de la COP 27.
Il montre, par rapport à la moyenne 2001-2020, la progression des pertes économiques pour la plupart des types de catastrophes. Ainsi, par rapport à cette moyenne, les pertes économiques dues à la sécheresse ont augmenté de 63 %, celles dues aux inondations de 23 % et celles dues aux glissements de terrain de 147 %.
En 2021, on a recensé au total plus de 100 catastrophes naturelles en Asie, dont 80 % étaient des inondations et des tempêtes. Ces catastrophes ont causé près de 4 000 décès, dont environ 80 % étaient dus aux inondations. Au total, 48,3 millions de personnes ont été directement concernées par ces dangers, qui ont causé des pertes économiques à hauteur de 35,6 milliards de dollars É.-U. Selon le rapport, les inondations sont responsables du plus grand nombre de décès et de pertes économiques dans la région, mais c’est la sécheresse qui a nui au plus grand nombre de personnes. Les tempêtes de sable et de poussière ont également représenté un problème majeur.
Les pays qui ont accusé les plus grandes pertes économiques suite aux inondations de 2021 sont la Chine (18,4 milliards de dollars É.-U.), l’Inde (3,2 milliards de dollars É.-U.) et la Thaïlande (0,6 milliard de dollars É.-U.). Les tempêtes ont également provoqué des pertes économiques importantes, notamment en Inde (4,4 milliards de dollars É.-U.), en Chine (3 milliards de dollars É.-U.) et au Japon (2 milliards de dollars É.-U.).
«Étant donné que les inondations et les cyclones tropicaux sont à l’origine des pertes économiques les plus importantes de la région, les investissements dans le domaine de l’adaptation doivent être consentis en donnant la priorité aux mesures préventives et aux activités de préparation», a déclaré Mme Armida Salsiah Alisjahbana, Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la CESAP.
«La mise en place de systèmes d’alerte précoce progresse, mais il est nécessaire de renforcer davantage ces systèmes à mesure que le changement climatique s’intensifie. De même, les nouvelles infrastructures doivent être rendues plus résilientes, parallèlement à des améliorations de la gestion des ressources en eau et de la production végétale en zone aride, tandis que les solutions fondées sur la nature apportent des avantages durables et de grande ampleur», a-t-elle précisé.
D’après les rapports 2021 et 2022 de la CESAP sur les catastrophes dans la région Asie-Pacifique, les pays asiatiques qui devraient investir le plus annuellement dans l’adaptation sont la Chine (188,8 milliards de dollars É.-U.), suivie de l’Inde (46,3 milliards de dollars É.-U.) et du Japon (26,5 milliards de dollars É.-U.). En termes de pourcentage du PIB national, les coûts seraient les plus élevés au Népal (1,9 %), suivi du Cambodge (1,8 %) et de l’Inde (1,7 %).
La majorité des pays asiatiques accordent la priorité à l’adaptation dans leurs plans d’action pour le climat, en mettant en avant l’eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, les écosystèmes et la biodiversité, ainsi que la santé comme priorités absolues.
Les priorités essentielles en matière d’adaptation fondées sur la conjoncture des risques et présentant des rapports coûts-avantages élevés sont les suivantes:
- Renforcer les systèmes d’alerte précoce et construire des infrastructures résilientes;
- Rendre la gestion des ressources en eau plus adaptable;
- Améliorer la production végétale en zone aride;
- Mettre en place des solutions fondées sur la nature.
Investir dans ces domaines de politique générale permettra de faire progresser le développement durable et l’action climatique.
Vue d’ensemble des catastrophes survenues dans le Pacifique Sud-Ouest en 2021. Source: Calculs de la CESAP à partir de la base de données sur les situations d’urgence EM-DAT, consultée le 30 avril 2022.
Autres faits marquants
La température moyenne en Asie a été inférieure à celle de l’année 2020, qui a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, mais 2021 se positionne néanmoins entre la 5e et la 7e année la plus chaude, avec une hausse estimée à 0,86 °C par rapport à la moyenne de la période 1981-2010. Le continent asiatique se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale. Au cours des deux dernières sous-périodes (1961-1990 et 1991-2020), la tendance au réchauffement a dépassé la valeur moyenne mondiale en Asie, qui est le continent possédant la plus grande masse terrestre s’étendant jusqu’à la région polaire.
Océans: Le système de courants de Kuroshio (dans l’ouest du Pacifique Nord), la mer d’Arabie, le sud de la mer de Barents, la mer de Kara et le sud-est de la mer de Laptev, dans l’Arctique, se réchauffent environ trois fois plus vite que la moyenne mondiale. La mer de Barents est répertoriée comme «point chaud» dans le contexte du changement climatique. Les taux d’élévation du niveau des océans entourant l’Asie sont légèrement supérieurs à la moyenne mondiale.
Précipitations: En 2021, la sécheresse a sévi dans l’ouest de l’Asie, plus particulièrement en Iran, en Iraq, en Afghanistan et dans la péninsule arabique. Les précipitations annuelles ont été anormalement élevées en Asie du Sud et du Sud-Est, dans l’est de la Chine et dans la plaine de Sibérie occidentale. Le nombre de jours d’enneigement a atteint un minimum record dans la région polaire asiatique.
Sécurité alimentaire: L’Asie est l’une des régions qui abrite le plus grand nombre de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire. Selon le rapport mondial sur les crises alimentaires du Programme alimentaire mondial, en 2021, on y recensait trois des dix pays comptant le plus grand nombre de personnes en situation de crise ou pire. Les phénomènes météorologiques extrêmes induits par le changement climatique exacerbent cette vulnérabilité.
En Afghanistan, 47 % de la population a connu un degré élevé d’insécurité alimentaire aiguë en raison de la sécheresse prolongée et de difficultés économiques. Par rapport aux autres années, en 2021, la pluviométrie a été réduite pendant la saison humide et le développement du manteau neigeux moindre, ce qui a eu des répercussions sur les volumes d’eau disponible pour les cultures et donc sur la production alimentaire.
L’Organisation météorologique mondiale est l’organisme des Nations Unies
qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau
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Clare Nullis, Attachée de presse de l’OMM (courriel: cnullis@wmo.int; Tél. port.: +41 (0)79 709 13 97)
State of the Climate in Asia 2021