La santé et le bien-être des êtres humains sont menacés par les effets des changements climatiques. Parmi les phénomènes météorologiques dangereux, les chaleurs extrêmes sont la plus grande cause de mortalité, les populations vulnérables étant les plus exposées. On estime à 490 000 le nombre de décès annuels liés à la chaleur dans le monde survenus entre 2000 et 2019. Pourtant, les alertes à la chaleur ne sont diffusées que dans la moitié des pays du globe, selon l’édition du rapport de l’OMM sur l’état des services climatologiques liés à la santé intitulé «2023 State of Climate Services for Health».
La mauvaise qualité de l’air et l’insécurité alimentaire et hydrique exacerbent le problème. La pollution de l’air est une menace urbaine majeure pour la santé et est associée à près de 7 millions de décès prématurés par an.
L’évolution des conditions climatiques aggrave également la propagation de nombreuses maladies infectieuses à transmission vectorielle, alimentaire et hydrique influencées par le climat. Par exemple, la dengue est la maladie à transmission vectorielle qui se propage le plus rapidement dans le monde, tandis que la saison de transmission du paludisme s’allonge dans certaines régions du globe.
Intervention
Heureusement, les acteurs du climat et de la santé, de la recherche et des sciences sociales œuvrent de concert pour relever les défis et mettre à profit le potentiel d’amélioration de la santé et du bien-être dans le monde.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’OMM encouragent la coproduction et l’utilisation de recherches scientifiques et de services intégrés en matière de climat et de santé afin de mieux protéger la santé humaine contre les changements climatiques, les conditions météorologiques extrêmes et d’autres risques environnementaux.
Le Réseau mondial d’information sur les effets sanitaires de la chaleur, coparrainé par l’OMM, est une instance qui réunit des scientifiques, des médecins et des décideurs, en vue d’améliorer la capacité à protéger les populations contre les risques sanitaires évitables liés aux chaleurs extrêmes.
De plus en plus de pays, y compris des pays en développement tels que l’Inde et le Pakistan dont les populations sont très exposées, adoptent des systèmes d’alerte précoce concernant les effets sanitaires de la chaleur, assortis de plans d’action.
L’augmentation des investissements dans des systèmes de santé résilients au changement climatique et à faible émission de carbone, et les progrès vers la couverture sanitaire universelle sont essentiels pour atteindre l’ODD 3.
L’Argentine a mis en place un dispositif d’alerte précoce pour les températures extrêmes afin de permettre à la population, aux organismes de santé et de protection civile de prendre les mesures de prévention et d’intervention appropriées à chaque niveau d’alerte. Les alertes météorologiques sont émises par le Service météorologique argentin et le Ministère de la santé émet des recommandations en matière de soins. Au cours de la période chaude d’octobre 2021 à mars 2022, 987 alertes quotidiennes ont été émises pour des chaleurs extrêmes.
En Afrique, des systèmes axés sur la sécurité alimentaire et la réponse aux chocs viennent renforcer la protection sociale en Mauritanie et au Sahel, aidant le Gouvernement mauritanien à mettre en place des programmes de transferts d’argent en cas d’inondations et de feux de brousse. Au Kenya, les organisations humanitaires améliorent l’approvisionnement en eau potable et la nutrition grâce à des mesures d’anticipation de la sécheresse.
En Europe, une application mobile a été mise au point pour assurer une surveillance des risques d’allergie au pollen et diffuser des alertes à cet égard. Les observations en temps réel des aéroallergènes révolutionnent les informations mises à la disposition des utilisateurs de l’application et améliorent la santé de millions de patients européens souffrant d’allergies.
Dans le Pacifique, l’amélioration de la surveillance intégrée des risques et les systèmes d’alerte précoce tenant compte du climat ont contribué à réduire la morbidité et la mortalité dues aux maladies sensibles au climat dans les îles Fidji. L’Australie a joué un rôle de premier plan dans le développement de l’application «Sun-Smart» destinée à protéger la population contre les rayons ultraviolets nocifs.
En Asie du Sud-Est, les données satellitaires favorisent l’intégration des informations sur le climat et l’environnement dans les systèmes de surveillance de la santé du Myanmar, ainsi que le développement d’un système d’alerte précoce centralisé pour la dengue au Viet Nam et des mesures visant à renforcer la résilience des localités les plus vulnérables en République démocratique populaire lao.
Ce rapport, qui s’appuie sur les contributions de plus de 30 partenaires, présente des études de cas du monde entier qui illustrent la façon dont des dispositifs concertés en faveur du climat et de la santé font toute la différence dans la vie quotidienne des populations. Ces dispositifs comprennent notamment des systèmes d’alerte précoce en cas de chaleur extrême, des mécanismes de surveillance du pollen pour aider les personnes souffrant d’allergies et des systèmes de surveillance satellitaire des maladies influencées par le climat.