Un rapport phare sur le changement climatique tire la sonnette d’alarme, soulignant aussi bien les défis gigantesques que les bénéfices liés à la limitation du réchauffement planétaire à 1,5° Celsius, compte tenu des menaces de plus en plus graves que représente la hausse de la température, a indiqué l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Le Rapport spécial sur un réchauffement planétaire de 1,5 °C, élaboré par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), montre comment le fait de maintenir la hausse de la température en dessous de 2 °C permettrait de réduire les risques pour le bien être des êtres humains, les écosystèmes et le développement durable.
Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, il faudrait une mobilisation sans précédent, selon le Résumé à l’intention des décideurs, qui a été adopté le 6 octobre lors d’une réunion du GIEC tenue à Incheon (République de Corée).
Selon ce rapport, le bilan des émissions doit être nul en 2050 au plus tard.
Or au rythme actuel des émissions, le seuil de 1,5 °C sera franchi entre 2030 et 2052.
«Ce rapport spécial démontre, preuves scientifiques à l’appui, que les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites à grande échelle et immédiatement. La hausse de la température moyenne du globe a déjà dépassé 1 °C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle. La banquise arctique diminue, l’élévation du niveau de la mer s’accélère et le nombre de phénomènes météorologiques extrêmes augmente. Chaque réchauffement, ne serait-ce que d’une fraction de degré, a des conséquences» a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
L’OMM et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) co-parrainent le GIEC, lauréat du prix Nobel, qui avait été invité à élaborer ce rapport lorsque les gouvernements ont adopté l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Parmi ses objectifs à long terme, ce dernier prévoit de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
Le rapport recense plusieurs conséquences susceptibles d’être limitées si la hausse de température était plus faible.
Ainsi, d’ici à 2100, le niveau de la mer à l’échelle de la planète pourrait être supérieur de 26 à 77 cm au niveau de référence de la période 1986-2005 si le réchauffement planétaire était de 1,5 °C, et inférieur d’environ 10 cm à celui qui serait observé si le réchauffement était de 2 °C. Cela signifierait qu’environ 10 millions de personnes de moins seraient exposées aux conséquences de cette hausse, telles que l’intrusion d’eau de mer, les inondations et les dégâts aux infrastructures.
Limiter le réchauffement planétaire permettrait de limiter la hausse de la température et de l’acidité de l’océan et la baisse des taux d’oxygène océaniques et, par conséquent, de réduire les risques auxquels sont confrontés la biodiversité marine, les pêcheries et les écosystèmes. Mais, même avec un réchauffement de 1,5 °C, entre 70 et 90 % des récifs coralliens risquent de disparaître, et ce pourcentage passerait à 99 % si le seuil de 2 °C était franchi.
Selon les conditions socio-économiques futures, par rapport à un réchauffement planétaire de 2 °C, un réchauffement de 1,5 °C pourrait aller jusqu’à diminuer de moitié le nombre de personnes exposées à une aggravation de la pénurie d’eau due aux changements climatiques.
«L’adaptation au changement climatique n’est plus une option, mais bien une nécessité» a insisté M. Taalas. «Ce rapport montre clairement que plus nous attendons, plus il sera difficile et coûteux d’agir. L’OMM redouble d’efforts pour renforcer les systèmes d’alerte précoce afin de protéger des vies, alors que le nombre de phénomènes extrêmes augmente. L’amélioration des services climatologiques permet de renforcer la résilience en matière de systèmes alimentaires et sanitaires, de planification urbaine et côtière, d’énergie, d’infrastructure et de gestion de l’eau.»
Les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) d’origine humaine devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030 (RID1,5 C1). Selon le rapport, il faut atteindre un «bilan nul» des émissions en 2050 au plus tard, ce qui signifie que les émissions restantes devraient être compensées en éliminant du CO2 de l’atmosphère. L’efficacité de ces techniques reste à prouver à grande échelle, certaines étant même susceptibles de représenter un risque considérable pour le développement durable, est-il précisé dans le rapport.
«Ce rapport motive encore plus l’OMM à intensifier le soutien scientifique qu’elle apporte dans les domaines de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ces conséquences, au moyen d’une nouvelle stratégie axée sur une approche du système Terre intégrée et «sans discontinuité» dans les domaines du temps, du climat et de l’eau» a déclaré le scientifique en chef de l’OMM, Pavel Kabat.
«Ces 20 dernières années, la climatologie a fait des progrès prodigieux pour ce qui est du fonctionnement du système climatique et de l’évaluation des interférences humaines. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de la science pour étayer les mesures d’adaptation aux extrêmes climatiques et à l’évolution du climat et pour nous aider à orienter les transformations nécessaires au développement durable» a ajouté Pavel Kabat.
Notes aux rédacteurs: Le rapport du GIEC se trouve ici.
Les conclusions titres du Résumé à l’intention des décideurs se trouvent ici.
Une présentation OMM/PNUE pour mieux comprendre le rapport spécial du GIEC sur un réchauffement planétaire de 1,5 °C peut être consultée ici (en anglais).