Genève, 24 juin 2022 – Le Conseil exécutif de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a donné son feu vert à deux propositions stratégiques majeures visant à garantir un accès universel aux services d’alerte précoce dans les cinq prochaines années et à mettre en place un système de surveillance des gaz à effet de serre.
Ces décisions font partie d’un train de mesures adoptées par le Conseil exécutif lors de sa récente session tenue du 20 au 24 juin dans le but de renforcer les services météorologiques, climatologiques, hydrologiques et environnementaux pour mieux répondre aux besoins croissants de la société.
«Ces initiatives phares renforceront l’engagement de l’OMM en faveur de l’action climatique et de la prévention des catastrophes à l’échelle mondiale et fourniront des informations clés à l’appui de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à l’intensification des conditions météorologiques», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas.
«Les concentrations record de gaz à effet de serre sont à l’origine de la hausse des températures et de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Les services d’alerte précoce constituent une solution fondamentale, d’un bon rapport coût‑efficacité et qui a fait ses preuves pour protéger les vies humaines et les moyens de subsistance. On peut dire que c’est le b.a.-ba de l’adaptation au changement climatique», a expliqué M. Taalas.
«Il est manifeste et avéré que nous avons besoin d’une infrastructure mondiale coordonnée de surveillance des gaz à effet de serre capable de fournir aux gouvernements des données fiables et faisant autorité, qui leur permettront de contrôler l’efficacité des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre mises en place pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Il est urgent de prendre des mesures d’atténuation, c’est-à-dire de réduire les émissions d’origine anthropique, mais de telles décisions doivent être fondées sur des données solides», a ajouté M. Taalas.
Alertes précoces et actions rapides
L’Initiative mondiale de l’ONU pour les systèmes d’alerte précoce et l’adaptation va dans le sens du souhait formulé par le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, de voir l’OMM jouer un rôle de fer de lance dans ce domaine afin que «tous les habitants de la planète soient protégés par des systèmes d’alerte précoce d’ici à cinq ans». Lors de la prochaine conférence sur le changement climatique de l’ONU, qui se tiendra en Égypte en novembre prochain, l’OMM présentera un plan d’action visant à atteindre cet objectif.
Cette initiative met en évidence le rôle fondamental joué par les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) en tant que «fournisseurs officiels d’alertes précoces, ainsi que le rôle de coordination bien spécifique qui revient à cet égard à l’OMM dans le cadre du système des Nations Unies».
Or, bon nombre de SMHN ne sont pas en mesure de fournir des services d’alerte précoce adéquats et un soutien spécialisé aux services chargés des premières opérations de secours, aux autorités responsables de la gestion des situations d’urgence et aux populations, aussi bien avant que pendant les phénomènes dangereux, ainsi qu’au cours des phases postérieures de relève et de reconstruction.
Seuls 40 % des Membres de l’OMM disposent de systèmes d’alerte précoce multidangers, ce pourcentage s’établissant à 30 % en Afrique et à 23 % parmi les pays les moins avancés.
Les membres du Conseil exécutif ont reconnu l’importance fondamentale de l’Initiative mondiale de l’ONU pour les systèmes d’alerte précoce au regard de la mission des SMHN, l’OMM étant manifestement appelée à jouer un rôle de coordination et de renforcement de l’action collective dans trois domaines spécifiques:
1) Les observations et la surveillance du système terrestre,
2) Les capacités de prévision et d’alerte,
3) La communication coordonnée en vue de mesures préventives.
L’initiative relative aux alertes précoces vise à valoriser et à renforcer les sources de financement des priorités de l’OMM et de ses Membres telles que le mécanisme de financement des observations systématique (SOFF), l’Initiative sur les systèmes d’alerte précoce aux risques climatiques (CREWS), la Coalition sur l’eau et le climat et le cadre du Système mondial d’alerte multidangers (SMAM).
Une enveloppe de 1,5 milliard de dollars des États-Unis est envisagée pour renforcer ces mécanismes clés et les aligner sur les investissements prévus ou futurs en matière d’alerte précoce provenant de fonds multilatéraux de la Banque mondiale et du Fonds vert pour le climat.
Les Membres et les organes constituants de l’OMM seront invités à contribuer aux dimensions techniques de cette initiative.
Surveillance intégrée
Le système mondial de surveillance des gaz à effet de serre et de suivi du bilan carbone qui est envisagé devrait conduire à l’adoption d’une approche coordonnée au niveau international pour ce qui concerne la conception et l’exploitation du réseau ainsi que l’utilisation des observations. Il permettrait d’élargir et de consolider les activités menées de longue date par l’OMM en matière de surveillance des gaz à effet de serre dans le cadre de la Veille de l’atmosphère globale et du Système mondial intégré d’information sur les gaz à effet de serre.
Un certain nombre de pays et d’organisations internationales investissent déjà dans la surveillance du carbone. La structure intégrée qui est proposée engloberait les capacités existantes en matière de surveillance et d’assimilation des données des systèmes d’observation par satellite et en surface et leur permettrait de se compléter et de se valoriser mutuellement, ce qui en optimiserait l’impact à l’échelle mondiale.
Cette initiative comblerait un vide important étant donné qu’il n’existe pas à l’heure actuelle de mécanisme d’échange international systématique et rapide des observations des gaz à effet de serre effectuées en surface et à partir de l’espace.
Cela permettrait également de mieux comprendre le cycle du carbone et de réduire les incertitudes relatives aux estimations de la puissance des sources et des puits naturels, tels que la biosphère, les océans et les zones de pergélisol. La compréhension du cycle complet du carbone est d’une importance vitale pour la planification des activités d’atténuation étant donné que le changement climatique est déterminé par la quantité totale de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère, quelle qu’en soit l’origine (naturelle ou anthropique).
Les données produites par le nouveau système constitueront donc une base solide pour les mesures d’atténuation prises par les Parties à l’Accord de Paris qui pourront ainsi suivre et mesurer l’efficacité de leurs interventions.
Un groupe d’étude composé d’experts de l’OMM et de spécialistes de la recherche climatique et de la surveillance des gaz à effet de serre va préparer une proposition plus précise détaillant l’architecture du système qui sera présentée au Congrès météorologique mondial en 2023.
Buts à long terme
La session du Conseil exécutif qui s’est tenue du 20 au 24 juin a constitué la première réunion de cette instance en présentiel depuis 2019.
«Bien que marquée par les effets de la pandémie mondiale de COVID-19, cette période a également vu des progrès considérables dans de nombreux domaines essentiels pour la mission de l’OMM qui consiste à guider les efforts déployés à l’échelle mondiale pour faire progresser la recherche, améliorer les observations et l’échange de données, et renforcer la prestation des services aux habitants de la planète», a déclaré le Président de l’OMM, M. Gerhard Adrian.
Les membres du Conseil exécutif ont débattu des moyens de poursuivre le développement du Cadre mondial pour les services climatologiques, ainsi que des ambitions de l’OMM dans les domaines de la recherche et de la science. Ils ont également entériné la création d’un Consortium des partenaires de l’OMM en matière d’éducation et de formation (CONECT), destiné à renforcer la participation d’établissements d’enseignement et de formation aux activités de l’OMM dans ces domaines.
Les progrès accomplis par l’OMM dans la réalisation de son Plan stratégique ont été mis en évidence dans un rapport d’évaluation, qui passait notamment en revue les buts à long terme suivants:
- Mieux répondre aux besoins de la société: fournir des informations et services fiables, accessibles, axés sur les attentes des utilisateurs et adaptés à l’usage prévu
- Améliorer les observations et les prévisions relatives au système terrestre: affermir les bases techniques pour l’avenir
- Promouvoir la recherche ciblée: stimuler l’initiative scientifique en vue d’affiner les services reposant sur la compréhension du système terrestre
- Améliorer les capacités de prestation de services pour que les pays en développement puissent fournir les informations et les services essentiels dont ont besoin les gouvernements, les secteurs économiques et les citoyens.