Selon de nouvelles prévisions du climat, il est davantage probable que la température soit supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant les cinq prochaines années

26 mai 2021

D’après un nouveau bulletin sur le climat publié par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), il est probable à 40 % que la température mondiale annuelle moyenne soit temporairement supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant au moins l’une des cinq prochaines années, et cette probabilité augmente avec le temps.

Genève, le 27 mai 2021 (OMM) – D’après un nouveau bulletin sur le climat publié par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), il est probable à 40 % que la température mondiale annuelle moyenne soit temporairement supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant au moins l’une des cinq prochaines années, et cette probabilité augmente avec le temps.

Selon ce bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale, établi par le Service météorologique du Royaume-Uni (Met Office), qui est le centre principal de l'OMM pour ce type de prévisions, il est probable à 90 % qu'au moins une année entre 2021 et 2025 devienne la plus chaude jamais enregistrée et détrône ainsi 2016.

Pendant la période 2021-2025, comparativement au passé récent (défini comme la moyenne 1981-2010), les régions des hautes latitudes et le Sahel devraient recevoir plus de précipitations et la probabilité est accrue que davantage de cyclones tropicaux surviennent dans l’Atlantique.

Ce bulletin annuel se fonde sur l'expertise de climatologues de renommée internationale et sur les meilleurs systèmes de prévision des principaux centres climatologiques du monde pour produire des informations exploitables par les décideurs.

«Ce ne sont pas de simples statistiques», a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, M. Petteri Taalas. «L’augmentation des températures se traduit par une fonte accrue des glaces, une élévation du niveau de la mer, une augmentation des vagues de chaleur et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que par des répercussions plus importantes sur la sécurité alimentaire, la santé, l'environnement et le développement durable», a-t-il expliqué.

«Cette étude montre, avec une grande fiabilité scientifique, que nous nous rapprochons de manière mesurable et inexorable de la limite inférieure de l'Accord de Paris. Elle vient nous rappeler que nous devons tous remplir plus rapidement nos engagements pour réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone» a-t-il précisé. «Les progrès technologiques permettent désormais de remonter jusqu'aux sources des émissions de gaz à effet de serre afin de cibler précisément les efforts à accomplir en matière de réduction», a-t-il ajouté.

«Cette étude met en évidence la nécessité de s'adapter au climat. Seule la moitié des 193 Membres de l’OMM dispose de services d’alerte précoce perfectionnés. Chaque pays devrait continuer à développer les services qui seront requis pour soutenir l'adaptation dans les secteurs sensibles au climat – tels que la santé, l'eau, l'agriculture et les énergies renouvelables – et promouvoir les systèmes d'alerte précoce, qui réduisent les impacts négatifs des phénomènes extrêmes. Nous constatons non seulement que les services d'alerte précoce sont limités, mais aussi que les observations météorologiques présentent de grandes lacunes, en particulier en Afrique et dans les États insulaires. Cette situation nuit gravement à la précision des alertes précoces dans ces régions, mais aussi à l’échelle de la planète. Nous devons également investir dans les réseaux de base», a-t-il conclu.

L'année 2020 a été l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées. D'après le rapport de l'OMM sur l'état du climat mondial en 2020, publié en avril dernier, la température moyenne mondiale a dépassé cette année-là de 1,2 °C la valeur préindustrielle de référence. Ce rapport a mis en exergue l'aggravation des indicateurs de changement climatique, tels que l'élévation du niveau de la mer, la fonte des glaces de mer et l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que leurs incidences croissantes sur le développement socio-économique.

Le bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale confirme cette tendance. Ces cinq prochaines années, la température annuelle moyenne à l'échelle du globe sera probablement supérieure d'au moins 1 °C, dans une fourchette comprise entre 0,9 °C et 1,8 °C, aux niveaux préindustriels.

Par rapport aux prévisions de l'année dernière, la probabilité d'atteindre temporairement la limite de 1,5 °C a plus ou moins doublé. Ce résultat est dû essentiellement à l'utilisation d'un meilleur jeu de données sur la température pour estimer les valeurs de référence, plutôt qu'à une évolution brusque des indicateurs climatiques. Selon le bulletin, il est très peu probable (10 %) que la température mondiale annuelle moyenne pour toute la période 2021-2025 soit supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles.

M. Adam Scaife, qui est le responsable des prévisions saisonnières à décennales du Met Office, a déclaré à propos du bulletin: «Dans le contexte du changement climatique, on évalue l'augmentation de la température mondiale en se référant à la température moyenne mondiale à long terme, et non aux moyennes de certaines années ou de certains mois. Toutefois, un dépassement temporaire de la limite de 1,5 °C pourrait déjà être observé dans les années à venir.»

L'Accord de Paris vise à contenir, au cours du siècle, l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C. Les engagements nationaux de réduction des émissions, connus sous le nom de «contributions déterminées au niveau national», sont actuellement bien inférieurs à ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif.

L'année 2021, y compris les négociations cruciales sur le changement climatique dans le cadre de la COP‑26, qui se tiendront en novembre, a été largement décrite comme une occasion décisive d'empêcher le changement climatique de devenir de plus en plus incontrôlable. La lutte contre le changement climatique figure en bonne place à l'ordre du jour du Sommet du G7 qui se tiendra au Royaume-Uni du 11 au 13 juin.

Le bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale tient compte des variations naturelles du climat et de l'influence des activités humaines sur celui-ci afin d'offrir les meilleures prévisions possibles en matière de température, de précipitations, de configuration des vents et d'autres variables pour les cinq prochaines années. Les modèles de prévision ne prennent pas en considération les modifications des émissions de gaz à effet de serre et d'aérosols enregistrées pendant le confinement dû au coronavirus. En effet, les répercussions de ces modifications sur les concentrations de gaz à effet de serre restent mineures étant donné qu’un grand nombre de ces gaz ont une longue durée de vie.

Sous la houlette du Met Office agissant en tant que centre principal, des groupes de prévision climatique de nombreux pays (Espagne, Allemagne, Canada, Chine, États-Unis d'Amérique, Japon, Australie, Suède, Norvège et Danemark) ont fourni de nouvelles prévisions cette année. En associant les prévisions de centres de prévision du climat du monde entier, on obtient un produit de meilleure qualité qu'en se fondant sur une seule source.

Les responsables du Programme mondial de recherche sur le climat, coparrainé par l'OMM, dont l’un des grands défis est de soutenir la recherche et le développement afin d'améliorer les prévisions pluriannuelles à décennales du climat et leur utilité pour les décideurs, ont joué un rôle moteur dans le développement des capacités de prévision à court terme.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui a publié un rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, est chargé de rédiger des rapports d'évaluation exhaustifs sur l'état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur le changement climatique, ses répercussions et les risques futurs, ainsi que sur les possibilités de ralentir le changement climatique.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau.

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél. port.: +41 (0)79 709 13 97).

New climate predictions

Anomalies de la moyenne annuelle de la température à proximité de la surface (°C, en haut), de la pression (hPa; au milieu) et des précipitations (mm/jour; en bas) observées par rapport à la période 1981-2010. Les figures de gauche concernent l'année 2020 et celles de droite la moyenne de la période quinquennale 2016-2020. Les températures représentent la moyenne de trois jeux de données d'observation: HadCRUT5 (Morice et al., 2021, mis à jour), celui du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA (Hansen et al., 2010, mis à jour) et celui du Centre national de données climatologiques des États-Unis (NCDC) (Karl et al., 2015, mis à jour). La pression au niveau de la mer est calculée d'après HadSLP2r (Allan et Ansell, 2006, mis à jour) et les précipitations d’après les données du Projet mondial de climatologie des précipitations (GPCP) (Adler et al., 2003, mis à jour).

Résumé des dernières prévisions

  • La température moyenne mondiale de chacune des cinq prochaines années à proximité de la surface (terres émergées et océans confondus) devrait être supérieure d'au moins 1 °C aux niveaux préindustriels (définis comme la moyenne de la période 1850-1900), et l'anomalie positive devrait très probablement se situer entre 0,9 °C et 1,8 °C.
  • Il est aussi probable qu'improbable que la température de l'une des cinq prochaines années soit au moins supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles (40 % de probabilité), et cette probabilité augmente au fil du temps.
  • Il est très peu probable (10 %) que la température quinquennale moyenne à proximité de la surface pour la période 2021-2025 soit supérieure de 1,5 °C aux niveaux préindustriels.
  • Il est probable à 90 % qu'au moins une des cinq prochaines années soit plus chaude que l'année la plus chaude observée à ce jour.
  • Au cours de la période 2021-2025, presque toutes les régions, à l'exception de certaines zones océaniques australes et de l'Atlantique Nord, devraient connaître des températures supérieures aux valeurs récentes (période 1981-2010).
  • Pendant la période 2021-2025, les régions des hautes latitudes et le Sahel devraient recevoir plus de précipitations qu'au cours du passé récent.
  • En 2021-2025, l'Atlantique devrait connaître davantage de cyclones tropicaux que ces dernières années.
  • En 2021, les grandes surfaces terrestres de l'hémisphère Nord devraient connaître des températures supérieures de 0,8 °C à celles du passé récent.
  • En 2021, le réchauffement de l'Arctique (au nord de 60° N) sera probablement plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale par rapport au passé récent.
  • En 2021, en comparaison des dernières années, les conditions devraient être plus sèches dans le sud-ouest de l'Amérique du Nord et plus humides dans la région du Sahel et en Australie.
    Partager :