Analyse de l’influence des facteurs météorologiques et de qualité de l’air sur la COVID-19

17 mars 2021

Une équipe spéciale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publie son premier rapport sur l’influence des facteurs météorologiques et de qualité de l’air sur la pandémie de COVID-19. Elle avertit qu’il convient de ne pas se fonder sur les conditions météorologiques et climatiques, notamment le début de l’augmentation des températures dans l’hémisphère Nord au printemps, pour assouplir les mesures visant à freiner la propagation du virus.[[{"fid":"21486","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":"Exemples de mécanismes ","field_file_image_title_text[und][0][value]":"Exemples de mécanismes "},"type":"media","field_deltas":{"2":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":"Exemples de mécanismes ","field_file_image_title_text[und][0][value]":"Exemples de mécanismes "}},"attributes":{"alt":"Exemples de mécanismes ","title":"Exemples de mécanismes ","class":"media-element file-default","data-delta":"2"}}]]

Ce sont principalement les mesures prises par les gouvernements, plutôt que les facteurs météorologiques, qui ont freiné la propagation de la COVID-19.

Un rapport préliminaire suggère de ne pas se fonder sur les conditions climatiques pour assouplir les mesures de lutte contre la pandémie.

Genève, le 18 mars 2021 – Une équipe spéciale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publie son premier rapport sur l’influence des facteurs météorologiques et de qualité de l’air sur la pandémie de COVID-19. Elle avertit qu’il convient de ne pas se fonder sur les conditions météorologiques et climatiques, notamment le début de l’augmentation des températures dans l’hémisphère Nord au printemps, pour assouplir les mesures visant à freiner la propagation du virus.

Selon cette équipe spéciale, qui regroupe 16 spécialistes des sciences de la Terre, de la médecine et de la santé publique, ce sont les mesures prises par les pouvoirs publics (comme le port obligatoire du masque et les restrictions de déplacement) plutôt que les facteurs météorologiques qui auraient régulé la dynamique de la transmission de la COVID-19 en 2020 et début 2021. Parmi les autres facteurs pertinents, on peut citer les changements de comportement humain, la démographie des populations touchées et, plus récemment, les mutations du virus.

«À ce stade, les données disponibles ne corroborent pas l’utilisation des facteurs météorologiques et de qualité de l’air pour permettre aux gouvernements d’assouplir les mesures qu’ils prennent afin de réduire les transmissions», a déclaré M. Ben Zaitchik, Coprésident de l’Equipe spéciale et membre du Département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université Johns Hopkins, à Baltimore (États-Unis d’Amérique). «Au cours de la première année de la pandémie, nous avons observé des vagues de contamination lors des saisons chaudes et dans les régions chaudes. Rien ne prouve que cela ne pourrait pas se reproduire pendant l’année à venir.»

Le rapport de l’Équipe spéciale contient un résumé des principales conclusions publiées jusqu’à la première semaine de janvier 2021. Il ne tient donc pas compte de la littérature évaluée par des pairs concernant l’influence des facteurs météorologiques et de qualité de l’air sur la transmission des nouvelles souches du virus ou sur la gravité des infections causées par ces dernières.

Ce rapport envisage l’aspect saisonnier éventuel de la transmission de la COVID-19. Les infections virales respiratoires présentent souvent une certaine forme de saisonnalité, en particulier le pic automne-hiver pour la grippe et les coronavirus responsables de rhumes dans les climats tempérés. Cela a donné à penser que la COVID-19, si elle persistait plusieurs années, serait une maladie fortement saisonnière.

Il est expliqué dans le résumé analytique du rapport que les mécanismes sous-jacents qui déterminent la saisonnalité des infections virales respiratoires ne sont pas encore bien compris et qu’il est possible qu’il s’agisse d’une combinaison d’impacts directs sur la survie du virus, de répercussions sur la résistance humaine à l’infection et de l’influence indirecte du temps et des saisons par le biais de changements dans le comportement humain.

Il est par ailleurs précisé dans ce résumé que des études en laboratoire sur le SARS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19, ont permis de recueillir certaines preuves que le virus survit plus longtemps dans des conditions froides, sèches et avec un faible rayonnement ultraviolet, mais que ces études n’ont pas encore indiqué si les facteurs météorologiques qui ont une influence directe sur le virus avaient une influence significative sur les taux de transmission en conditions réelles.

Il n’y a toujours pas de preuves concluantes de l’influence des facteurs liés à la qualité de l’air. Selon l’Équipe spéciale, il ressort de données préliminaires que la mauvaise qualité de l’air élève les taux de mortalité de la COVID-19, sans qu’il soit prouvé que la pollution ait un impact direct sur la transmission par voie aérienne du SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID‑19.

Le rapport se concentre sur la météorologie et la qualité de l’air en extérieur et n’aborde pas les détails de la circulation de l’air à l’intérieur.

Compte tenu du nombre colossal d’articles et de prépublications disponibles, le Conseil de la recherche de l’OMM a établi cette équipe spéciale interdisciplinaire et internationale pour fournir promptement un résumé de l’état des connaissances sur les influences potentielles des conditions météorologiques et de la qualité de l’air sur la dynamique de la COVID-19.

«Du fait de la rapidité des recherches sur la COVID-19, des études fondées sur un volume restreint de données ont été publiées plus vite que leurs conclusions n’ont pu être recoupées et évaluées par les pairs. Il est rapidement devenu manifeste que des insuffisances méthodologiques et des données lacunaires étaient à l’origine de résultats souvent contradictoires ou sélectifs. L’Équipe spéciale de l’OMM s’attache donc à encourager les bonnes pratiques en matière de recherche et de communication», a déclaré M. Juerg Luterbacher, Directeur du Département des sciences et de l’innovation et Scientifique en chef de l’OMM.

Les travaux futurs de l’Équipe spéciale porteront notamment sur la mise à jour des preuves scientifiques au cours des prochains mois ainsi que sur la définition d’un ensemble structuré de questions de recherche prioritaires, d’objectifs et de priorités, et sur la promotion de cet ensemble s’agissant des investissements à allouer en faveur de la recherche sur les liens qui unissent le temps, le climat et la qualité de l’air aux pandémies.

De plus, l’Équipe spéciale conseillera et renseignera sur les bonnes pratiques et les normes minimales à respecter pour établir des méthodes de modélisation intégrée des maladies infectieuses tenant compte des facteurs environnementaux. Elle formulera des recommandations sur la manière dont l’OMM devrait prendre en compte les liens qui existent entre le coronavirus, le climat, le temps et la qualité de l’air dans ses activités de recherche et de communication d’informations.

Exemples de mécanismes

Exemples de mécanismes par lesquels les facteurs météorologiques et de qualité de l’air pourraient influencer les infections virales respiratoires

Résumé analytique

  • À ce jour, les études épidémiologiques sur la COVID-19 ont donné des résultats mitigés concernant la sensibilité du virus et de la maladie aux conditions météorologiques.
  • La dynamique de la transmission de la COVID-19 en 2020 semble avoir été régulée principalement par les interventions gouvernementales plutôt que par les facteurs météorologiques. Parmi les autres facteurs pertinents, on peut citer les changements de comportement humain, la démographie des populations touchées et, plus récemment, les mutations du virus.
  • Les infections virales respiratoires présentent souvent une certaine forme de saisonnalité, en particulier dans les climats tempérés. La saisonnalité des maladies virales respiratoires – en particulier le pic automne-hiver pour la grippe et les coronavirus responsables de rhumes dans les climats tempérés – a donné à penser que la COVID-19 serait une maladie fortement saisonnière si elle persistait plusieurs années (voir la figure).
  • Les mécanismes sous-jacents qui déterminent la saisonnalité des infections virales respiratoires ne sont pas encore bien compris. Il est possible qu’il s’agisse d’une combinaison d’impacts directs sur la survie du virus, de répercussions sur la résistance humaine à l’infection et d’influence indirecte du temps et des saisons par le biais de changements dans le comportement humain (voir la figure).
  • Des études en laboratoire sur le SARS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19, ont permis de recueillir certaines preuves que le virus survit plus longtemps dans des conditions froides, sèches et avec un faible rayonnement ultraviolet. Cependant, ces études n’ont pas encore indiqué si les facteurs météorologiques qui ont une influence directe sur le virus ont une influence significative sur les taux de transmission en conditions réelles.
  • Il est prouvé que l’exposition chronique et à court terme à la pollution atmosphérique exacerbe les symptômes et accroît les taux de mortalité de certaines maladies respiratoires. Cela se vérifie dans les premières études sur les taux de mortalité de la COVID-19, mais de tels résultats doivent être confirmés et regroupés en contrôlant les facteurs de risque au niveau individuel. À l’heure actuelle, il n’y a pas de preuve directe, évaluée par des pairs, de l’impact de la pollution sur la viabilité du SARS CoV-2 dans l’air.
  • Selon des études de modélisation des processus, la transmission de la COVID-19 pourrait devenir saisonnière au fil du temps, ce qui suggère qu’il serait possible de s’appuyer sur les facteurs météorologiques et de qualité de l’air pour surveiller et prévoir la COVID-19 dans les mois et les années à venir.
  • À ce stade, cependant, les données disponibles ne corroborent pas l’utilisation de ces facteurs pour permettre aux gouvernements d’assouplir les mesures qu’ils prennent afin de réduire les transmissions.
  • Il est nécessaire de mener des recherches pour évaluer, de façon quantitative, les liens entre les facteurs météorologiques et de qualité de l’air et la COVID-19. Dans le cadre des études de modélisation, il est essentiel de tenir dûment compte des facteurs de confusion, de prendre en considération les effets directs et indirects de ces facteurs, de se pencher sur les limites de l’enregistrement des données sur la COVID-19, de signaler les plages d’incertitude, d’évaluer la fiabilité des prévisions et d’utiliser des techniques appropriées de modélisation statistique et de modélisation des processus.
  • Il est fondamental d’avoir accès librement et en temps opportun à des données de qualité contrôlée sur la COVID-19 et les facteurs de risque associés pour mener de nombreuses études sur les risques liés à la COVID-19, et notamment sur les répercussions des facteurs météorologiques et de qualité de l’air. Les efforts déployés pour fournir ces données sont désordonnés. Il est donc nécessaire de mettre en place une structure de présentation de rapports à l’appui de la gestion des données et de leur diffusion pour mener des analyses des maladies épidémiques.
  • Les études examinées par des pairs peuvent influencer les décisions de santé publique et la perception qu’a le public du risque lié à une maladie. Pour cette raison, il est essentiel que les chercheurs, les éditeurs et les fournisseurs d’information respectent des normes rigoureuses d’analyse et d’évaluation des nouvelles études.
  • Point tout aussi important, il est nécessaire que les chercheurs, les médias et les décideurs communiquent de manière claire et active pour garantir que les résultats scientifiques guident l’élaboration de politiques d’une manière appropriée, objective, transparente et responsable.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau.

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél.port.: +41 (0)79.709.13.97).

Notes à l’intention des rédacteurs:

Composition de l’Équipe spéciale:
Rosa Barciela, Service météorologique du Royaume-Uni, Exeter (Royaume-Uni)
Emily YY Chan, Jockey Club School of Public Health and Primary Care, Hong Kong (République populaire de Chine)
David Farrell, Institut de météorologie et d’hydrologie des Caraïbes, Bridgetown (Barbade)
Yun Gao, Académie chinoise des sciences météorologiques, Service météorologique chinois, Beijing (République populaire de Chine)
Ken Takahashi Guevara, Service météorologique et hydrologique national du Pérou (SENAMHI), Lima (Pérou)
Sophie Gumy, Département Environnement, changements climatiques et santé, Organisation mondiale de la Santé, Genève (Suisse)
Masahiro Hashizume, Graduate School of Medicine, Université de Tokyo, Tokyo (Japon)
Rachel Lowe, London School of Hygiene and Tropical Medicine, Londres (Royaume-Uni)
Nick H. Ogden, Agence de la santé publique du Canada, Guelph, État de l’Ontario (Canada)
Judy Omumbo, Académie africaine des sciences, Nairobi (Kenya)
Vincent-Henri Peuch, Directeur du Service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS) et Directeur adjoint du Département Copernicus au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme
Xavier Rodó, Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal) (Espagne)
Paulo Saldiva, Université de Sao Paulo, Faculté de médecine (FMUSP), Sao Paulo (Brésil)
Juli Trtanj, Climate Programme Office, Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), Washington (États-Unis d’Amérique)
Ben Zaitchik, Université Johns Hopkins, Baltimore, État du Maryland (États-Unis d’Amérique)
Tong Zhu, College of Environmental Sciences and Engineering, Université de Beijing, Beijing (République populaire de Ch