L’OMM confirme que 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température supérieure d’environ 1,55 °C aux valeurs préindustrielles
Communiqué de presse
10 janvier 2025
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a confirmé que 2024 était l’année la plus chaude jamais enregistrée d’après six jeux de données internationaux. Les dix dernières années sont aussi les dix années les plus chaudes jamais constatées. Elles ont été marquées par une série extraordinaire de records de température.
Messages clés
Les dix dernières années, 2015 à 2024, ont été les plus chaudes jamais enregistrées
L’année 2024 est probablement la première année civile où la température moyenne mondiale dépasse de plus de 1,5 °C la moyenne de la période 1850 1900
L’OMM utilise six jeux de données internationaux pour obtenir une valeur mondiale consolidée
L’année 2024 se distingue par des températures exceptionnellement élevées à la surface des terres et des mers et une chaleur océanique intense
L’objectif de température à long terme figurant dans l’Accord de Paris n’est pas devenu inaccessible mais il est gravement compromis
Ed Hawkins
Selon l’analyse consolidée des six jeux de données effectuée par l’OMM, en 2024, la température moyenne à la surface du globe a dépassé de 1,55 °C (avec une marge d’incertitude de ± 0,13 °C) la moyenne de la période 1850-1900. Cela signifie que nous venons probablement de connaître la première année civile où la température moyenne mondiale dépasse de plus de 1,5 °C la moyenne de la période 1850-1900.
«Ce n’est pas parce que la limite de 1,5 °C est dépassée certaines années que l’objectif à long terme est devenu hors de portée. Au contraire, cela signifie que nous devons redoubler d’efforts pour garder le cap. Les températures très élevées de 2024 nécessitent une action climatique d’avant-garde en 2025», a-t-il précisé, avant d’ajouter: «Il est encore temps d’éviter la pire des catastrophes climatiques. Pour cela, les dirigeants doivent agir, et maintenant.»
«Des faits climatiques historiques se déroulent sous nos yeux. Nous n’avons pas seulement connu une ou deux années record, mais une série complète longue de dix ans. Cette évolution s’est accompagnée de conditions météorologiques extrêmes et dévastatrices, d’une élévation du niveau de la mer et de fonte des glaces, toutes alimentées par des niveaux records de gaz à effet de serre imputables aux activités humaines», a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo.
«Il est important de souligner que le dépassement du seuil de 1,5 °C au cours d’une seule année NE signifie PAS que nous avons échoué à atteindre les objectifs de température à long terme de l’Accord de Paris, lesquels portent sur des décennies plutôt que sur telle ou telle année. Cependant, il est essentiel de reconnaître que chaque fraction de degré de réchauffement a son importance. Que le niveau de réchauffement soit inférieur ou supérieur à 1,5 °C, les répercussions sur nos vies, nos économies et notre planète s’aggravent après chaque augmentation supplémentaire», a-t-elle fait remarquer.
Toutes les évaluations de température comportent une marge d’incertitude. L’ensemble des six jeux de données font figurer l’année 2024 à la première place des années les plus chaudes jamais enregistrées et mettent en évidence le rythme récemment imprimé au réchauffement. Néanmoins, en raison de différences de méthodologie, ils ne font pas tous état d’une anomalie de température supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles.
Les institutions concernées ont coordonné le calendrier de diffusion des six jeux de données de température afin d’attirer l’attention sur les conditions exceptionnelles rencontrées au cours de l’année 2024.
Selon une étude distincte publiée dans la revue Advances in Atmospheric Sciences, le réchauffement de l’océan observé en 2024 a joué un rôle clé dans l’établissement de records de température. D’après cette étude, menée par M. Lijing Cheng, de l’Institut de physique atmosphérique de l’Académie chinoise des sciences, la chaleur océanique a battu des records, tant en surface que dans les 2 000 premières mètres. Cette étude a rassemblé 54 scientifiques issus de 7 pays et de 31 instituts différents.
Environ 90 % de l’excédent de chaleur dû au réchauffement climatique est stocké dans l’océan, ce qui fait du contenu thermique de l’océan un indicateur essentiel du changement climatique. Selon l’étude susmentionnée, de 2023 à 2024, l’augmentation du contenu thermique de l’océan dans les 2 000 premiers mètres a atteint 16 zettajoules (1021 joules), soit environ 140 fois la production totale d’électricité dans le monde en 2023.
Dans le rapport sur l’état du climat mondial 2024, qu’elle publiera en mars 2025, l’OMM fournira des informations détaillées sur les principaux indicateurs du changement climatique, notamment les gaz à effet de serre, les températures de surface, la chaleur océanique, l’élévation du niveau de la mer, le recul des glaciers et l’étendue des glaces de mer. Elle reviendra également sur certains phénomènes à fort impact.
Institute of Atmospheric Physics (Chinese Academy of Sciences)
Accord de Paris
Monsieur Guterres a appelé les gouvernements à mettre en place de nouveaux plans d’action nationaux sur le climat cette année afin de limiter l’augmentation de la température mondiale à long terme à 1,5 °C et d’aider les plus vulnérables à faire face aux effets dévastateurs du climat.
Le fait que la température dépasse 1,5 °C lors d’une ou de plusieurs années données ne signifie pas que nous avons échoué à atteindre l’objectif figurant dans l’Accord de Paris, à savoir «[contenir] l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et [poursuivre] l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques». Cet objectif se rapporte à une longue période, généralement de plusieurs décennies ou plus, bien que l’Accord lui-même ne fournisse pas de définition spécifique.
Des pics de température ponctuels peuvent être provoqués par des phénomènes naturels tels qu’El Niño, dont le dernier épisode a duré de la mi-2023 à mai 2024.
Alors que le réchauffement planétaire se poursuit, et afin d’aider les décideurs à procéder à leurs délibérations, il est urgent d’assurer avec rigueur le suivi, la surveillance et la communication de l’évolution du réchauffement par rapport à l’objectif de température à long terme figurant dans l’Accord de Paris.
L’OMM a constitué une équipe internationale d’experts, dont la première conclusion est que le réchauffement planétaire à long terme tel que mesuré en 2024 dépasse d’environ 1,3 °C les valeurs de la période de référence 1850-1900.
State of the Global Climate 2024
Notes aux rédacteurs
L’OMM utilise les jeux de données fondés sur les relevés climatologiques des stations d’observation et des réseaux maritimes mondiaux de navires et de bouées qui sont constitués et mis à jour par la NOAA, l’Institut Goddard d’études spatiales (GISS) de la NASA, le Centre Hadley du Service météorologique du Royaume-Uni en collaboration avec la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (jeu de données HadCRUT), et le groupe Berkeley Earth.
L’OMM a aussi recours aux jeux de données de réanalyse émanant du CEPMMT et de son service Copernicus concernant le changement climatique, ainsi que du JMA. Elle peut ainsi combiner des millions d’observations météorologiques et océaniques, y compris satellitaires, à l’aide d’un modèle météorologique de manière à obtenir un jeu de données mondial tridimensionnel.
Les jeux de données utilisés par l’OMM fournissent une image complète ou quasi complète des températures mondiales à proximité de la surface, en utilisant des méthodes statistiques pour combler les lacunes dans les zones où les données sont rares, comme les régions polaires. De telles réanalyses permettent également de dresser un bilan mondial complet au moyen d’un modèle servant à estimer les températures dans toutes les régions.
Afin d’obtenir des valeurs consolidées de températures par rapport à l’époque préindustrielle, l’OMM calcule, pour chaque jeu de données, les anomalies par rapport à la période 1981-2010. Ensuite, elle ajoute une valeur de 0,69 °C, pour compenser la différence entre la période 1981 2010 et la période 1850-1900, telle qu’estimée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). L’incertitude de cette valeur de compensation atteint 0,12 °C. Les anomalies des six jeux de données sont ensuite moyennées afin d’obtenir une valeur unique pour l’année. La dispersion des six jeux de données est combinée à l’incertitude de la valeur de compensation pour obtenir une incertitude combinée de 0,13 °C. Cette méthode a été utilisée lors de l’établissement du rapport sur l’état du climat mondial 2023, puis adaptée aux six jeux de données utilisés en 2024. Elle est décrite ici.
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