Genève, le 30 novembre 2022 (OMM) – L’épisode La Niña actuel, le premier épisode triennal du XXIe siècle, devrait durer jusqu’à la fin de l’hiver de l’hémisphère Nord/l’été de l’hémisphère Sud. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), cet épisode exceptionnellement tenace et prolongé continuera d’avoir des répercussions sur les régimes de température et de précipitations et d’exacerber les sécheresses et les inondations dans différentes régions du monde.
D’après le Bulletin Info-Niño/Niña publié par l’OMM, La Niña devrait persister en décembre 2022-février 2023 (probabilité de 75 %), voire en janvier-mars 2023 (probabilité de 60 %). Selon les évaluations d’experts et les modèles de prévisions du monde entier sur lesquels se fonde ce bulletin, la probabilité de conditions El Niño/Oscillation australe (ENSO) neutres (ne dénotant ni un épisode El Niño ni un épisode La Niña) atteint 55 % en février-avril 2023 et même 70 % en mars-mai 2023.
Ce n’est que la troisième fois qu’un épisode La Niña triennal est observé depuis 1950.
Le phénomène La Niña correspond au refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans le centre et l’est du Pacifique équatorial, associé à des variations de la circulation atmosphérique tropicale, autrement dit des vents, de la pression et des précipitations. Ses effets sur le temps et le climat sont en général l’opposé de ceux de l’anomalie El Niño, qui est la phase chaude du phénomène ENSO.
La Niña est un phénomène naturel, mais elle s’inscrit dans un contexte de changement climatique d’origine humaine, qui entraîne une augmentation des températures mondiales, rend nos conditions météorologiques plus extrêmes et perturbe les régimes pluviométriques saisonniers.
Crise humanitaire
«Le Pacifique tropical connaît un épisode La Niña, avec de courtes interruptions, depuis septembre 2020, mais la baisse associée des températures mondiales reste limitée et temporaire», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas. «Les huit dernières années devraient être les plus chaudes jamais enregistrées, et on constate une accélération de l’élévation du niveau de la mer et du réchauffement des océans», a-t-il ajouté.
Malgré La Niña, les années 2022 et 2021 ont été plus chaudes que toutes les années antérieures à 2015.
«La persistance de La Niña fait durer les sécheresses et les inondations dans les régions touchées. La communauté internationale est particulièrement préoccupée par la catastrophe humanitaire qui frappe actuellement des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique en raison de la sécheresse la plus longue et la plus grave de l’histoire contemporaine», a souligné M. Taalas.
Récemment, de nombreux organismes, dont l’OMM, se sont unis pour tirer la sonnette d’alarme: dans la Corne de l’Afrique, avec les faibles précipitations enregistrées pour le début de la saison des pluies qui va d’octobre à décembre, une cinquième saison consécutive de sécheresse commence. De plus, il est probable que les précipitations seront inférieures à la moyenne pendant la saison des pluies de mars à mai 2023.
Plus de 20 millions de personnes connaissent déjà une situation d’insécurité alimentaire élevée au Kenya, en Somalie et en Éthiopie. Certaines régions de la Somalie pourraient être confrontées au risque de famine d’ici à la fin de l’année.
«L’OMM continuera à fournir des informations adaptées au secteur humanitaire et à apporter son appui dans des domaines sensibles comme l’agriculture, la sécurité alimentaire, la santé et la prévention des catastrophe. Elle œuvre également à mettre en place un plan d’action, présenté à la COP 27, pour que tous les individus aient accès, dans les cinq prochaines années, à des systèmes d’alerte précoce les protégeant des risques liés au temps, au climat et à l’eau», a-t-il ajouté.
Selon le rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2022, dans de nombreuses régions, le régime des précipitations de cette année présente les caractéristiques de La Niña. Ainsi, des conditions plus sèches que d’habitude ont été observées en Patagonie, en Amérique du Sud, dans le sud-ouest de l’Amérique du Nord, ainsi qu’en Afrique de l’Est.
En revanche, l’Afrique australe, le nord de l’Amérique du Sud, le continent maritime et l’est de l’Australie ont été plus arrosés que d’habitude. La Niña accroît également l’intensité et la durée des pluies de mousson en Asie du Sud-Est. De ce fait, le Pakistan a connu des pluies dévastatrices en juillet et en août.
Perspectives climatiques saisonnières à l’échelle mondiale
Les phénomènes El Niño et La Niña sont des facteurs déterminants du système climatique de la Terre, mais ce ne sont pas les seuls. Outre son Bulletin Info-Niño/Niña habituel, l’OMM publie désormais régulièrement un bulletin saisonnier sur le climat, qui tient compte des influences des autres grands facteurs, tels que l’oscillation nord‑atlantique, l’oscillation arctique et le dipôle de l’océan Indien.
Le Bulletin Info-Niño/Niña et le Bulletin saisonnier sur le climat reposent sur les prévisions des centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance de l’OMM. Ils visent à aider les gouvernements, les Nations Unies, les décideurs et les acteurs de secteurs sensibles au climat à se préparer et à protéger les vies et les moyens de subsistance.
En dépit de la persistance de La Niña dans le centre et l’est du Pacifique équatorial, les températures de surface de la mer généralement supérieures à la moyenne à l’extérieur de cette zone devraient avoir une influence dominante sur les prévisions des températures de l’air pour la période de décembre 2022 à février 2023. Cette situation devrait contribuer à l’enregistrement de températures supérieures à la normale dans les terres émergées de l’hémisphère Nord, à l’exception du nord-ouest de l’Amérique du Nord. La côte arctique de l’Asie, le nord de l’Amérique centrale, l’est du continent maritime et la Nouvelle-Zélande sont les zones pour lesquelles une telle probabilité augmente le plus.
Les prévisions de précipitations pour décembre 2022-février 2023 ne diffèrent pas des effets pluviométriques types de La Niña.
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Prévisions probabilistes de la température de l’air en surface et des précipitations pour la période décembre 2022-février 2023. Les terciles correspondant aux probabilités les plus élevées sont signalés par les zones ombrées Les terciles correspondant aux probabilités les plus élevées sont signalés par les zones ombrées, en bleu, rouge et gris respectivement pour les valeurs inférieures, supérieures et proches de la normale dans le cas de la température, et en orange, vert et gris en ce qui concerne les précipitations. Les zones blanches correspondent à des probabilités égales pour toutes les catégories. La période de référence est 1993-2009
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