Le Conseil exécutif de l'OMM approuve la politique unifiée en matière de données

Il est crucial d'échanger librement les données sur le système Terre pour renforcer le système d'observation et répondre à la demande croissante de services à une époque marquée par le changement climatique

GENÈVE, le 24 juin 2021 – Dans une décision qui fera date, le Conseil exécutif de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a approuvé une politique unifiée pour l’échange international de données sur le système Terre afin d'aider ses Membres à répondre à l'envolée de la demande de services météorologiques, climatologiques et hydrologiques, alors que le monde est aux prises avec le double défi du changement climatique et de la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes.

Le projet de résolution sur la politique en matière de données doit être adopté par l'ensemble des 193 Membres de l'OMM lors de la session extraordinaire du Congrès météorologique mondial prévue en octobre 2021. Il ouvre la voie à une mise à jour radicale des politiques sur l'échange libre et gratuit de données, qui constituent le fondement de l'OMM depuis sa création, il y a plus de 70 ans.

La politique unifiée de l’OMM pour l’échange international de données sur le système Terre est fondée sur la stratégie intégrée sur le système Terre, adoptée par l'OMM pour toutes les activités de surveillance et de prévision du temps, du climat, de l'eau et des phénomènes environnementaux connexes. Elle servira de base à une action plus large visant à renforcer les réseaux d'observation mondiaux et à surmonter les disparités régionales.

«Afin de répondre à la demande de services et de prévisions, il est primordial d'améliorer l'échange de données météorologiques, climatologiques, hydrologiques et océanographiques. Les graves lacunes en matière de données et d'observations météorologiques, notamment en Afrique et dans les États insulaires, nuisent considérablement à la précision des alertes précoces, aux niveaux tant local que mondial», a expliqué le Secrétaire général de l'OMM, M. Petteri Taalas.

«La révision de la politique de l'OMM en matière de données aura des effets bénéfiques pour l'ensemble de la société et permettra aux acteurs de notre communauté mondiale de mieux collaborer pour fournir des services qui protègent les personnes, les moyens de subsistance et les biens», a-t-il-précisé.

«Établir une telle politique unifiée en matière de données représente une étape très, très importante pour l'OMM», a déclaré le Président de l'OMM, M. Gerhard Adrian. «Il existait de nombreuses décisions sur la politique en matière de données, mais maintenant nous disposons d'une formule qui les regroupe toutes.»

«Il s'agit d’un jalon important et d'un moment historique», a déclaré le Président de la Commission des infrastructures de l'OMM, M. Michel Jean, auteur de la résolution sur le sujet, qui a été approuvée lors de la session en ligne du Conseil exécutif, du 14 au 25 juin dernier.

Prévision numérique du temps

La prestation de services météorologiques et climatologiques dépend de l’échange international régulier de données météorologiques et climatiques, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, souvent à quelques minutes du temps réel.

Les observations sont intégrées dans des modèles de prévision numérique, dont les résultats servent de point de départ aux services météorologiques et climatologiques. L'un des principaux objectifs de la création de l'OMM, en 1951, était de mettre en place un mécanisme de coordination pour l'acquisition et l'échange international de ces données.

Les politiques actuelles de l'OMM en matière de données sont énoncées dans trois résolutions distinctes du Congrès: la résolution 40 (Cg-XII) (1995), qui porte sur le temps, et deux résolutions ultérieures (résolution 25 (Cg-XIII) et résolution 60 (Cg-17)), axées sur l'eau et le climat.

En revanche, la nouvelle résolution de l'OMM sur la politique unifiée en matière de données regroupe, dans une seule déclaration de politique générale, sept domaines et disciplines – soit toutes les données sur le système Terre pour lesquelles l'OMM est compétente. Elle va donc au-delà des domaines traditionnels de la météorologie, de la climatologie et de l'hydrologie pour inclure également la composition atmosphérique, les océans, la cryosphère et la météorologie de l'espace.

Augmenter le volume des observations qui sont partagées au niveau international pour être utilisées dans les modèles mondiaux et régionaux de prévision numérique du temps contribuera à améliorer sensiblement la qualité des produits de données. Cette politique permettra également aux pays en développement d'avoir un meilleur accès à ces produits clés. L'amélioration des prévisions et des autres services qui en résultera aura un impact mondial, mais elle sera particulièrement notable dans les régions où la couverture actuelle en données d'observation est faible, notamment dans de nombreux pays en développement.

En outre, la résolution relative à la politique en matière de données ne concerne plus seulement les Services météorologiques et hydrologiques nationaux. Elle vise l'échange de données entre tous les partenaires, y compris les autres organismes, le monde universitaire et le secteur privé, qui connaît un véritable essor.

Selon la résolution approuvée par le Conseil exécutif le 22 juin, «l'Organisation météorologique mondiale (OMM), dont les compétences scientifiques et techniques sont de plus en plus sollicitées, s’engage à élargir et à renforcer l’échange international libre et gratuit des données sur le système Terre, faisant de cette volonté un principe fondamental de l’Organisation».

Une approche à deux niveaux

Par cette résolution, le Conseil exécutif accepte de maintenir une approche à deux niveaux:

• Les Membres de l'OMM fourniront, gratuitement et sans restriction, les données fondamentales, qui sont nécessaires à la prestation de services destinés à assurer la protection de la vie et des biens ainsi que le bien-être de toutes les nations et qui sont indispensables pour surveiller et prévoir de manière transparente et précise les conditions météorologiques, climatiques et hydrologiques et les conditions environnementales connexes;
• Les Membres devraient également fournir les données recommandées, qui sont nécessaires pour soutenir les activités de surveillance et de prévision du système Terre aux niveaux mondial, régional et national et pour aider davantage les autres Membres à fournir des services météorologiques, climatologiques, hydrologiques et environnementaux connexes dans leurs États et territoires.

Cette approche différenciée permettra, en premier lieu, de protéger et d'assurer l'échange international des données essentielles à la protection des vies et des moyens de subsistance. En outre, elle encouragera un échange de données beaucoup plus variées, qui permettront aux Membres de renforcer et d'améliorer leurs activités de surveillance et de prévision du système Terre.

Les définitions détaillées des «données fondamentales» et des «données recommandées» figurent dans les dispositions pertinentes du Règlement technique de l'OMM, lesquelles peuvent être modifiées, développées et mises à jour pour suivre les avancées technologiques et l'apparition de nouveaux besoins sans qu'il soit nécessaire d'amender complètement la résolution même. Ces mises à jour restent soumises à l'approbation du Congrès, mais, en raison de leur portée et de leur objectif plus restreints, le processus d'approbation les concernant est généralement beaucoup moins complexe que celui qui se rapporte aux politiques en matière de données.

La résolution 40 (Cg-XII) (Échange de données météorologiques) exige déjà des Membres qu'ils échangent les données minimales requises pour faciliter la prise de décision à tous les niveaux, à l'appui des services publics essentiels. La nouvelle politique permettra, à terme, de qualifier de «données fondamentales» les données relatives à d'autres disciplines en lien avec le système Terre, à mesure que les exigences en matière d'échange de données évolueront et obtiendront une reconnaissance à l'échelle mondiale.

Réseau d’observation de base mondial

Outre la politique unifiée en matière de données, le Conseil exécutif a également approuvé une résolution détaillant les caractéristiques d'un réseau d'observation de base mondial, dont la mise en œuvre garantira l'échange, par tous les Membres, d'un volume minimal d’observations de surface cruciales pour les intégrer aux systèmes mondiaux de prévision numérique du temps sur lesquels reposent tous les services météorologiques, climatologiques et connexes du système Terre.

On estime que les retombées économiques du Réseau d'observation de base mondial devraient dépasser au bas mot les 5 milliards de dollars É.-U. par an, sur la base des seules améliorations attendues en matière de prévisions météorologiques. Toutefois, l'OMM reconnaît que la mise en place de ce réseau sera difficile pour bon nombre des Membres les plus démunis.

Le projet de mécanisme de financement des observations systématiques (SOFF) vise donc à fournir le soutien financier et technique dont ont besoin les pays moins avancés et les petits États insulaires en développement pour mettre en place le Réseau d'observation de base mondial, afin de combler les lacunes actuelles dans la couverture en données d'observation et d’assurer le fonctionnement du réseau d'observation à long terme.

Réforme de l’OMM

Le Conseil exécutif a également approuvé une série de recommandations à adopter par le Congrès lors de sa session extraordinaire de 2021. Ces recommandations portent sur l'examen approfondi de la démarche et du concept régionaux de l’OMM et s'inscrivent dans le cadre de la deuxième phase de la réforme de l'Organisation.

De telles recommandations visent à renforcer l'efficacité et la pertinence des activités des conseils régionaux et à intensifier la mobilisation des ressources, les partenariats et la coopération au sein des Régions et entre elles.

Plus précisément, ces recommandations favoriseront la mise en œuvre des décisions du Congrès et du Conseil exécutif de l'OMM par les Membres de l'Organisation; la collaboration avec les organismes du système des Nations Unies, les commissions économiques régionales et les organisations régionales; la capacité des bureaux régionaux de l'OMM à coordonner les activités et partenariats à l'échelle régionale; le renforcement des partenariats avec le secteur privé et le milieu universitaire; ainsi qu'un soutien et des activités de développement des capacités plus utiles aux Membres de l'OMM.

L'Organisation météorologique mondiale est l'organisme des Nations Unies
qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l'eau

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél. port.: +41 (0)79 709 13 97)