Résilience climatique et météorologique

01 juin 2013

Une préparation efficace par le biais des
Services météorologiques et hydrologiques
nationaux1


Par David Rogers et Vladimir Tsirkunov de la Banque mondiale

Face au risque croissant de catastrophes climatiques et météorologiques susceptibles de retarder de plusieurs années le développement social et économique, la communauté internationale doit agir sans tarder pour renforcer les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN). Ce renforcement requiert une transformation des services fragiles – notamment dans les pays en développement – en services professionnels et solides capables de fournir les bonnes informations aux bonnes personnes, au bon moment. Bien que le prix à payer pour moderniser et soutenir les SMHN soit considérable, les avantages pour un pays et ses habitants seront bien plus importants. La Banque mondiale, en collaboration étroite avec l’OMM et d’autres partenaires pour le développement, peut aider ces pays à se frayer un chemin dans cette tâche complexe de manière efficace et opportune.

La nécessité de servir des besoins sociétaux plus élaborés, de minimiser des préjudices économiques croissants découlant des catastrophes naturelles et d’aider les pays à s’adapter au changement climatique accroît l’importance des informations relatives au temps, au climat et à l’eau. Le temps, le climat et l’eau influent sur les sociétés et les économies par le biais de phénomènes extrêmes, tels que les cyclones tropicaux, les inondations, les vents violents, les ondes de tempêtes et les sécheresses prolongées, ainsi que par le biais de phénomènes climatiques et météorologiques à fort impact qui ont une incidence sur la demande en électricité et la capacité de production, les dates de semis et de récolte, la gestion des constructions, les réseaux de transport et les stocks en transit, ainsi que sur la santé humaine.

Coût de la modernisation des SMHN

Les SMHN jouent un rôle clé et constituent la charpente des projets liés au climat et à la météorologie. Ils représentent une source sûre d’informations en matière de climat, de temps et d’eau, fournissant des propositions opportunes aux responsables des mesures d’urgence, administrations locales et nationales, secteurs économiques publics et primordiaux.

En dépit de leur petite taille, les SMHN sont des organismes du secteur public importants – avec des budgets représentant 0,01 à 0,05 % du produit intérieur brut national et un financement public annuel total de plus de 15 milliards de dollars É.-U. au niveau mondial. Le problème réside dans le fait que, ces quinze à vingt dernières années, leur capacité s’est tellement dégradée dans de nombreuses régions – principalement en raison d’un sous-financement, d’une visibilité réduite, de réformes économiques et dans certains cas de conflits armés – que ces services sont aujourd’hui inadaptés. En conséquence, à l’échelle mondiale, les SMHN de plus de cent pays – dont plus de la moitié sont situés en Afrique – doivent être modernisés.

Quel sera le coût de cette modernisation? Selon une estimation prudente, les besoins prioritaires en matière d’investissements pour une modernisation dans les pays en développement dépassent les 1,5 à 2,0 milliards de dollars É.-U. En outre, un minimum de 400 à 500 millions de dollars É.-U. par an sera nécessaire pour soutenir le fonctionnement des systèmes modernisés (frais de personnel et coûts de maintenance et d’exploitation). Ces coûts récurrents devraient être pris en charge par les gouvernements nationaux, mais rares sont ceux qui ont été en mesure de le faire. En outre, le montant des aides internationales accordées aux SMHN est bien inférieur à ce qui est nécessaire, ne serait-ce que pour les questions prioritaires.

Pour compliquer le tout, les efforts engagés au niveau international pour soutenir la modernisation des SMHN dans les pays en développement n’ont jusqu’à présent connu qu’un succès limité en raison:

  • D’un manque de communication avec les gouvernements et agences aux priorités concurrentes et budgets limités ne leur permettant pas d’apprécier pleinement la valeur des SMHN;
  • D’une préoccupation vis-à-vis du temps prévu, dans le cadre des projets, pour l’installation de matériel qui ne permet pas de prendre des dispositions adéquates en matière de formation, de maintenance, de produits consommables et autre soutien technique continu;
  • D’une multiplicité de projets non coordonnés mis en oeuvre par différents donateurs, chacun avec ses propres objectifs, politiques en matière d’assistance et fournisseurs en matière d’équipements, sans suffisamment tenir compte des priorités, situations et besoins de chaque SMHN;
  • De la complexité technique de ces projets.

Que peut-on faire pour améliorer les résultats obtenus en fonction des efforts engagés en matière de modernisation et pour aider les décideurs politiques à réaliser qu’il est urgent de remanier les SMHN? Pour apporter une réponse à cette question, des études – dont plusieurs menées par l’OMM dans le cadre de la préparation de la troisième Conférence mondiale sur le climat – analysent le système météorologique et hydrologique mondial dans son ensemble, son importance pour l’efficacité des SMHN, les obstacles à la modernisation, ainsi que les modes de fonctionnement opportuns, qu’il est possible d’envisager. Une étude de la Banque mondiale a associé des analyses informatiques basées sur la documentation existante avec l’avis d’experts et l’expérience de plusieurs SMHN de premier plan, à savoir le Service météorologique du Royaume-Uni, MétéoSuisse et l’Administration météorologique chinoise. Cette étude fait la synthèse des expériences récentes de la Banque mondiale et du Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR), de l’OMM et d’autres partenaires pour le développement. Cette étude fait fond également sur des documents stratégiques clés de la Banque mondiale publiés récemment et portant sur la croissance économique et la durabilité de l’environnement.

L’étude de la Banque mondiale – tout comme les études de l’OMM – a mis en évidence qu’il est urgent de renforcer les SMHN, en particulier dans les pays en développement, tout en proposant une estimation des coûts-bénéfices que pourrait en tirer chaque pays. Une approche testée et mise en oeuvre en Europe, en Asie centrale et en Asie du Sud, ainsi que dans d’autres régions, est recommandée. Cette étude souligne par ailleurs l’importance de la collaboration internationale en matière d’accès aux données, au savoir et au savoir-faire relatifs aux conditions atmosphériques et océaniques à grande échelle responsables des tendances météorologiques mondiales qui affectent chaque pays.

Une autre étude (Hallegatte, 2012) estime, tout en restant prudente, qu’une mise à niveau de toute la production d’informations hydrométéorologiques et de la capacité d’alerte rapide dans les pays en développement pourrait sauver en moyenne 23 000 vies par an et générer 3 à 30 milliards de dollars É.-U. chaque année en termes de bénéfices économiques additionnels en matière de prévention des catastrophes.

Pourquoi les SMHN sont-ils importants?

Risques liés au temps, au climat et à l’eau

Ces dernières années – en grande par tie grâce aux avancées en matière de prévisions météorologiques et d’évaluation des risques – les populations ont été mieux préparées aux catastrophes naturelles. En dépit d’une augmentation du nombre de catastrophes et de personnes touchées depuis 1980, le nombre de victimes n’a pas augmenté de manière significative. Cependant, le fait que le nombre de personnes touchées et le nombre de catastrophes puissent continuer d’augmenter, entraînant une augmentation du nombre de morts si les gouvernements et les autres responsables politiques n’interviennent pas, est source de préoccupation. Les raisons en sont multiples:

  • Le nombre croissant de personnes et de biens situés dans des zones à haut risque;
     
  • Les pays en développement continueront d’être exposés à des phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes et fréquents dans la mesure où le changement climatique exacerbe ces situations extrêmes;
     
  • La population mondiale continue de croître à un rythme exponentiel;
     
  • La tendance en matière d’urbanisation s’accentue, avec toujours plus de personnes vivant dans les villes;
     
  • Les maladies sensibles au climat et au temps font plus d’un million de victimes chaque année, pour la plupart des enfants de moins de cinq ans dans les pays en développement.

Entre 1970 et 2012, les catastrophes naturelles ont tué près de 3,3 millions de personnes (Banque mondiale, 2010). Elles ont également lourdement augmenté l’impact financier sur le bien-être humain. En 2011, près de 206 millions de personnes ont été victimes de catastrophes naturelles, soit un impact économique s’élevant à 366 milliards de dollars É.-U. Sur une longue période, allant de 1980 à 2011, le coût financier total estimé des inondations, sécheresses et tempêtes s’élevait à plus de 3,5 billions de dollars É.-U.

Prévisions en matière de temps, de climat et d’eau

Les SMHN contribuent de manière significative à la sûreté, à la sécurité et au bien-être économique par le biais de leurs observations, prévisions et alertes portant sur les menaces imminentes en matière de temps, de climat et d’eau. Cependant, leur contribution est rarement quantifiée, ce qui entraîne souvent une sous-évaluation de leur rôle vital concernant les capacités d’un pays à faire face aux risques météorologiques et hydrologiques. Les bénéfices économiques liés à la fiabilité des informations en matière de temps, de climat et d’eau, qui permettent d’augmenter la productivité et d’éviter les pertes, sont également nettement sous-évalués.

La précision des prévisions repose sur le réseau d’observations atmosphériques, océaniques et terrestres, à distance et in situ, mis en place par les SMHN et leurs partenaires aux niveaux mondial, régional et national. Ces observations sont assimilées par un réseau decentres mondiaux et régionaux de prévision qui ont des responsabilités spécifiques en matière de production de produits mondiaux, régionaux et nationaux. Ce système garantit que les prévisions numériques à grande échelle – nécessaires pour de bonnes prévisions nationales mais demandant une puissance de calcul prodigieuse – sont produites de manière efficace avec un bon rapport coût efficacité par un nombre réduit de SMHN et d’organisations de soutien, et ce pour le compte de tous les Membres de l’OMM.

Seule, aucune nation ne serait en mesure de fournir les services météorologiques et hydrologiques nécessaires pour répondre aux besoins essentiels de ses habitants. Cependant, en tant que Membres de l’OMM, les pays ont passé des accords de partage de données, établi des directives opérationnelles, mis en oeuvre des pratiques d’excellence et créé et tiré parti d’offres de formation. Cette coopération internationale repose cependant sur l’investissement continu des pays avancés dans le développement des satellites météorologiques, des systèmes informatiques majeurs et de la recherchedéveloppement et dans l’appui à ces activités. Cette coopération repose également sur les investissements régionaux visant à adapter les produits mondiaux afin de pouvoir les utiliser à l’échelle nationale et régionale. Cette coopération dépend par ailleurs des investissements réalisés à l’échelle nationale pour maintenir les réseaux d’observation des SMHN et adapter les services aux besoins de la population et de secteurs économiques spécifiques.

Quels sont les obstacles entravant l’amélioration des SMHN?

Manque de moyens

En dépit de leur importance, de nombreux SMHN de pays en développement ne sont pas dotés des capacités nécessaires pour fournir des services de base. Le sous-financement massif des SMHN a entraîné a) une détérioration des réseaux d’observation météorologique et hydrologique et l’obsolescence des technologies, b) l’absence de méthodes de prévision et d’équipements modernes, c) des services de mauvaise qualité, d) un soutien insuffisant à la recherche-développement, et e) une diminution flagrante des effectifs (entraînant une pénurie de spécialistes qualifiés). Il en découle des pertes substantielles d’un point de vue humain et financier, ce qui aurait pu être évité si les services météorologiques et hydrologiques avaient été plus développés. Un développement résilient au changement climatique requiert des institutions renforcées ainsi qu’un niveau plus élevé de capacités en matière de fourniture de services, de prévision et d’observation. En outre, il est impossible de s’adapter avec succès à la variabilité actuelle et future du temps et du climat sans des SMHN fiables et fonctionnant correctement.

Le projet de démonstration concernant la prévision des conditions météorologiques extrêmes de l’OMM a souligné l’importance des centres spécialisés, régionaux et mondiaux, qui aident les pays à atteindre un niveau plus élevé de services. Cependant, les investissements sont là aussi limités, entravant souvent les capacités de ces centres à fournir des orientations à la demande. Bien qu’un objectif national soit essentiel, les bénéfices d’une collaboration et d’une coopération internationales doivent également être pris en compte. La synergie à différents niveaux garantit la disponibilité des données nationales en vue d’améliorer la sortie de modèles des centres régionaux et mondiaux. Le segment à haute valeur ajoutée de la chaîne de production en matière de prévisions météorologiques numériques et d’observations par satellite est à l’échelle mondiale. Actuellement, il est supposé que les économies développées continueront de soutenir ce segment. Cette supposition est cependant toujours plus incertaine.

Financement public des SMHN

Presque tous les SMHN ont été créés en tant qu’institutions de service public, financées exclusivement par les gouvernements2. Cependant, à la fin du XXe siècle, une série de changements relatifs aux politiques économiques a eu lieu dans les pays développés comme dans les pays en développement, avec pour conséquence des politiques publiques soutenant toujours moins ce concept. L’espoir pour de nombreux gouvernements de voir le secteur public générer des recettes par le biais de la vente de services à d’autres départements gouvernementaux et n’a cessé d’augmenter. Cette vision présente de sérieuses menaces pour l’échange d’informations continu, libre et sans restrictions tel que mené depuis toujours par l’OMM.

En réaction, les structures institutionnelles ont été adaptées en vue d’accorder plus de flexibilité aux SMHN en matière de génération de revenus et d’utilisation de ces revenus pour étendre et améliorer leurs services. Face à une multiplication des demandes concernant des recettes fiscales limitées, l’accent a été mis sur l’application du principe selon lequel les utilisateurs doivent payer pour les services gouvernementaux.

Cette approche commerciale ne tient pas compte de la composante monopolistique naturelle de ce type d’informations – qui requiert d’importants investissements fixes avec un coût de distribution marginale quasi nul et devrait donc être disponible gratuitement. Sans d’importants investissements publics fixes (SMHN), il est impossible de soutenir les réseaux d’observation, à l’exception des applications spécialisées et restreintes d’un point de vue géographique. Sans ces observations, les prévisions de base sont limitées et les services à valeur ajoutée destinés aux utilisateurs finals ne sont pas possibles. Cette situation mine la protection civile, la sécurité alimentaire, la gestion des ressources en eau, la gestion énergétique et des situations d’urgence, ainsi que le développement économique.


Principes clés de la modernisation des SMHN

Face au risque croissant d’aléas météorologiques et hydrologiques, cette étude a identifié six principes pour l’amélioration des SMHN dans les pays en développement:

Principe 1: Moderniser les SMHN dans les pays en développement représente un investissement de grande valeur

Certes, les défis liés à la modernisation des SMHN sont importants, mais les bénéfices potentiels pour les sociétés qui doivent faire face à des aléas météorologiques et hydrologiques et des risques découlant du changement climatique le sont tout autant. À l’échelle mondiale, nos capacités sont les meilleures que l’on ait jamais connu. Les avancées scientifiques et technologiques continuent d’améliorer les prévisions météorologiques et climatiques numériques. Nous disposons désormais de techniques scientifiques permettant de fournir des alertes fiables concernant les phénomènes extrêmes et des prévisions météorologiques au jour le jour plus précises, spécifiques et opportunes que jamais auparavant – et ces techniques continuent d’être améliorées. Cependant, ces dernières sont souvent limitées aux pays développés, car les SMHN des pays en développement n’ont pas les infrastructures permettant de transférer et d’utiliser ces technologies.

Malheureusement, de nombreux gouvernements n’ont pas pleinement compris la valeur sociétale des informations et services qui devraient être rendus par les SMHN en tant que services publics. Diriger des études socio-économiques quantifiant la valeur des services publics découlant du renforcement des SMHN est une manière d’améliorer la compréhension du public et des gouvernements. De telles études peuvent par ailleurs identifier les lacunes du système actuel et aider à définir des priorités s’agissant des éléments d’un programme de modernisation. Ce processus devrait être itératif pour que les attentes des parties prenantes soient réalistes. Inclure toutes les parties prenantes, qu’elles soient internes ou externes aux SMHN, est essentiel pour la réussite d’un programme de modernisation – tel que le souligne le Cadre mondial pour les services climatologiques dirigé par l’OMM. En Suisse et aux États-Unis, des études démontrent une rentabilité économique accrue des SMHN – avec un rapport coûts-bénéfices allant de 1:4 à 1:6. De plus, une récente étude de la Banque mondiale en Europe et en Asie centrale évoque un rapport coûtsbénéfices allant de 1:2 à 1:10.

Principe 2: Le financement et la portée de la modernisation doivent être suffisants pour permettre une réelle transformation

Le financement et la portée de la modernisation doivent être suffisants pour modifier les SMHN dotés d’infrastructures insuffisantes, de réseaux d’observation affaiblis et de faibles capacités en matière de prévisions pour en faire des organisations du service public capables de donner des informations utiles, en temps opportuns, aux secteurs économiques publics et sensibles pour atténuer les risques météorologiques, climatiques et hydrologiques. De nouvelles capacités entraîneraient des coûts additionnels en matière d’exploitation et de maintenance, dont les gouvernements doivent tenir compte dès les premières phases afin d’assurer la pérennité des efforts de modernisation au-delà du programme de travail initial.

Les modèles d’exploitation appropriés doivent être reconnus explicitement afin de s’assurer que les SMHN respectent leurs obligations internationales et de service public. Les gouvernements doivent reconnaître et soutenir leurs SMHN pour protéger des vies, des moyens de subsistance et des biens en tant que mission essentielle financée par le secteur public. Les politiques susceptibles de restreindre des échanges libres et ouverts de données météorologiques et hydrologiques doivent être évitées et les responsabilités du secteur public en matière de SMHN doivent être mises en valeur. Le choix d’un modèle opérationnel repose sur la mise en place d’une législation adaptée en vue d’institutionnaliser la mission convenue.

Principe 3: Des cadres réglementaires et juridiques clairs en vue d’accroître l’efficacité des services météorologiques, climatologiques et hydrologiques

Un engagement important des services, départements gouvernementaux et autres institutions est essentiel pour réussir. À cette fin, les pays ont besoin de cadres réglementaires et juridiques en vue de fournir des alertes météorologiques et hydrologiques, ainsi que des services météorologiques, climatologiques et hydrologiques. De tels cadres permettraient à toutes les parties prenantes de comprendre leurs responsabilités et rôles respectifs et d’agir en conséquence. À défaut, il est difficile, voire impossible, de coordonner des agences publiques.

Principe 4: Les programmes de modernisation à grande échelle doivent en particulier inclure trois composantes:

  • Renforcement institutionnel, renforcement des capacités et soutien en matière de mise en oeuvre. Il est nécessaire pour un programme de modernisation à grande échelle de renforcer les cadres réglementaires et juridiques des SMHN, d’améliorer leurs performances institutionnelles en tant que principal fournisseur d’informations météorologiques, climatologiques et hydrologiques pour un pays, de renforcer les capacité en matière de personnel et de gestion, de garantir l’efficacité opérationnelle des réseaux futurs et de soutenir la mise en oeuvre de projets;
  • Modernisation des infrastructures d’observation et prévisions. Cette composante comprend la modernisation des réseaux d’observation ainsi que des systèmes de communication et des TIC des SMHN, l’amélioration des systèmes de prévision météorologique et hydrologique, ainsi que le réaménagement des bureaux et installations;
  • Amélioration du système de prestation de services. Une telle amélioration implique la création ou le renforcement des services hydrologiques, des services climatologiques et des services météorologiques publics, ainsi que le développement de nouveaux produits à valeur ajoutée et d’information destinés aux communautés vulnérables ainsi qu’aux principaux secteurs dépendant du temps et des ressources hydriques. Cette composante devrait inclure le développement de cadres nationaux en matière de services climatologiques, tel que souligné par le Plan de mise en oeuvre du Cadre mondial pour les services climatologiques.

L’expérience de la Banque mondiale suggère que les SMHN ont besoin d’aide pour transformer leurs opérations. Ces derniers ont besoin de directives d’experts tout au long du processus de modernisation. Coupler SMHN avancés et SMHN moins avancés permet de soutenir la formation du personnel et de donner des orientations pratiques.

Principe 5: La modernisation des SMHN doit être examinée dans un contexte régional et mondial élargi

Il convient de comprendre quelles parties des infrastructures météorologiques publiques sont les mieux financées et exploitées aux niveaux local, national, régional et mondial et d’investir en conséquence. Il est possible de mieux distribuer les responsabilités à ces niveaux. Les progrès techniques permettent de générer des produits plus utiles aux niveaux régional et mondial, ce qui peut étayer les services fournis par les SMHN au niveau national.

Les centres spécialisés et les centres régionaux de l’OMM font partie intégrante du système d’information. Ces derniers fournissent aux SMHN des orientations pratiques basées sur les produits créés par les centres de modélisation mondiaux. Des centres régionaux et spécialisés forts permettent de soutenir des programmes de modernisation nationaux en favorisant une transmission technologique continue, assurant donc la mise à niveau des SMHN. Cependant, il convient de mettre en place de nouveaux mécanismes de financement pour soutenir les éléments régionaux et mondiaux du système météorologique et hydrologique.

Principe 6: La Banque mondiale, l’OMM et les partenaires pour le développement jouent un rôle essentiel

La raison en est simple: les services météorologiques, climatologiques et hydrologiques sont un bien public essentiel et l’on ne peut envisager le développement durable et la croissance verte dans leur ensemble sans viser une plus grande résilience en matière de changement climatique et de variabilité du climat.

Renforcement du soutien

La Banque mondiale commence à intensifier son soutien par le biais d’opérations politiques de développement et d’investissement. Ainsi, l’hydrométéorologie est un pilier essentiel de tous les programmes développés dans le cadre du programme pilote pour la résilience climatique des fonds d’investissement climatiques. Les pays reconnaissent toujours plus l’importance d’intégrer une meilleure prestation de services météorologiques et climatologiques dans des programmes de développement stratégique élargis.

D’un point de vue technique, les programmes d’hydrométéorologie sont complexes. La Banque mondiale a cependant acquis une connaissance concrète en matière de modernisation des SMHN dans les pays à revenu moyen et à présent dans les pays à faible revenu – quoique son expérience dans les pays les moins avancés reste encore limitée. En 2012, de nouveaux projets de modernisation hydrométéorologique ont été développés et mis en oeuvre au Mexique, au Mozambique, au Népal, en Fédération de Russie, au Viet Nam, dans la République du Yémen, en Zambie, ainsi que dans d’autres pays. Au Népal, l’approche adoptée est un des rares exemples de modernisation de bout en bout, centrée sur un renforcement institutionnel, une modernisation des systèmes d’observation et de prévision, ainsi qu’en matière de prestation de services3. En outre une évaluation dédiée des capacités actuelles des services hydrologiques sera l’objet d’une étude que la Banque mondiale prévoie de mener à part, conjointement avec l’OMM. On espère que l’expérience croissante de la Banque mondiale en matière de modernisation aidera à améliorer l’élaboration de futurs programmes et sous-tendre la place du renforcement hydrométéorologique dans des programmes élargis en matière de développement durable.

La Banque mondiale estime que cette initiative de modernisation de l’infrastructure mondiale des SMHN est une condition préalable à la réalisation des promesses du Cadre mondial pour les services climatologiques.

Bibliographie

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Michel, Jean, Bruce Angle, David Grimes et John Falkingham, 1999: “Structures et évolution des Services météorologiques et hydrologiques nationaux: comparaison sur le plan international”. Bulletin de l’OMM, 48 (2): 177-183.

Munich Re, 2012: Topics: Annual Review–Natural Catastrophes, 2011. Munich: Munich Re.

Tsirkunov, Vladimir, Sergey Ulatov, Marina Smetanina, et Alexander Korshunov, 2007: “Customizing Methods for Assessing Economic Benefits of Hydrometeorological Services and Modernization Programmes: Benchmarking and Sector-Specific Assessment.” In Elements for Life, edited by Soobasschandra Chacowry. OMM Genève.

UNISDR (United Nations International Strategy for Disaster Reduction), 2011: “Preparing for RIO+20: Redefining Sustainable Development.” Discussion paper, UNISDR, Genève, 10 octobre.

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—, 2012a: Inclusive Green Growth: The Pathway to Sustainable Development. Washington, DC: World Bank.

—, 2012 b: Strengthening Weather and Climate Information and Decision Support Systems (WCIDS): The World Bank Portfolio 1995–2011. Washington, DC: World Bank.

—, 2012 c: Toward a Green, Clean, and Resilient World for All: A World Bank Group Environmental Strategy 2012–2022. Washington, DC: World Bank. Zillman, John W. 1999: “Le service météorologique national”. Bulletin de l’OMM 48 (2): 145–176.

—, 2005 a: “La météorologie et les défis du XXIe siècle”. Bulletin de l’OMM 54 (4): 224–229.

—, 2005 b: “Real Time Data Requirements of National Meteorological Services (NMHSs) and Their Users.” Presented at the National Oceanic and Atmospheric Administration’s National Weather Service International Session on Addressing Data Acquisition Challenges, San Diego, CA, 6–7 janvier.

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1 Cet article est basé sur la publication intitulée Weather and Climate Resilience: Effective Preparedness through National Meteorological and Hydrological Services, à paraître prochainement. Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale, 2013.

2 Selon Zillman (2005, 225), l’un des défis clés réside dans la nécessité de «doter la météorologie d’un cadre économique rigoureux et très complet tant à l’échelle nationale qu’internationale»; une nécessité de parvenir à ce que «les données de base sur le temps et l’environnement soient universellement reconnues comme bien public général»; ainsi que la nécessité d’établir des «partenariats forts et complémentaires entre le secteur public, le secteur privé et le milieu universitaire de la météorologie à l’échelle nationale et internationale»

 3 Au Népal, le programme de modernisation hydromet est appelé «Building Resilience to Climate-Related Hazards» (Pour la résilience face aux catastrophes liées au climat). Ce programme est financé par le Programme pilote pour la résilience climatique.




 

 
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