par Heather Auld*
(Genève, 24 mai 2007)
Le texte intégral de la conférence scientifique figure dans l'édition de juin de MétéoMonde.
Introduction
Tout indique que le coût des catastrophes, en particulier celui des catastrophes d’origine météorologique, augmente dans le monde entier. Entre les années 50 et 90, les pertes annuelles imputées directement à l’ensemble de ces événements sont passées de 3,9 à 40 milliards de dollars É. U., au taux constant de 1999 (Munich Re, 2007). Pendant la même période, la population du globe a été multipliée par 2,4 seulement. Si l’on inclut les phénomènes de moins grande ampleur, les pertes occasionnées par les catastrophes dues essentiellement à des facteurs météorologiques et hydrologiques sont en fait deux fois plus importantes (Munich Re, 2007). D’autres études récentes font état de pertes encore plus importantes (GIEC, 2007a)). Le nombre de décès a reculé depuis 30 ans, grâce à l’efficacité des programmes de préparation et de prévention, mais le nombre de personnes blessées, privées de domicile ou souffrant de la faim s’est fortement accru, excédant 211 millions en moyenne par année (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, 2006). C’est dans les pays en développement que la progression a été la plus marquée.
La majorité des catastrophes naturelles sont liées au temps, au climat et à l’eau (voir la figure 1). Les phénomènes hydrométéorologiques ont été la cause de près de 90% des pertes de vies déplorées à la suite des catastrophes naturelles survenues depuis 10 ans (OMM, 2004a). Il est indispensable, dans ce contexte, que les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) interviennent davantage dans tout ce qui a trait à la gestion des catastrophes.
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Figure 1 — Nombre de grandes catastrophes météorologiques et hydrologiques enregistrées dans la base de données EM-DAT entre 1900 et 2005 (d’après EM-DAT (2006): Base de données internationale sur les catastrophes OFDA/CRED (www.em-dat.net), Université catholique de Louvain, Bruxelles, Belgique) |
La hausse des valeurs extrêmes contribue sans doute à l’accentuation des pertes subies dans les régions, mais il est clair que la vulnérabilité a été aggravée par certaines tendances socio-économiques et démographiques (GIEC, 2007a)). Parmi les facteurs en cause figurent l’accroissement de la population, l’urbanisation, la mise en valeur de zones à risque (le littoral, par exemple), la progression de la pauvreté dans les régions démunies, la progression de la richesse dans les régions développées, la dépendance accrue à l’égard de l’infrastructure et des services, le vieillissement des équipements collectifs, la difficulté d’obtenir de solides études climatiques pour établir les codes et normes techniques, le développement irrationnel et la dégradation de l’environnement régional.
S’il est normal que le nombre et l’intensité des phénomènes météorologiques et hydrologiques varient grandement d’une année à l’autre, il n’est pas normal que les coûts soient de plus en plus lourds. Lorsqu’un danger provoque une catastrophe, les conséquences sont autant fonction de la manière dont la société gère son économie ou s’adapte au risque que de la nature du danger lui-même. La montée rapide, en valeur monétaire constante, des pertes de biens assurés et non assurés causées par les catastrophes météorologiques et hydrologiques révèle que les populations et les sociétés ne se sont pas assez adaptées à la variabilité du climat et aux valeurs extrêmes que l’on connaît aujourd’hui.
Les SMHN et la gestion des catastrophes
Les SMHN doivent remplir de nombreuses fonctions en matière de gestion des risques de catastrophe (voir la figure 2), que l’on peut répartir en deux grands volets:
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Actions prises avant une catastrophe —gestion des risques— dont les assises sont: |
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L’atténuation des risques ou la prévention des catastrophes; |
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La préparation aux situations d’urgence; |
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Actions prises immédiatement avant, pendant et après une catastrophe —gestion des crises— dont les assises sont: |
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L’intervention et les secours d’urgence; |
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Le relèvement et la reconstruction. |
Une gestion efficace des catastrophes exige une coordination et une intégration parfaites des mesures qui composent ces quatre assises.
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Figure 2 — Fonctions que les SMHN peuvent remplir dans un système de gestion des catastrophes ou des situations d’urgence: gestion des risques (atténuation-prévention et préparation), gestion des crises (intervention d’urgence et relèvement-reconstruction) |
L’action engagée dans de nombreux pays pour faire face aux dangers naturels est centrée sur la gestion des crises (préparation aux situations d’urgence), qui vise à minimiser l’impact d’une catastrophe et à apporter rapidement des secours et une aide aux victimes. Ce type d’intervention est certes important, mais il ne faut pas négliger d’analyser les raisons pour lesquelles des pertes ont été subies. Selon la Banque mondiale, chaque dollar investi dans la préparation permet d’économiser sept dollars en intervention (Banque mondiale, 2004).
Les SMHN sont particulièrement bien placés pour aider à réduire les pertes infligées par les catastrophes météorologiques et hydrologiques dans les conditions climatiques actuelles et futures, tant sur le plan de la gestion des risques que de la gestion des crises. Ils se chargent notamment des tâches suivantes:
- Fourniture d’informations sur les dangers pour l’évaluation des risques locaux et l’aménagement du territoire;
- Affinement des informations climatologiques et hydrologiques destinées à protéger l’infrastructure et les populations;
- Mise au point de produits d’évaluation des risques et de prévision de l’état de l’environnement en vue de mieux apprécier les dangers imminents;
- Détection des dangers et des nouvelles menaces par une surveillance continue;
- Diffusion de prévisions et d’alertes précoces à l’appui des interventions d’urgence et des opérations de relèvement et de reconstruction;
- Contribution à la formation en matière de gestion des risques et au renforcement des capacités.
Gérer les risques en ciblant les dangers
Klaus Töpfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement, a rappelé très justement que l’on est mieux à même de se préparer quand on connaît la nature de la menace. S’il n’est pas toujours possible de prévoir les catastrophes, on peut très souvent les anticiper et prendre les mesures de planification ou de gestion des risques qui s’imposent, en s’appuyant sur les événements passés, sur l’étude climatologique des dangers atmosphériques, sur l’analyse des vulnérabilités et sur l’avis d’experts concernant l’évolution du climat.
Rôle des SMHN en matière d’information sur les dangers atmosphériques
Toute stratégie de gestion des risques de catastrophe doit reposer sur la détermination des dangers et l’évaluation des risques, exercice qui intègre la mesure de la probabilité des conditions dangereuses et l’appréciation de la vulnérabilité de l’infrastructure vitale. Au Canada, par exemple, la province de l’Ontario a adopté en avril 2003 la Loi sur la protection civile et la gestion des situations d’urgence qui prescrit à toutes les administrations municipales et régionales de dresser la liste, par ordre de priorité, des dangers et risques auxquels est exposée la population (Gouvernement de l’Ontario, 2004). Les autorités doivent réaliser une étude de détermination des dangers et d’évaluation des risques, préciser les groupes et l’infrastructure vulnérables, classer les risques, planifier les interventions qui pourraient être nécessaires et établir dans les délais fixés un plan complet de gestion des catastrophes (Auld et al., 2006c). D’autres provinces ont adopté des dispositions similaires ou envisagent de le faire.
L’exigence de procéder à la détermination des dangers et à l’évaluation des risques découle du principe que chaque municipalité est différente. La fréquence des phénomènes considérés et leurs répercussions nettes sont estimées en fonction de la probabilité qu’ils se produisent et des conséquences qu’ils pourraient avoir (impacts et vulnérabilité). Étant donné les moyens très variables dont disposent les municipalités, un système simplifié a été mis en place en Ontario pour estimer les probabilités et les répercussions éventuelles, ainsi que les capacités d’intervention civile. Les risques sont classés selon les paramètres suivants (Gestion des situations d’urgence Ontario, 2004):
- Fréquence ou probabilité de réalisation du danger, sur une échelle de 1 à 4, 1 désignant un phénomène rare et 4 un phénomène qui est survenu souvent au cours des 15 dernières années;
- Impacts ou conséquences, sur une échelle de 1 (négligeables) à 4 (importants). Il est possible de faire appel à des experts pour préciser l’ampleur des répercussions à craindre. Une cote élevée correspond à des conséquences lourdes incluant la perte de vies humaines et de biens et services essentiels;
- (Facultatif) capacité locale d’intervention ou d’adaptation, sur une échelle de 1 (excellente) à 4 (faible). Cet aspect est susceptible de modifier l’évaluation des impacts dans le cas des phénomènes dont la probabilité est basse mais les conséquences élevées, si la municipalité dispose de peu d’expérience ou de moyens d’agir. Quand la capacité est faible, un degré de priorité plus élevé est attribué au risque, ce qui exige de planifier de manière poussée les interventions et de prendre davantage de mesures destinées à réduire les risques.
En vue de faciliter la mise en œuvre de ce système, le Service météorologique du Canada a créé, en collaboration avec ses partenaires, un site Web intitulé «Dangers atmosphériques» (www.hazards.ca) à l’intention des gestionnaires des situations d’urgence (Auld et al., 2002, 2006c)). Le site et les documents rassemblés fournissent des précisions sur la probabilité des différents dangers et comprennent des outils permettant de procéder à des comparaisons spatiales et temporelles entre les régions.
Le site renferme des cartes et des bases de données, validées par les milieux scientifiques, sur divers dangers hydrométéorologiques et leurs tendances, ainsi que des documents sur les événements historiques à fort impact. Un exemple de carte est présenté à la figure 3. Les phénomènes dangereux incluent les froids et chaleurs extrêmes, la sécheresse, les pluies abondantes, le blizzard, les ouragans, les tempêtes de verglas, les tornades, les tempêtes de vent, le brouillard, le rayonnement ultraviolet, etc. Il est possible de connaître la fréquence d’un phénomène au cours d’une période de relevés, le nombre moyen de jours par année où les conditions analysées ont dépassé certains seuils, les valeurs extrêmes de précipitation et de température, la probabilité qu’un événement survienne à un endroit donné, les cas les plus récents de valeurs extrêmes, la période de retour estimée, les valeurs de calcul climatologiques pour le génie civil, les critères d’avertissement météorologique et les impacts potentiels de dangers particuliers (Auld et al., 2006c). Toutes les informations reposent sur des éléments scientifiques (publications dans des revues, données conformes aux normes nationales et internationales, etc.).
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Figure 3 — Nombre moyen de jours par année avec accumulation quotidienne de chute de neige supérieure ou égale à 25 cm, selon les données de 1971-2000 (aperçu provincial) (selon Environnement Canada, 2006) |
Il est également possible d’estimer les risques liés à plusieurs dangers grâce à un logiciel de co-reconnaissance capable de superposer des cartes de divers formats, même si leurs échelles et leurs projections sont différentes. Cela peut aller d’une simple carte scannée sur support papier (format gif, par exemple) aux produits complexes de systèmes d’information géographique. Le logiciel, qui a été pensé en tenant compte des capacités des municipalités, peut fonctionner sur des ordinateurs anciens et lents, comme sur un matériel haut-de-gamme. Étant donné que les collectivités disposent de moyens technologiques très variables, l’information peut être obtenue sous diverses formes et sur différents supports (publications destinées aux décideurs, CD-ROM pour les régions éloignées, pages Web, etc.).
Il convient, lors de la détermination des dangers et l’évaluation des risques, de prendre en considération l’évolution des circonstances et l’apparition de nouvelles menaces (risques liés au changement climatique, pandémies). Pour faciliter cette tâche, les tendances historiques et les scénarios climatiques mettent en lumière les changements survenus et l’accentuation des risques liés aux conditions hydrométéorologiques. Les autorités sont invitées à faire usage des meilleures informations qui existent pour déterminer les probabilités et les tendances (Gestion des situations d’urgence Ontario, 2004).
Affiner la prévision et la compréhension des dangers permet aux SMHN de mieux cerner les besoins des décideurs en matière d’information pour la gestion des catastrophes et d’actualiser les produits météorologiques et hydrologiques en fonction des lacunes ou des incompatibilités découvertes et des priorités fixées. Par exemple, l’analyse de cartes présentant la probabilité de tornades dans le centre du Canada a révélé que les produits utilisés présentaient des incohérences au fil du temps, en raison des modifications apportées aux méthodes suivies, aux hypothèses retenues et aux techniques de collecte des données. Il est également apparu que les informations sur les risques de sécheresse dans cette partie du Canada présentaient de graves lacunes, si bien que de nouveaux indices de sécheresse et de déficit en eau ont été mis au point et étalonnés en partenariat avec les utilisateurs. Les modifications introduites ont facilité le respect des nouveaux textes législatifs visant la planification et les mesures d’intervention en cas de déficit en eau.
Il est difficile de concevoir un site Web sur les dangers qui puisse répondre aux attentes d’usagers très divers, allant du spécialiste de la planification au simple utilisateur, tout en fournissant des données exactes et complètes. Des données scientifiques très pointues n’ont que peu d’utilité si l’employé qui s’occupe de la planification et de la gestion des catastrophes dans une municipalité rurale n’est pas en mesure de les comprendre. À l’inverse, des informations schématisées au point de ne pas décrire convenablement la menace présentent un intérêt très relatif pour le cabinet d’experts-conseils engagé par une municipalité pour décrire les risques et établir les priorités. Il s’agit de transmettre de manière simple à tous les utilisateurs des informations scientifiques complexes et de veiller à ce que ces dernières restent défendables, en dépit de leur simplification.
Rôle des SMHN en matière de protection de l’infrastructure et de réduction des risques de catastrophe
On dit qu’une maison est la première protection contre les dangers. Les analyses scientifiques et techniques révèlent souvent que les éléments d’infrastructure (habitations, réseaux de distribution électrique, ouvrages de communication, barrages, etc.) cèdent lorsque les valeurs climatologiques extrêmes s’approchent des valeurs de calcul critiques puis dépassent les limites de sécurité (Auld et al., 2006a). Elles montrent que, au-delà de certains seuils, une progression même légère des extrêmes météorologiques et climatologiques peut entraîner des dégâts beaucoup plus lourds. Ainsi, les dommages causés par les phénomènes météorologiques tendent à augmenter considérablement quand les valeurs critiques sont franchies, même si les tempêtes en cause ne sont pas forcément beaucoup plus intenses que celles qui surviennent plusieurs fois dans l’année (Munich Re, 2005; Swiss Re, 1997; Coleman, 2002). Les seuils critiques rendent sans doute compte, dans bien des cas, d’une intensité supérieure aux valeurs de calcul moyennes de divers bâtiments dont l’âge et l’état diffèrent.
Selon l’analyse réalisée par Insurance Australia Group (voir la figure 4), une hausse de 25 % de la vitesse de pointe des rafales de vent, au-delà d’un seuil critique, peut faire augmenter de 650 % les réclamations présentées pour des dommages aux bâtiments (Coleman, 2002). Des études similaires ont montré que, lorsque les rafales de vent atteignent ou franchissent un certain niveau, des sections entières de toit peuvent être arrachées ou des dommages supplémentaires être causés par la chute d’arbres, tandis que des dégâts minimes sont signalés sous ce seuil (Munich Re, 2005; Swiss Re, 1997; Freeman et Warner, 2001; Coleman, 2002). Il en va de même dans le cas des inondations et des tempêtes de grêle (Freemen et Warner, 2001; Munich Re, 2005; Swiss Re, 1997). Bien entendu, la qualité de la construction a également une grande incidence sur l’ampleur des dommages.
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Figure 4 — Réclamations présentées pour des dommages aux bâtiments selon la vitesse de pointe des rafales (Australie)
(Source: Coleman, 2002) |
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Les valeurs de calcul climatologiques utilisées pour bâtir des ouvrages solides et économiques sont généralement tirées de relevés historiques. Ce peut être la vitesse des vents, la hauteur des précipitations ou les conditions neigeuses enregistrées pendant la «pire tempête», dont la période de retour est de 10, 50 ou 100 ans. Pratiquement tous les ouvrages ont été conçus en fonction de données climatologiques anciennes, l’hypothèse étant que le passé représente convenablement les conditions qui surviendront pendant la durée de vie de l’infrastructure. Cette hypothèse, qui a fait ses preuves jusqu’ici, risque d’être moins valable en raison de l’évolution du climat. Dans les régions où les extrêmes climatologiques s’approchent des limites de conception, il faudra majorer les valeurs de calcul pour les nouveaux éléments d’infrastructure et consolider ceux que l’on estime fragiles (Auld et al., 2006b)).
Gérer les crises: de la prévision du temps à l’anticipation des risques
Se doter d’un système d’alerte précoce fiable qui diffuse en temps voulu des informations exactes est l’un des meilleurs moyens de se préparer et d’intervenir en cas de catastrophe. L’alerte peut donner le temps d’évacuer la population, de renforcer l’infrastructure, de réduire les dégâts potentiels ou d’organiser les mesures d’urgence. Toutefois, un système d’alerte précoce forme une chaîne dont le maillon le plus faible détermine l’efficacité globale; en outre, il doit être accompagné de solides mesures et politiques d’intervention pour remplir sa fonction.
Il arrive trop souvent qu’un avertissement soit émis sans que les SMHN aient une idée précise de la gravité et des répercussions possibles du danger. La diffusion d’avis n’atteint donc pas toujours le but recherché et ce, pour quatre grandes raisons (SIPC, 2001):
- L’imperfection des prévisions: par exemple, l’impossibilité de cerner un danger ou de le situer précisément dans le temps ou dans l’espace;
- L’ignorance des facteurs de vulnérabilité découlant de conditions physiques, sociales ou économiques particulières;
- L’incapacité de diffuser l’information de manière assez précise ou rapide;
- L’impossibilité pour les destinataires de comprendre l’avis, de croire à son contenu ou de prendre les mesures voulues.
Une alerte précoce n’est efficace que dans la mesure où elle déclenche des réactions adaptées. Les messages diffusés doivent donc indiquer les mesures que doivent prendre les personnes menacées, ce qui est délicat si l’information est incomplète, si les recommandations divergent ou si la responsabilité des SMHN est en jeu.
Les expertises effectuées à la suite d’une catastrophe révèlent souvent que la communication avec le public n’a pas été assez efficace et que les autorités et la population n’ont pas été en mesure d’évaluer les risques associés aux informations scientifiques et techniques données (par exemple, rafales de vent supérieures à 140 km/h). Les avis doivent être reçus et compris par une audience hétérogène et avoir le même sens pour ceux qui émettent les prévisions que pour les décideurs à informer. Étant donné que les responsables des interventions d’urgence et le public sont rarement capables de traduire l’information scientifique en degré de risque, il convient de s’employer à déterminer les impacts globaux, préciser les dangers les plus graves, évaluer les possibilités d’événements en chaîne et établir les seuils au-delà desquels survient une aggravation des risques courus par la population, les équipes d’intervention et l’infrastructure
Systèmes d’alerte et de vigilance à plusieurs niveaux
Certains SMHN envisagent de mettre en place des systèmes d’alerte à plusieurs niveaux, capables d’établir une distinction entre les phénomènes météorologiques à fort impact qui exigent de vastes interventions et d’autres perturbations qui peuvent être gérées par des mesures d’urgence «normales». Pour sa part, Météo-France s’est dotée d’un système de vigilance météorologique qui comprend quatre niveaux et inclut de nouveaux dangers, dont la canicule.
Le programme EMMA (European Multi-services Meteorological Awareness) repose sur le système de vigilance de Météo-France et utilise les mêmes codes de couleur pour indiquer le niveau de vigilance (Gérard, 2002): vert pour l’absence de temps violent; jaune pour les phénomènes occasionnellement dangereux mais habituels; orange pour les phénomènes potentiellement dangereux et inhabituels; rouge pour les conditions météorologiques dangereuses d’intensité exceptionnelle.
En Chine, le système d’alerte porte sur 11 phénomènes météorologiques extrêmes et emploie cinq couleurs: bleu, jaune, orange, rouge et noir, par ordre croissant de danger exigeant des mesures de plus en plus grandes (Yongping Yuo, communication personnelle, 2007). Ainsi, les magasins doivent rester fermés lorsqu’un avis de typhon passe de l’orange au rouge. Si une alerte rouge est émise pour des précipitations intenses, les équipes de secours doivent être prêtes car les pluies attendues devraient atteindre 100 mm ou plus en trois heures. Aux États-Unis d’Amérique, la NOAA a lancé en Floride un projet pilote comportant l’affichage graphique des prévisions de dangers quotidiens en fonction de l’ampleur de la menace (Sharp et al., 2000).
Conscients des situations complexes que peuvent créer les différents dangers, seuls ou conjugués (vague de chaleur et piètre qualité de l’air, par exemple), l’OMM, les SMHN et plusieurs partenaires du système des Nations Unies s’efforcent de mettre en place des systèmes d’alerte précoce multidanger. Une collaboration est en cours avec l’Organisation mondiale de la santé afin d’élaborer des systèmes d’avis de vague de chaleur et de veille sanitaire qui aident à prévenir les décès et la propagation du paludisme lors des canicules (OMM, 2007). Les travaux conduits de concert avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture portent sur la surveillance et les progrès à accomplir pour l’alerte précoce d’invasion de criquets pèlerins (OMM, 2004b).
Catastrophes latentes
Certaines catastrophes se présentent au départ comme des dangers qui évoluent en quelques jours ou quelques mois. Ce délai peut être mis à profit pour la prévention, la planification, la préparation et l’intervention. Les dangers latents liés aux crues et à la sécheresse découlent souvent d’événements qui se cumulent ou qui surviennent en cascade dans un milieu particulièrement vulnérable. Des précipitations inférieures aux valeurs extrêmes risquent de déclencher une inondation si des pluies se sont déjà abattues pendant plusieurs jours sur un sol saturé. Les paramètres à examiner pour déclencher une alerte peuvent donc inclure les précipitations antérieures et l’état du sol gelé ou son degré de saturation avant le début de l’épisode de pluie. Il est difficile de prévoir les risques d’inondation à partir des précipitations antérieures en raison des incertitudes que comportent la modélisation et l’estimation de l’humidité des sols.
La sécheresse est un danger larvé capable de provoquer de lourdes pertes dans de vastes régions. Les mesures prises pour déceler et suivre ces conditions doivent être adaptées à la région touchée, aux utilisateurs concernés et aux impacts possibles. En effet, les gestionnaires des ressources en eau, les producteurs agricoles, les exploitants de centrales hydroélectriques et les spécialistes des écosystèmes peuvent avoir besoin d’indices différents pour déterminer la gravité de la situation et les interventions requises. C’est la raison pour laquelle les systèmes d’alerte précoce de sécheresse sont plus efficaces quand ils détectent les déficits cumulés de précipitation en se basant sur des seuils critiques d’apport d’eau à l’échelle régionale (OMM, 2006).
Alerte précoce et intervention d’urgence
Qu’il s’agisse d’un danger soudain ou progressif, les systèmes d’alerte doivent donner le temps d’activer les plans d’intervention. Le Service météorologique du Royaume-Uni transmet actuellement, jusqu’à cinq jours à l’avance, des alertes précoces de conditions météorologiques susceptibles de provoquer une catastrophe aux spécialistes des mesures d’urgence. Vu la difficulté de prévoir le temps violent à une telle échéance, les avis sont exprimés en probabilité et ne sont diffusés que lorsqu’il y a au moins 60 % de chances qu’une région du Royaume-Uni soit durement touchée par les conditions attendues (UK Meteorological Office, 2004).
Les alertes sont d’autant plus utiles qu’elles ciblent les personnes et les régions les plus menacées. On tient compte, dans certaines régions, des connaissances locales et traditionnelles. Le Service météorologique du Bangladesh, par exemple, est particulièrement conscient de l’importance d’associer la population depuis que des cyclones ont provoqué des pertes humaines catastrophiques en 1970 et 1991. Les expertises réalisées après ces événements ont montré que les alertes n’ont pas été dirigées vers les personnes en danger ou n’ont pas été crues (Monowar, 1998). Depuis lors, quelque 33 000 bénévoles disséminés dans les villages du littoral et des îles sont chargés de passer dans tous les foyers lorsqu’un cyclone doit arriver. De même, dans certaines zones rurales, les avis de crue sont transmis par des moyens choisis localement (signalisation par drapeau, battement de tambours, utilisation du microphone des mosquées, etc.) plutôt que par les médias ou la presse.
Le nouveau système d’alerte a amplement démontré son efficacité: un cyclone survenu en 1997 a fait 127 victimes, alors qu’un phénomène d’intensité similaire avait ôté la vie à 11 069 personnes en mai 1985 (Akhand, 1998).
Le relèvement et la reconstruction
Cette phase requiert l’intégration des services dispensés par toutes les autres assises du système, par exemple la diffusion d’avis météorologiques destinés à protéger les populations rendues plus vulnérables et l’actualisation des informations sur les dangers atmosphériques et des données de calcul climatologiques afin de construire des ouvrages qui résisteront mieux aux catastrophes. La remise en état de l’infrastructure essentielle, dont les installations de communication, doit être une priorité. En effet, il est difficile, voire impossible, de coordonner les interventions d’urgence et les opérations de relèvement si l’on ne dispose d’aucun moyen de communication ou de transport.
La confusion qui règne au cours de la phase de crise peut amener à prendre des décisions en matière de reconstruction qui pourraient nuire à la viabilité des zones touchées à plus long terme. Un moyen d’éviter ce genre de problème est de bien planifier les mesures qui devront être prises à la suite d’une catastrophe, compte tenu des dangers présents et de leur évolution. Le retour à la vie normale est plus facile si l’on a établi, longtemps à l’avance, un plan de rétablissement et réalisé une analyse des principaux risques et des effets des opérations prévues.
Les changements climatiques
L’un des aspects les plus inquiétants de l’évolution du climat de la planète, même dans l’éventualité où les objectifs les plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre seraient atteints, est la forte probabilité que les phénomènes météorologiques extrêmes soient plus variables, plus intenses et plus fréquents à l’échelle régionale, du fait de la modification de la trajectoire des tempêtes. Selon un rapport présenté par l’Initiative Services financiers du Programme des Nations Unies pour le développement, le coût global des catastrophes naturelles atteindra 300 milliards de dollars par année en 2050 (SIPC, 2004; Berz, 2001) si l’on ne contre pas les effets attendus par des mesures énergiques de prévention des catastrophes.
Les mesures d’adaptation «sans regrets» qui sont mises en œuvre aujourd’hui pour atténuer les conséquences des phénomènes météorologiques dangereux permettent aux régions de réduire leur vulnérabilité et de se préparer aux conditions futures. Les obstacles actuels à la gestion des risques créés par la variabilité du climat empêcheront de la même manière les régions et les nations de faire face à la hausse des dangers découlant des changements climatiques (Programme des Nations Unies pour le développement, 2004).
L'avenir
Alors que la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles (1990-1999) devait être consacrée à la recherche de moyens de réduire les risques liés aux dangers naturels, elle s’est achevée par un triste bilan: les catastrophes avaient été plus nombreuses et avaient provoqué plus de décès, de pertes économiques, de troubles sociaux et de souffrances humaines que les années antérieures (SIPC, 2004). L’Assemblée générale des Nations Unies a décidé en 2000 d’établir la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (SIPC) afin de poursuivre les travaux entrepris. Le but est de rassembler les particuliers, les organisations et les secteurs au sein d’une tribune multidisciplinaire et multipartite en vue d’accroître la capacité de récupération à la suite de catastrophes naturelles, technologiques et environnementales et de réduire les pertes environnementales, humaines, économiques et sociales qui les accompagnent.
L’OMM, partenaire important de la SIPC, s’emploie à mieux faire saisir les rapports qui existent entre la gestion préventive des risques et le développement économique. L’Organisation apporte son appui à la réalisation des buts de la SIPC et de l’un des objectifs du Millénaire pour le développement adoptés par l’ONU, selon lequel il convient de réduire de moitié le nombre de décès liés aux catastrophes naturelles d’origine météorologique, hydrologique et climatique. Elle s’est donc fixée comme objectif de réduire de 50% la moyenne décennale des victimes causées par l’ensemble des catastrophes liées au temps, au climat et à l’eau (par rapport à 1994-2003) au cours des 15 prochaines années (OMM, 2005). Elle a créé le Programme de réduction des risques de catastrophe dans le souci d’optimiser ses programmes et moyens à l’échelle mondiale et d’intégrer ses principales capacités et connaissances scientifiques dans toutes les phases de la gestion des risques, en particulier dans l’évaluation des dangers et la mise en place de systèmes d’alerte précoce (OMM, 2005).
Il est terrible de penser que, sans les services de prévention assurés par le biais des SMHN, le bilan des catastrophes survenues depuis 10 ans aurait sans doute été plus lourd (Golnaraghi, 2004). En outre, les pressions croissantes découlant de l’évolution du climat devraient se traduire par une fréquence accrue des conditions météorologiques violentes, sous une forme ou une autre. En l’absence d’une action déterminée pour mieux gérer les catastrophes, il est probable que de nouvelles vulnérabilités apparaîtront à l’égard de dangers inconnus jusqu’ici qui, du fait même de leur caractère inattendu, pourraient être extrêmement meurtriers. Il serait donc prudent que la gestion des risques englobe la prise de mesures de réduction et d’adaptation face aux dangers actuels et futurs.
Remerciements
L’auteur remercie Sharon Fernández, d’Environnement Canada, et Yongping Yuo, de l’Administration météorologique chinoise, de l’assistance et des conseils précieux qu’elle a reçus pour rédiger cet article. Elle tient également à exprimer sa reconnaissance à l’OMM, qui l’a aimablement invitée à présenter ce travail lors du Quinzième Congrès météorologique mondial tenu à Genève en mai 2007, ainsi qu’à Environnement Canada pour l’appui dont elle a bénéficié.
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