Après avoir battu un record, le trou dans la couche d’ozone 2020 s'est refermé

11 janvier 2021

Le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique, qui a battu un record en 2020, s’est finalement refermé fin décembre après une saison exceptionnelle due aux conditions météorologiques naturelles et à la présence continuelle dans l’atmosphère de substances appauvrissant la couche d’ozone.

2020 Ozone hole area from CAMS ECMWF

Le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique, qui a battu un record en 2020, s’est finalement refermé fin décembre après une saison exceptionnelle due aux conditions météorologiques naturelles et à la présence continuelle dans l’atmosphère de substances appauvrissant la couche d’ozone.

Ce trou a rapidement augmenté à partir de la mi-août pour atteindre le 20 septembre sa superficie maximale, environ 24,8 millions de kilomètres carrés. Il s’étendait alors sur la majeure partie du continent antarctique.

Il s’agit de l’un des trous les plus grands, les plus profonds et les plus durables observés depuis le début des activités de surveillance de la couche d’ozone, il y a 40 ans. Il s’est créé sous l’effet d’un vortex polaire fort, stable et froid et de températures très basses dans la stratosphère (à savoir la couche de l’atmosphère située entre 10 km et 50 km d’altitude environ). Ce sont ces mêmes facteurs météorologiques qui ont contribué, toujours en 2020, à la formation d’un trou record dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique.

En revanche, en 2019, le trou au-dessus de l’Antarctique avait présenté une taille et une durée exceptionnellement réduites.

«Les deux dernières saisons mettent en évidence la variabilité interannuelle du trou dans la couche d’ozone et nous aident à mieux comprendre les facteurs responsables de sa formation, de son étendue et de sa gravité», a déclaré Oksana Tarasova, Cheffe de la Division de la recherche sur l’environnement atmosphérique de l’OMM, qui supervise le réseau de stations de surveillance de la Veille de l’atmosphère globale de l’Organisation. «Nous avons besoin d’une mobilisation internationale constante pour faire appliquer le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Il reste assez de ces substances dans l’atmosphère pour provoquer chaque année un affaiblissement de la couche d’ozone», a-t-elle précisé.

Les responsables du programme de la Veille de l’atmosphère globale de l’OMM collaborent étroitement avec ceux du Service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS) de l’Union européenne, de la NASA, d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et d’autres partenaires pour surveiller la couche d’ozone de la Terre, qui nous protège des rayons ultraviolets nocifs émis par le Soleil.

Un fort vortex polaire

L’appauvrissement de la couche d’ozone est directement lié à la température de la stratosphère, la couche de l’atmosphère située entre 10 km et 50 km d’altitude environ. En effet, les nuages stratosphériques polaires, qui jouent un rôle important dans la destruction chimique de l’ozone, ne se forment qu’à des températures inférieures à ‑78 °C.

Ces nuages contiennent des cristaux de glace capables de transformer des composés non réactifs en composés réactifs, lesquels peuvent ensuite détruire rapidement l’ozone dès que la lumière du Soleil permet de déclencher des réactions chimiques. Cette dépendance à l’égard des nuages stratosphériques polaires et du rayonnement solaire est la principale raison pour laquelle le trou dans la couche d’ozone n’est visible qu’à la fin de l’hiver et au début du printemps.

Pendant le printemps austral (août-octobre), le trou au-dessus de l’Antarctique s’agrandit. Il atteint son maximum entre la mi-septembre et la mi-octobre. Lorsque les températures de la stratosphère commencent à augmenter, à la fin du printemps boréal, l’appauvrissement de la couche d’ozone ralentit, et le vortex polaire s’affaiblit et finit par se décomposer. Ainsi, fin décembre, les concentrations d’ozone reviennent à la normale.

Ozone hole at its maximum September 2020: NASA Ozone Watch

Cependant, en 2020, un vortex polaire fort, stable et froid a maintenu en permanence de basses températures dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique, ce qui a empêché l’air appauvri en ozone qui s’y trouvait de se mélanger avec l’air riche en ozone provenant de latitudes plus élevées.

Pendant une grande partie de la saison 2020, les concentrations d’ozone dans la stratosphère à une altitude d’environ 20 à 25 km (50-100 hPa) ont avoisiné zéro. La profondeur de la couche d’ozone n’a pas dépassé 94 unités Dobson (une unité de mesure), soit environ un tiers de sa valeur normale.

D’après les analyses d’ozone du CAMS, le trou dans la couche d’ozone s’est refermé le 28 décembre.

Chaque saison, des satellites et plusieurs stations d’observation au sol surveillent l’apparition du trou dans la couche d’ozone et son évolution. Grâce aux services de différentes entités tels que le CAMS, le programme de surveillance de l’ozone de la NASA, la NOAA, le KNMI et l’ECCC, les nombreux spécialistes de l’ozone observent les conditions existantes et les caractéristiques de ce trou, et élaborent cartes interactives, séries chronologiques et prévisions.

Protocole de Montréal

Le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone est l’accord environnemental multilatéral de référence qui réglemente la production et la consommation de près de 100 produits chimiques appelés «substances appauvrissant la couche d’ozone». Depuis l’interdiction des halocarbures, la couche d’ozone se reconstitue peu à peu et les données montrent clairement une tendance à la diminution de la superficie de son trou – sous réserve de variations annuelles.

Dans leur dernière évaluation scientifique de l’appauvrissement de la couche d’ozone, publiée en 2018, l’OMM et le Programme des Nations Unies pour l’environnement concluaient que la couche d’ozone était en voie de rétablissement et que les concentrations de l’ozone au-dessus de l’Antarctique pourraient retrouver d’ici 2060 les valeurs qu’elles avaient avant 1980. Ce délai est dû à la longue durée de vie des produits chimiques dans l’atmosphère.

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