Le Bulletin de l’OMM met en avant les risques et les effets des tempêtes de sable et de poussière

12 juillet 2024

Genève/New York – L’Organisation météorologique mondiale (OMM) vient de publier son rapport annuel sur l’incidence des tempêtes de sable et de poussière, ainsi que leurs répercussions sur la société. En 2023, les concentrations de poussière dans les zones les plus touchées ont été supérieures à la moyenne à long terme, mais légèrement inférieures à celles de 2022.

Messages clés
  • En 2023, l’activité des tempêtes de sable et de poussière a été supérieure à la moyenne à long terme
  • Les tempêtes de sable et de poussière ont des répercussions importantes sur l’environnement, l’économie et la santé
  • La mauvaise gestion des terres et de l’eau aggrave le problème
  • L’amélioration de la surveillance et des prévisions renforce les systèmes d’alerte précoce

La tempête la plus violente de l’année, en mars 2023, a balayé la Mongolie et 20 provinces chinoises sur plus de 4 millions de km², selon le Bulletin de l’OMM sur les poussières atmosphériques, publié le 12 juillet à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière.

Quelque 2 000 millions de tonnes de poussière pénètrent chaque année dans l’atmosphère, obscurcissant le ciel et dégradant la qualité de l’air dans des régions situées parfois à des milliers de kilomètres de leur source, et affectant les économies, les écosystèmes, le temps et le climat. Il s’agit essentiellement d’un processus naturel, mais une part non négligeable résulte d’une mauvaise gestion de l’eau et des terres.

«Nous devons rester vigilants face à la dégradation continue de l’environnement et au changement climatique actuel et futur. Les preuves scientifiques sont là: les activités humaines ont un impact sur les tempêtes de sable et de poussière. Par exemple, la hausse des températures, les sécheresses et l’augmentation du phénomène d’évaporation entraînent une diminution de l’humidité du sol. Combinée à une mauvaise gestion des terres, cette situation est propice à la multiplication des tempêtes de sable et de poussière», a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo.

La surveillance et les prévisions se sont affinées ces dernières années grâce aux progrès des modèles numériques et des systèmes d’observation. Le Système d’annonce et d’évaluation des tempêtes de sable et de poussière (SDS-WAS) mis sur pied par l’OMM en 2007 s’efforce d’améliorer les alertes par ses centres régionaux spécialisés et allie les travaux de recherche et d’exploitation.

«L’Initiative "Alertes précoces pour tous" entend réunir tous les risques dans un même cadre, notamment en améliorant les capacités d’alerte et de prévision axée sur les impacts pour les tempêtes de sable et de poussière», a ajouté Mme Saulo.

Les nouvelles ne sont cependant pas toutes mauvaises. Le transport à grande distance de sable et de poussière au-dessus des océans constitue également une source précieuse de nutriments et joue un rôle important dans la gestion internationale des pêcheries.

Zones critiques

En 2023, la moyenne mondiale des concentrations moyennes de poussières en surface a été légèrement inférieure à celle de 2022, principalement en raison de la réduction des émissions de poussière dans plusieurs régions du monde qui en produisent habituellement beaucoup, telles que l’Afrique du Nord, la péninsule arabique, le plateau iranien, le nord de l’Inde, le centre de l’Australie et le nord-ouest de la Chine.

Toutefois, les concentrations moyennes annuelles de poussières en surface au-dessus de l’Asie centrale occidentale, du centre-nord de la Chine et du sud de la Mongolie ont été plus élevées en 2023 qu’en 2022, peut-on lire dans le Bulletin.

La concentration d’un polluant atmosphérique est exprimée en microgrammes (soit un millionième de gramme) par mètre cube d’air, ou µg/m3. Sur le plan spatial, on estime que la concentration moyenne annuelle de poussières en surface a culminé dans certaines régions du Tchad, dans le nord de l’Afrique centrale, où elle a atteint entre 800 et 1 100 µg/m3. Dans l’hémisphère Sud, les concentrations de poussière ont atteint leur niveau le plus élevé dans certaines parties du centre de l’Australie et sur la côte ouest de l’Afrique du Sud. 

Les poussières atmosphériques peuvent être transportées par le vent depuis les zones traditionnellement émettrices vers de nombreuses régions du monde sur des centaines, voire des milliers de kilomètres. Les zones les plus touchées par le transport à grande distance sont le nord de l’océan Atlantique tropical entre l’Afrique de l’Ouest et les Caraïbes, l’Amérique du Sud, la mer Méditerranée, la mer d’Arabie, le golfe du Bengale et le centre-est de la Chine.

En 2023, certaines parties de la région de la mer des Caraïbes ont été envahies de poussière provenant d’Afrique via le transport transatlantique, et des poussières atmosphériques en provenance du désert de Gobi, en Asie de l’Est, se sont également propagées jusqu’à la mer de Bohai et la mer Jaune.

Dans les zones les plus touchées, comme l’Amérique du Sud et certaines parties de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale, la concentration moyenne annuelle de poussières en surface a été supérieure en 2023 à la moyenne climatologique.

Two global maps show particulate matter (PM) concentrations: (a) current distribution and (b) change in PM levels. Warmer colors indicate higher PM in (a) and increases in (b); cooler colors indicate decreases in (b).
a) Concentration moyenne annuelle de poussières minérales en surface (en μg/m3) en 2023. B) Anomalie de la concentration moyenne annuelle de poussières en surface en 2023 par rapport à la moyenne de 1981–2010. Source: ces résultats sont tirés de la deuxième version de l’analyse rétrospective de l’ère moderne pour la recherche et les applications (MERRA-2) (Gelaro et al., 2017).

Tempêtes majeures en 2023

Asie de l’Est

Entre les mois de mars et mai 2023, l’Asie de l’Est a subi 13 intrusions de poussières de grande intensité. Du 19 au 24 mars, la Mongolie et le nord de la Chine ont été frappés par une énorme tempête de poussière, déclenchée par un cyclone au-dessus de la Mongolie et intensifiée par un vent de surface froid qui a soulevé du sable sur une très grande surface.

La progression de la tempête d’ouest en est a entraîné une propagation rapide du sable et de la poussière à travers la Mongolie et la Chine, jusqu’à atteindre la République de Corée et le Japon. Elle a causé une baisse spectaculaire de la qualité de l’air, avec des concentrations de PM10 (particules d’un diamètre inférieur à 10 µm) dépassant dans certains endroits la barre des 9 000 µg/m3. La visibilité était réduite à moins de 500 m dans certaines parties de Beijing, tandis que les transports et la vie quotidienne ont été fortement perturbés, ce qui montre bien la nécessité de disposer de systèmes d’alerte efficaces.

Sahel et golfe de Guinée

De fortes flambées de poussière persistantes, attribuées aux bourrasques de l’harmattan, ont commencé à l’automne 2023 et se sont répétées tout au long de l’hiver, dégradant la qualité de l’air et réduisant la visibilité.

En décembre 2023, plusieurs flambées de poussière de grande intensité ont touché une vaste région du Maghreb occidental, du Sahel et du golfe de Guinée avant de se propager au-dessus de l’Atlantique.

Caraïbes orientales et nord de l’Amérique du Sud

L’hiver et le début du printemps, de décembre 2023 à avril 2024, ont été marqués par un certain nombre d’intrusions de poussières sahariennes. 

Map showing mean dust surface concentration in Asia for April 11, 2023. High concentrations are indicated in dark brown over parts of China and surrounding regions. Blue 'S' symbols denote simulation data.
Comparaison entre les phénomènes de tempête de sable et de poussière observés et les prévisions d’ensemble de concentrations de poussières en surface (en µg/m3) du Système d’annonce et d’évaluation des tempêtes de sable et de poussière (SDS-WAS) de l’antenne asiatique à 09:00 TUC, le 21 mars 2023. Les symboles bleus indiquent les stations météorologiques ayant enregistré des émissions de poussière.

Poussière et océans

Le tableau n’est toutefois pas complètement sombre.

Le Bulletin de l’OMM cite une étude récente, selon laquelle les dépôts de poussières sahariennes dans les eaux libres de l’Atlantique influencent les populations de bonite à ventre rayé en leur apportant du fer, du phosphore et des éléments favorisant la croissance du phytoplancton. La nouvelle matière organique qui en résulte est transférée d’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire, des petits poissons aux grands prédateurs, ce qui stimule l’ensemble de l’écosystème marin. Le rôle de la poussière est donc important pour la gestion internationale des pêcheries.

Entre les années 1950 et les années 2020, les captures annuelles de bonite à ventre rayé dans l’Atlantique sont passées de moins de 1 000 tonnes à des niveaux moyens de 250 000 tonnes. Au cours des années 1990 et 2000, les captures de cette espèce étaient environ huit fois plus élevées dans l’est de l’Atlantique que dans l’ouest. En effet, au cours de la dernière décennie, les captures dans l’Atlantique Est ont représenté près de 90 % des captures totales dans cet océan, ce qui met en évidence l’importante biomasse de bonite à ventre rayé au large de l’Afrique de l’Ouest, qui prospère grâce à la fertilisation par les poussières.

Le Système d’annonce et d’évaluation des tempêtes de sable et de poussière (SDS-WAS) de l’OMM

Le Bulletin de l’OMM sur les poussières atmosphériques traite des progrès et des défis en matière de prévision des poussières, y compris en ce qui concerne l’assimilation des observations satellitaires et les prévisions saisonnières.

Plus de 25 organisations fournissent actuellement des prévisions quotidiennes sur les poussières, à l’échelle mondiale ou régionale, dans différentes régions géographiques, dont 9 modèles mondiaux et plus de 15 modèles régionaux qui contribuent au SDS-WAS. Celui-ci met en relation des chercheurs et des communautés d’utilisateurs (par exemple dans les domaines de la médecine, de l’aéronautique et de l’agriculture).

Actuellement, il existe trois antennes régionales: l’antenne pour l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe (dont le centre est situé à Barcelone, en Espagne), l’antenne pour l’Asie (dont le centre est situé à Beijing, en Chine), et l’antenne pour les Amériques (dont le centre est situé à Bridgetown, à la Barbade).

En 2023, le SDS-WAS de l’OMM a accueilli une nouvelle antenne régionale, celle du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le centre régional associé, à Djedda, est hébergé par le Centre national de météorologie d’Arabie saoudite. 

L’antenne régionale du CCG a débuté avec six pays de la région (Bahreïn, Arabie saoudite, Koweït, Oman, Qatar et Émirats arabes unis). Elle promeut le renforcement des capacités dans la région en réunissant des experts, des scientifiques et des décideurs politiques autour d’un objectif commun. La promotion de la collaboration régionale permettra d’ouvrir progressivement la voie à des solutions durables et à une meilleure résilience de la région.

WMO Airborne Dust Bulletin Animation - July 2024
Sand and dust storms - 2019

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
  • WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int
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