L'Initiative sur les systèmes d'alerte précoce progresse malgré la pandémie

12 mai 2021

La pandémie de COVID-19 a exacerbé les effets des conditions météorologiques extrêmes et du changement climatique dans les pays vulnérables. Elle a également mis en évidence la nécessité d'accroître la résilience face à une multitude de dangers en améliorant les alertes précoces et les informations sur les risques.

CREWS

Genève, le 11 mai 2021 – La pandémie de COVID-19 a exacerbé les effets des conditions météorologiques extrêmes et du changement climatique dans les pays vulnérables. Elle a également mis en évidence la nécessité d'accroître la résilience face à une multitude de dangers en améliorant les alertes précoces et les informations sur les risques.

C'est l'un des principaux messages du rapport annuel 2020 de l'Initiative sur les systèmes d'alerte précoce aux risques climatiques (CREWS), un programme d'action pour le climat unique, qui contribue à préserver des vies, des moyens de subsistance et des biens dans les pays les plus vulnérables du monde.

Ce rapport, intitulé «Progrès dans l'alerte précoce durant une pandémie», rend compte des résultats obtenus s’agissant de l'amélioration des alertes précoces pour les crues éclair, les cyclones tropicaux, les tempêtes de sable et de poussière et la sécheresse, ainsi que du renforcement des prévisions météorologiques pour les agriculteurs des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID).

Le rapport a été présenté par l’Ambassadeur de France chargé des négociations sur le changement climatique, M. Stéphane Crouzat, lors du Dialogue de Wilton Park axé sur la concrétisation des engagements dans le contexte du Partenariat pour une action rapide tenant compte des risques (REAP).

«Il est enthousiasmant de constater que les initiatives lancées dans le cadre du plan d'action pour le climat parallèlement à l'Accord de Paris, en 2015, contribuent efficacement au redoublement des efforts. L'Initiative CREWS mène, par le biais de ses partenaires opérationnels, 9 projets nationaux et 4 projets régionaux, et couvre 57 pays au total.»

Le rapport décrit la démarche concertée des partenaires d’exécution de l'Initiative CREWS que sont l'Organisation météorologique mondiale, le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR) de la Banque mondiale et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR). Grâce au soutien direct apporté par les Membres de l'Initiative via le fonds d'affectation spéciale dédié, le partenariat constitue une alliance efficace, qui a un effet réel sur l'existence et les moyens de subsistance des populations.

À ce jour, le Fonds d'affectation spéciale CREWS a reçu plus de 66 millions de dollars É.‑U. pour financer des projets, avec une augmentation des versements de 21 % en 2020. Il a par ailleurs mobilisé 330 millions de dollars É.-U. supplémentaires provenant de fonds publics d'autres partenaires pour le développement. Il est nécessaire de lever encore 107 millions de dollars É.-U. supplémentaires pour répondre aux besoins de financement ces cinq prochaines années – des investissements qui porteront leurs fruits et soutiendront le programme mondial de développement durable, de prévention des catastrophes et d'adaptation au changement climatique.

Il est certain que la COVID-19 a eu des répercussions sur les projets CREWS du monde entier, qu'il s'agisse du calendrier et de l'avancement des activités ou du mode d'exécution de celles-ci. Le fonctionnement des institutions nationales a été ralenti. Les restrictions de déplacement ont entravé la prestation de services des partenaires nationaux et internationaux.

Grâce à l’Initiative CREWS, dans les collectivités les plus vulnérables du monde, plus de 10 millions de personnes ont désormais accès à de meilleurs services d’alerte précoce.

  • En Afghanistan, les autorités nationales ont élaboré un plan directeur visant à moderniser les opérations hydrométéorologiques nationales et à renforcer les services d'alerte précoce multidangers, notamment en cas de crues éclair et de sécheresse, pour un public de 38 millions de personnes. Des imprimantes 3D sont utilisées pour construire des stations météorologiques automatiques à destination des localités rurales.
  • Au Burkina Faso, un bulletin sur les tempêtes de sable et de poussière est diffusé quotidiennement. Dans ce pays, qui est l'un des plus touchés au monde par ce phénomène, il permet d'atténuer les répercussions sur la santé, l'agriculture et les transports. Des agriculteurs ont été formés à titre expérimental à utiliser les renseignements sur le climat et les prévisions météorologiques. Ce projet leur a permis de diminuer les coûts de production, d'augmenter leurs rendements et d'enregistrer une hausse de 265 % de leur revenu par rapport aux autres agriculteurs. Cet argent est investi dans l'éducation, les soins de santé et les entreprises.
  • Au Tchad et en République démocratique du Congo, l'Initiative CREWS renforce les capacités nationales de prestation de services d'alerte locaux pour les extrêmes climatiques, hydriques et météorologiques.
  • Au Mali et au Niger, les responsables locaux, en particulier les femmes, ont été formés aux risques climatiques et aux alertes précoces concernant les inondations, les orages et les sécheresses.
  • Au Togo, les services hydrométéorologiques et les organismes de protection civile ont amélioré leur coopération en évaluant conjointement les processus de prévision du temps et du climat et de mise au point des alertes en cas d'inondation.
  • En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Service météorologique et hydrologique national fournit à présent, en temps utile, des données plus précises sur le temps et le climat à la population, et il la protège mieux contre la sécheresse, les inondations et les inondations côtières.

Dans les Caraïbes, près de 30 millions de personnes devraient bénéficier de trois activités pilotes, dont l'élaboration d'un plan opérationnel pour les risques hydrométéorologiques et le passage à des prévisions axées sur les impacts (c'est-à-dire qui renseignent sur ce que le temps FERA plutôt que sur ce qu'il SERA). Il est de plus en plus reconnu que des services climatologiques et d'alerte précoce efficaces permettent d'atteindre de multiples objectifs mondiaux et nationaux.

Dans le Pacifique, une région exposée aux catastrophes et particulièrement vulnérable au changement climatique et à l'élévation du niveau de la mer, un projet régional a permis de renforcer les systèmes d'alerte précoce pour des risques tels que les crues éclair. Les perspectives d’évolution saisonnière du climat donnent à l'avance aux secteurs sensibles au climat des informations qu'ils peuvent exploiter.

En Afrique de l'Ouest, l'Initiative CREWS renforce durablement les capacités régionales d'alerte précoce aux risques climatiques. Elle pilote notamment des services d'alerte locaux en Sierra Leone.

Les Membres de l'Initiative CREWS sont l'Allemagne, l'Australie, la Finlande, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse. Le Canada soutient également les projets CREWS. La Finlande a rejoint l'Initiative en 2020.

Quelques points de vue sur l'Initiative CREWS

Mme Carole Dieschbourg, Ministre de l'environnement, du climat et du développement durable du Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg et Présidente sortante du Comité directeur de l'Initiative CREWS

«On se souviendra de 2020 comme d'une année qui a révélé certaines vérités importantes pour une jeune initiative telle que l'Initiative CREWS, mais ce sont des vérités qui devraient nous encourager. La COVID-19 a eu des répercussions sur nos travaux et sur les échéanciers. Cette situation va perdurer pendant un certain temps encore. L'interdiction mondiale des déplacements a mis à l'épreuve notre modèle économique. Nos partenaires nationaux et régionaux, soutenus par nos partenaires d'exécution que sont le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR) de la Banque mondiale, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR), ont fait preuve de résilience et de créativité pour trouver des solutions permettant de faire face à une nouvelle réalité».

M. Ville Skinnari, Ministre finlandais de la coopération au développement et du commerce extérieur

«Nous apprécions hautement le rôle que joue l'Initiative CREWS pour répondre aux besoins en alertes précoces des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement. Nous devons alléger le fardeau de ceux qui, autrement, auraient du mal à s'adapter et à renforcer leur résistance. La Finlande se félicite de l'approche centrée sur les personnes adoptée par l'Initiative CREWS, car elle accorde une grande importance à l'égalité entre les hommes et les femmes, à la non-discrimination et à l'intégration des handicapés».

Mme Anne-Marie Trevelyan, Membre du Parlement britannique et Défenseure internationale de l’adaptation et de la résilience dans le cadre de la présidence britannique de la COP26

«Les alertes précoces et les actions rapides sont essentielles pour réduire les impacts des phénomènes météorologiques extrêmes d'aujourd'hui et les conséquences du changement climatique de demain. Le Royaume-Uni est fier de contribuer à l'Initiative CREWS, qui a permis d'installer des systèmes d'alerte précoce dans les petits États insulaires vulnérables et les pays les moins avancés».

M. Petteri Taalas, Secrétaire général de l'OMM

«L'une des principales priorités de l’OMM est de combler les insuffisances des PMA et des PEID en matière de capacités pour faire face aux effets du changement climatique. Cette démarche repose sur la coopération technique apportée par les pays qui disposent d'une plus grande capacité en matière de réseaux d'observation, de prévisions du temps et du climat et de services d'alerte précoce. L'Initiative CREWS a permis à l'OMM d'intensifier le soutien apporté aux pays qui en ont le plus besoin, en étroite collaboration avec la Banque mondiale et l'UNDRR».

Mme Mami Mizutori, Sous-Secrétaire générale et Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour la réduction des risques de catastrophe

«Dans le monde d'avant la COVID, les catastrophes coûtaient déjà à l'économie mondiale environ 520 milliards de dollars É.-U. par an et plongeaient des millions de personnes dans la pauvreté. La pandémie réserve un sort bien pire aux personnes vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes. Les alertes précoces sont un élément essentiel de la prévention des catastrophes, mais des systèmes doivent être mis en place pour qu'elles soient efficaces et exploitables.»

M. Sameh Wahba, Directeur du Pôle mondial d’expertise en développement urbain, gestion du risque de catastrophe, résilience et foncier du Groupe de la Banque mondiale

«Les responsables de l'Initiative sur les systèmes d'alerte précoce aux risques climatiques (CREWS) et de la Banque mondiale travaillent de concert pour améliorer la qualité et l'accessibilité des systèmes d'alerte précoce tout au long de la pandémie de COVID-19. Ils ont adapté leurs travaux pour tenir compte des nouveaux défis à relever en matière d'accès aux informations vitales. Malgré la pandémie, nous avons poursuivi sans relâche nos efforts pour étoffer les ressources d'alerte précoce, et les investissements dans ce domaine sont en augmentation.»

crews members

The Climate Risk and Early Warning Systems Initiative (CREWS) - Annual report 2020
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